Caen, mai 2023 —— Alain Lambert

Dernières nouvelles de l’Orchestre régional de Normandie avant fusion ?

L’Orchestre régional de Normandie continue de fêter ses 40 bougies dans les différents lieux où il se produit, en avril au conservatoire de Caen pendant le festival [aspects] avec des compositeurs d’aujourd’hui, et à la Renaissance de Mondeville, son actuel lieu de résidence et de répétition, avec un concerto pour tambours japonais et saxophone soprano. En mai pendant l’animation Tous à l’opéra, au théâtre de Caen pour un hommage quadrivocal à Allain Leprest, ou la veille, avec la Maîtrise de Caen pour un mini opéra de Brecht. Et à Jazz sous les pommiers à Coutances pour le programme Eastwood Symphonique avec le quintet de Kyle Eastwood.

On se demande toujours pourquoi le président de la région Normandie veut fusionner et effacer l’ORN, une structure musicale qui actuellement fonctionne parfaitement sur tout son territoire et au-delà, et dont les finances sont saines, contrairement à l’Opéra de Rouen qui a dû fermer ses portes six semaines en avril et mai. Un projet mégalo-pharaonique qui ressemble au naufrage du Titanic se heurtant à l’iceberg régional ! Il y a eu début avril à Mondeville, où il est en résidence à la Renaissance, une rencontre « citoyenne » avec les élus, son président, des musiciens et des habitants. Mais sans nouvelles vraies réponses… La lettre envoyée à la ministre de la Culture (et publiée par Musicologie.org) n’a pas reçu de réponse non plus. Deux cartes ont été présentées, une des interventions (concerts, animations) de l’ORN avant fusion, soit 300 sur tout le territoire en un an. Et une autre, celle des interventions à venir une fois la fusion réalisée, soit moins d’une centaine en un an.

Si l’on comprend bien, la fusion est reportée de six mois, à l’été 2024 qui verra la première saison de la nouvelle structure, un orchestre symphonique de soixante musiciens centré sur le seul Opéra de Rouen, et dont les anciens musiciens de l’ORN, pris par ces nouveaux programmes, n’auront plus guère de temps à consacrer à d’autres concerts, d’autant que le temps de transport est considéré comme temps de travail, et diminuera encore plus leur disponibilité pour jouer dans leur ancien territoire.

De plus, tous les musiciens de l’ORN sont solistes dans l’ORN, et c’est en tant que tel qu’il faudra les rémunérer dans la nouvelle structure, déjà bien fragile, et qui aura bien du mal à supporter ce surplus financier. L’ambition de la région est-elle déjà de couler le navire symphonique à venir ? C’est une des raisons qui a fait échouer la seule tentative de fusion menée jusqu’ici par la région Bourgogne en 2018 (voir l’article de l’Est Républicain du 10 février 2018).

Autre problème, la saison 2024-25 de l’ORN va se construire dans les mois à venir dans l’incertitude la plus totale puisque son directeur risque de partir à la conclusion du processus de fusion, et rien ne garantit que le programme proposé aux théâtres et salles de spectacle pourra être confirmé. On imagine mal le déficit brutal que la fusion toujours prévue aura comme conséquences sur la programmation de ces lieux, et d’autres dans la région.

Quant à remplacer par des structures musicales privées les interventions actuelles des salariés de l’ORN sur son territoire, le coût pour les collectivités sera énorme, multiplié par cinq ou six, et réduira forcément les concerts de ce style à l’avenir.

En attendant une nouvelle saison est prête à démarrer à la rentrés de septembre, avec plein de nouveaux projets, comme depuis 40 ans.

Alain Lambert
mai 2023
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Voir égalemement : L’Orchestre régional de Normandie dans l’incertitude à l’aube de ses 40 ans

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bouquetin

Mardi 30 Mai, 2023 22:54