I. Distribution ; II. Notice ; III. Argument.
OCTAVE
Comme les heures qui s’écoulent, comme le vent qui souffle,
nous s’rons, nous aussi, bientôt partis.
On est qu’des hommes, on arrive à rien par la force.
Personne pleurera sur nous, pas plus sur toi qu’sur moi.
LE BARON
Peut-être que le vin vous rend toujours comme ça ?
C’est sûrement votre corsage qui comprime trop votre petit cœur.
Octave les yeux fermés, ne répond pas. Le Baron se lève et tente de lui délacer son corsage.
Maintenant, c’est moi qui commence à avoir un petit peu chaud.
Se décidant brusquement, il ôte sa perruque et cherche un endroit où la poser. Ce faisant, il voit brusquement apparaître dans l’alcôve une tête qui le regarde fixement. La tête disparaît aussitôt. Il marmonne « une attaque » et tente de calmer ses craintes, mais il doit s’essuyer le front. Puis il voit la soubrette, assise là, à sa merci. Il se sent irrésistiblement attiré et il s’approche d’elle tendrement, puis il lui semble reconnaître à nouveau le visage d’Octave tout près du sien, et il recule d’un bond. Mariandel reste immobile. Il essaye encore une fois de dominer sa peur et sa force à sourire. Au même instant il aperçoit une nouvelle tête dans la muraille, qui le regarde. Cette fois, il est vraiment terrifié, il pousse un cri étranglé et saisit sur la table la sonnette qu’il agite violemment. Brusquement, la fenêtre prétendument murée s’ouvre à toute volée, et Annina, en toilette de deuil, paraît et, tendant le bras, montre le Baron du doigt. Il est éperdu de terreur.
Là et là et là et là !
Il tente de surveiller ses arrières.
ANNINA :
LE BARON
Qu’était-ce donc que cela ?
OCTAVE
se signant
Cette pièce est hantée.
Entre Annina, suivie de Valzacchi qui fait semblant de la retenir, de l’aubergiste et de trois garçons.
ANNINA
avec un accent sudète, mais parlant de façon distinguée
C’est mon mari, je veux qu’il soit saisi en justice !
Dieu m’est témoin, vous m’êtes tous témoins !
La justice ! Les plus hautes instances ! L’impératrice !
doivent me le rendre !
LE BARON
à l’aubergiste
Que me veut donc cette créature, Monsieur l’aubergiste ?
Que me veut cet homme-là et celui-là et celui-là et celui-là ?
Il montre tous les coins de la pièce.
C’est le diable qui fréquente votre maudit salon particulier !
LE BARON
contemplant Annina, stupéfait
Sa figure me dit quelque chose.
Il regarde Octave.
Ils sont tous des sosies, tous autant qu’ils sont.
L’AUBERGISTE
Cette pauvre Madame la Baronne !
QUATRE ENFANTS
Papa ! Papa ! Papa !
ANNINA
Entends-tu la voix de ton propre sang ?
LES QUATRE ENFANTS
Papa ! Papa ! Papa !
LE GARÇON
Cette pauvre dame, cette pauvre Madame la Baronne !
ANNINA
Mes enfants, tendez vos mains vers lui.
LE BARON
chassant les enfants à coups de serviette
Débarrassez-moi de celui-là,
et de celui-là, et de celui-là et de celui-là !
Il frappe dans toutes les directions.
OCTAVE
à Valzacchi
Quelqu’un est-il déjà parti chercher Faninal ?
L’AUBERGISTE
bas au Baron, par-derrière
Sauf votre respect, n’allez pas trop loin,
vous pourriez en subir de fâcheuses conséquences ! Très fâcheuses !
LE BARON
Quoi ? Moi, je subirais quelque chose ? À Cause de cette drôlesse-là ?
Je ne l’ai jamais touchée, pas même avec des pincettes !
Annina hurle.
VALZACCHI
Zé conseille à Votré Grâce d’êtré proudent ;
la police des mœurs n’est pas très tolérante !
L’AUBERGISTE
La bigamie n’est pas une plaisanterie,
c’est un délit grave !
LE BARON
La bigamie ? La police des mœurs ?
imitant les cris des enfants
Papa ! Papa !
Il se prend la tête à deux mains, puis il crie rageusement.
Jetez-moi dehors cet oiseau de malheur ! Oui ? Quoi ? Vous ne voulez pas ?
Quoi ? Police ? Les drôles ne veulent pas ? Est-ce que toute la clique est donc de mèche ?
Sommes-nous en France ? Sommes-nous en Turquie ?
Ou bien dans la capitale impériale ?
Il ouvre la fenêtre qui donne sur la rue.
Police ! Que la police monte ici : il faut rétablir l’ordre dans cette pièce
et vous hâter de secourir une personne de condition ! Police ! Police !
LES ENFANTS
Papa ! Papa ! Papa !
L’AUBERGISTE
Ma respectable demeure ! Quel affront pour ma maison !
Un officier de police entre suivi de deux de ses hommes. Tout le monde s’écarte pour leur laisser le passage
VALZACCHI
à Octave
Oh, mon Dio, qué faut-il faire ?
OCTAVE
à Valzacchi
Remettez-vous en à moi et laissez les choses aller leur train.
LE BARON
au commissaire, avec toute l’autorité d’un homme important
Maintenant, tout est en ordre. Je suis très satisfait de vous.
J’avais bien espéré qu’à Vienne tout serait réglé comme du papier à musique.
d’un ton jovial
Débarrassez-moi de cette racaille. Je veux souper en paix.
LE COMMISAIRE
Qui est ce monsieur ? De quel droit intervient-il ?
Est-ce l’aubergiste ?
Le baron en reste bouche bée.
Alors ayez l’obligeance de vous tenir tranquille
et d’attendre que l’on vous interroge.
Le baron recule, sidéré, et commence à chercher sa perruque, qui a disparu dans le tumulte, sans pouvoir la trouver. Les deux policiers se rangent derrière le commissaire qui s’assoit.
Où est l’aubergiste ?
L’AUBERGISTE
LE COMMISAIRE
La façon dont vous tenez votre auberge ne vous fait guère honneur.
Maintenant faites votre rapport ! Depuis le début !
L’AUBERGISTE
Monsieur le commissaire, Monsieur le Baron —
LE COMMISAIRE
Ce gros balourd, là ? Où a-t-il mis sa perruque ?
LE BARON
qui n’a pas arrêté de la chercher
C’est ce que je vous demande !
L’AUBERGISTE
C’est Monsieur Le Baron de Lerchenau !
LE COMMISAIRE
Cela ne suffit pas.
LE BARON
Quoi ?
LE COMMISAIRE
Avez-vous auprès de vous quelqu’un qui pourra témoigner en votre faveur ?
LE BARON
J’en ai un sous la main ? Là, mon secrétaire, un Italien.
Valzacchi et Octave échangeant un coup d’œil entendu.
VALZACCHI
Zé m’excouse ! Zé né sais rien.
Lé monsieur il est pot-être baron, pot-être pas.
Zé né sais rien.
LE BARON
hors de lui
C’est un peu fort, coquin d’étranger, traître !
Il fonce sur lui, la main levée.
LE COMMISAIRE
Pour commencer, modérez-vous.
Octave qui jusque-là était resté immobile, sur la droite de la scène, se met soudain à courir dans tous les sens, d’un air épouvanté, comme s’il ne trouvait plus la sortie, et il confond la fenêtre avec la porte
OCTAVE
Oh mon Dieu, si la terre pouvait m’engloutir ! Sainte mère de Marie !
LE COMMISAIRE
Qui est cette jeune personne là-bas ?
LE BARON
Elle ? Personne. Elle est sous ma protection !
LE COMMISAIRE
C’est vous-même qui aurez bientôt besoin de protection.
Qui est cette jeune fille, que fait-elle ici ?
LE BARON
C’est Mademoiselle Faninal,
Sophie Anna Barbara, fille légitime
du très noble Monsieur de Faninal,
demeurant à la Cour, dans son propre palais.
Tout le personnel de l’auberge, d’autres clients et les musiciens se sont attroupés près de la porte, en curieux. Faninal, très agité se fraye un chemin à travers la foule, en cape et chapeau.
LE BARON
stupéfait et inquiet
Qui vous a convoqué ici ? Par tous les diables !
FANINAL
au Baron
Pourquoi me posez-vous une question aussi bête, Monsieur mon gendre ?
Alors que vous avez presque fait enfoncer ma porte par votre messager ?
Il fallait que je vienne ici au plus vite
pour vous tirer d’une fâcheuse situation
dans laquelle vous vous étiez mis en toute innocence !
LE COMMISAIRE
Qui est ce Monsieur ? Que fait ce Monsieur avec vous ?
LE BARON
LE COMMISAIRE
Que ce monsieur donne son nom.
FANINAL
Je suis
Le Baron de Faninal.
LE COMMISAIRE
Oui, oui, cela suffit.
Vous reconnaissez, par conséquent,
en ce monsieur-ci votre gendre ?
FANINAL
Évidemment ! Comment Est-ce que je ne le reconnaîtrais pas ?
Parce qu’il n’a pas de cheveux, Peut-être ?
LE COMMISAIRE
au Baron
Et vous reconnaissez aussi désormais en ce monsieur,
pour le meilleur et pour le pire, votre beaupère ?
LE BARON
prend un chandelier sur la table pour éclairer le visage de Faninal
Couçi-couça ! Oui, oui ça m’a l’air d’être lui.
Aujourd’hui je me suis senti très mal toute la soirée.
Aujourd’hui, je ne peux pas me fier à mes yeux. Je dois vous dire,
qu’il y a ici dans l’atmosphère quelque chose dont on pourrait
prendre une attaque.
LE COMMISAIRE
à Faninal
Par ailleurs, niez-vous être le père
de cette fille qui vous a été attribuée verbatim ?
FANINAL
remarquant Octave pour la première fois
Ma fille ?
Cette coquine-là cherche à se faire passer pour ma fille ?
Que ma fille monte ici !
Elle est en bas, dans la chaise. Qu’elle monte immédiatement !
S’en prenant au Baron.
Vous me le paierez cher !
Je vous traînerai en justice !
Le Baron court dans tous les sens, à la recherche de sa perruque ; il se heurte à quelques-uns des enfants qu’il écarte brutalement.
LES ENFANTS
automatiquement
Papa ! Papa ! Papa !
FANINAL reculant
Qu’est-ce donc ?
LE BARON
en cherchant, il trouve son chapeau dont il se sert pour faire taire les enfants
Ce n’est rien, c’est une filouterie ! Je ne connais pas cette racaille !
Elle dit qu’elle m’a épousé.
Je ne me serais pas davantage fourée dans ce guêpier
que Ponce Pilate dans le Credo !
Sophie entre, emmitouflée dans une cape. On lui fait place. On voit sur le seuil des serviteurs de Faninal qui portent la chaise. Tandis que Sophie rejoint son père, Le Baron essaye de dissimuler sa calvitie avec son chapeau.
FANINAL
à Sophie
Regarde autour de toi. Voici Monsieur ton époux !
Et voici la famille de ce joli monsieur !
Sa femme avec ses enfants ! Et cette drôlesse est son épouse de la main gauche.
Ou plutôt, non, ça c’est toi,
selon ses dires.
Tu voudrais rentrer sous terre, hein ? Moi aussi !
DES VOIX ÉTOUFFÉES
Le scandale ! Le scandale pour Monsieur de Faninal !
FANINAL
Là ! Ils sortent de la cave ! De l’air qui nous environne ! Toute la ville de Vienne !
Se ruant sur Le Baron, enserrant les poings.
Oh, espèce de filou ! Je ne me sens pas bien ! Un siège !
Deux de ses serviteurs, confiant les brancards de la chaise à porteurs aux badauds, se précipitent et le rattrapent au vol. Sophie, inquiète, s’affaire auprès de lui. L’aubergiste vient aussi à son secours. On le transporte dans la pièce voisine, avec l’aide de plusieurs garçons qui montrent le chemin et ouvrent la porte. Soudain, Le Baron aperçoit sa perruque qui a reparu, comme par magie. Il la met va l’ajuster devant le miroir. Cette trouvaille lui rend un peu de son assurance, mais il préfère tourner le dos à Annina et aux enfants, dont la présence le met mal à l’aise. On ferme la porte derrière Faninal et sa suite : l’aubergiste et les garçons reparaissent presque aussitôt et courent chercher des potions, des carafes d’eau et autres reconstituants, qu’ils reviennent porter à Sophie qui les attend à la porte de la pièce.
LE BARON
qui a désormais retrouvé toute son assurance, au commissaire
Nous savons d’autant mieux où nous en sommes. Je paie et je file !
à Octave
À présent, je vais vous reconduire chez vous.
OCTAVE
parlé
Monsieur le commissaire, je veux faire une déclaration,
mais Monsieur le Baron ne doit pas l’entendre.
Sur un geste du commissaire, les deux policiers refoulent le Baron tout à fait sur le devant de la scène. Octave dit au commissaire quelque chose qui semble le surprendre énormément. Le commissaire accompagne Octave jusqu’à l’alcôve et Octave disparaît derrière le rideau.
LE BARON
tranquillement, mais d’un ton familier aux policiers, en leur montrant Annina
Je ne connais pas cette drôlesse-là, sur mon honneur.
J’étais simplement en train de dîner !
Le commissaire a l’air de s’amuser et regarde sans la moindre gêne par la fente des rideaux.
Je n’ai aucune idée de ce qu’elle veut. Sans quoi, je n’aurais pas moi-même appelé la police —
Il remarque la mine réjouie du commissaire et il est soudain très frappé par cet incident inexplicable.
Que se passe-t-il donc là-bas ? Ce n’est quand même pas possible ? Le gredin !
Et ça s’appelle la police des mœurs ? C’est une jeune fille ! C’est une jeune fille !
On a du mal à le retenir.
Elle est sous ma protection ! Je proteste !
J’ai mon mot à dire là-dessus !
Le Baron s’arrache aux mains des policiers et se précipite vers le lit. Les deux hommes le rattrapent et le maintiennent. De derrière le rideau on voit apparaître les vêtements de Mariandel, l’un après l’autre. Le commissaire en fait un baluchon. Le Baron, hors de lui, se débat pour essayer d’échapper aux policiers. Lorsque la tête d’Octave apparaît entre les rideaux, ils ont toutes les peines du monde à le retenir.
Je dois immédiatement la rejoindre !
L’AUBERGISTE
entrant en trombe
Son Altesse princière, Madame la Maréchale !
On voit tout d’abord quelques membres de la suite de la Maréchale, puis le serviteur personnel du Baron : on leur fait place. Le Baron s’étant enfin arraché aux mains des policiers, s’essuie le front et se tourne vers la Maréchale qui entre, suivie de son petit page noir qui porte sa traîne.
OCTAVE
passant la tête entre les rideaux
MarieThérèse, comment êtes-vous venue ici ?
La Maréchale, immobile, ne répond pas et regarde autour d’elle d’un air interrogateur.
LE COMMISAIRE
au gardeàvous, à la Princesse
Très Noble Altesse, je me présente très humblement : je suis le commissaire du quartier.
LA MARÉCHALE
au policier, sans faire attention au Baron
Vous me connaissez ? Ne vous connais-je pas aussi ? Il me semble bien.
LE COMMISAIRE
C’est vrai !
LA MARÉCHALE
N’avez-vous pas été l’honnête ordonnance de Monsieur le Maréchal ?
LE COMMISAIRE
À vos ordres, Votre Altesse !
Octave passe une nouvelle fois la tête entre les rideaux. Le baron lui fait désespérément signe de disparaître, en essayant de ne pas se faire remarquer de la Maréchale.
LE BARON
Sacrédié, restez là où vous êtes !
La Princesse va vers la gauche, rejoindre le Baron. Dès que le Baron a tourné le dos, Octave, en costume masculin, sort de l’alcôve. Le Baron, en entendant des pas qui s’approchent de la porte de gauche, s’y précipite et s’y appuie, en essayant vainement d’avoir l’air parfaitement à son aise vis-à-vis de la Princesse, à qui il fait des signes respectueux.
OCTAVE
C’était convenu autrement ! MarieThérèse, je suis surpris !
Comme si elle n’avait pas entendu Octave, la Marécha le regarde fixement le Baron, d’un air courtois, mais interrogateur, et celui-ci, embarrassé au plus haut point, essaie de surveiller en même temps la porte et la Maréchale. La porte finit par s’ouvrira toute volée, malgré les efforts du Baron, et deux serviteurs de Faninal ouvrent un chemin à Sophie.
SOPHIE
sans voir la Maréchale que lui cache le baron
J’ai pour vous un message de Monsieur mon père…
LE BARON
l’interrompant, à mi-voix
Ce n’est pas le moment, par tous les diables !
Ne pouvez-vous pas attendre qu’on vous fasse appeler ?
Voudriez-vous que je vous présentasse ici-même, dans ce troquet ?
OCTAVE
qui s’est doucement approché de la Maréchale
C’est la demoiselle qui à cause de laquelle
LA MARÉCHALE
à Octave, par-dessus son épaule
Je vous trouve un peu trop empressé, Rofrano.
J’ai bien compris qui elle était. Je la trouve charmante.
SOPHIE
appuyée contre la porte, d’un ton si acerbe que le baron recule, sans le vouloir
Vous ne me présenterez à aucune personne au monde,
étant donné que je n’ai plus grand' chose à faire avec vous.
La princesse s’entretient à voix basse avec le commissaire.
Et Monsieur mon père vous fait dire que si vous poussez
jamais l’audace jusqu’à venir montrer votre nez
à moins de cent pas de notre palais,
vous n’aurez qu’à vous en prendre qu’à vous, s’il vous arrive malheur.
Voilà ce que Monsieur mon père m’a chargée de vous dire.
LE BARON
hors de lui, tente de la repousser pour entrer dans la pièce
Hé là,— Faninal, je dois —
LE BARON
hurle derrière la porte
Je consens à pardonner et à oublier
tout ce qui vient de se passer !
LA MARÉCHALE
elle est venue rejoindre le baron lui donne une tape sur l’épaule
N’allez pas chercher plus loin et disparaissez — illico !
LE BARON
se retourne et la regarde, sidéré
Comment donc ?
LA MARÉCHALE
gaiement, d’un ton condescendant
Gardez votre dignité et partez !
LE BARON
stupéfait
Moi ? Quoi ?
Le baron la regarde, muet de saisissement. Sophie revient doucement. Son regard cherche Octave. La Maréchale se tourne vers l’officier de police que se tient à droite avec ses hommes.
Vous voyez, Monsieur le Commissaire,
tout ceci n’était qu’une farce et rien d’autre.
SOPHIE
à part, toute saisie
Tout ceci n’était qu’une farce et rien d’autre.
Les regards des deux femmes se croisent : Sophie fait à la Maréchale une révérence embarrassée.
LE BARON
qui se tient entre Sophie et la Maréchale
Je n’y consens pas du tout !
LA MARÉCHALE
tapant impatiemment du pied
Mon cousin, expliquez-lui !
Elle tourne le dos au Baron.
OCTAVE
s’approchant du Baron par-derrière
Je dois vous en prier !
LE BARON
se retournant brusquement
Qui ? Quoi ?
LA MARÉCHALE
qui est passée à droite
Sa Grâce, Monsieur le Comte Rofrano, qui d’autre ?
LE BARON
après avoir attentivement examiné le visage d’Octave, de tout près, dit d’un ton résigné
C’est donc cela !
J’ai assez vu ce visage-là !
Octave le regarde, d’un air effronté et arrogant
Ce n’est donc pas la faute de mes yeux. C’est bien un homme.
LA MARÉCHALE
se rapprochant d’un pas
C’est une mascarade viennoise et rien d’autre.
LE BARON
qui semble presque étourdi, à part
Aha!
SOPHIE
à part, mi-triste, mi-ironique
C’est une mascarade viennoise et rien d’autre.
LA MARÉCHALE
d’un ton hautain
Je n’aurais pas aimé être à votre place,
si vous aviez débauché ma Mariandel pour de bon.
Le baron continue à réfléchir
J’ai désormais la tête montée contre les hommes —
d’une façon générale !
LE BARON
qui saisit lentement la situation
Sacrédié ! Je ne parviens pas à revenir de ma stupeur !
Le Maréchal — Octave — Mariandel — la Maréchale — Octave —
Son regard pénétrant va de la Maréchale à Octave et d’Octave à la Maréchale.
Je ne sais pas encore ce que je dois penser de tout ce quiproquo.
LA MARÉCHALE
le regarde longuement, puis dit avec la plus parfaite assurance
Je pense que vous êtes un galant homme ?
Alors vous n’en penserez rien du tout.
C’est ce que j’attends de vous.
LE BARON
s’inclinant courtoisement
Je ne peux pas vous dire à quel point je suis charmé par tant de finesse.
Jusqu’ici aucun Lerchenau n’a jamais joué les trouble-fête.
Il se rapproche d’elle.
Je trouve tout ce quiproquo délicieux,
mais j’ai besoin, en retour, de votre protection.
Je consens à pardonner et à oublier
tout ce qui vient de se passer.
Eh bien, dois-je dire à Faninal —
il a un geste vers la porte de gauche.
SOPHIE
à part, tristement
Toutes les choses qui s’y rapportent, sont désormais terminées !
LE BARON
à part, très agité
Sont désormais terminés ! Sont désormais terminés !
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Lundi 9 Décembre, 2024