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Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte —— La musique instrumentale de Beethoven à Schubert.

Ludwig van Beethoven

La symphonie no 4, opus 60, de Ludwig van Beethoven

Les symphonies : no 1, en ut majeur, opus 21 ; no 2, en majeur, opus 36 ; no 3, « héroïque », en mi bémol majeur, opus 55 ; no 4, en si bémol majeur, opus 60 ; no 5, en ut mineur, opus 67 ; no 6, en fa majeur, « Pastorale », opus 68 ; no 7, en la majeur, opus 92 ; no 8, en fa majeur, opus 93 ; no 9, en mineur, opus 125.

Symphonie no 4, en si♭majeur, opus 60, 1. Adagio, Allegro vivace, 2. Adagio, 3. Allegro Vivace, 4. Allegro ma non troppo, composée en 1806, première audition 5 mars 1807, chez le prince Lobkowitz, sous la direction du compositeur, création publique 15 novembre 1807, sous la direction du copmpositeur, Hoftheater Wien, dédicace au comte Franz von Oppersdorff.

« Une svelte jeune fille grecque entre deux géants nordiques », disait Schumann de cette magnifique symphonie composée pendant l’été de 1806, dont le seul handicap est en effet de se situer entre les assauts héroïques de la grandiose troisième et l’agitation volcanique de la formidable cinquième. Bondissante et vigoureuse, elle est aussi l’une des moins vastes des neuf ; son allegro conclusif, en particulier, est le plus court final de Beethoven, et ce « dernier tour de danse volubile », remarquable par sa légèreté et son impulsion motrice, n’a rien d’un aboutissement amenant la résolution des conflits thématiques ou harmoniques accumulés en amont. En fait, « c’est une œuvre ardente, heureuse, lyrique, amoureuse, chérie des vrais beethovéniens parce que la structure du temps se révèle « psychologiquement » bien plus riche que celle du temps mesuré objectivement. Jamais auparavant matériau musical ne s’est développé avec un tel plaisir de vivre, dégageant autant de force et d’insouciance. La quatrième symphonie est, comme l’a dit Igor Markevitch, une exploitation monumentale du détaché, où Beethoven explore génialement toutes les fonctions possibles du staccato, de la pulsation soulignant sans cesse, par sa sécheresse même, la continuité paradoxale de la cantilène. »222

On aurait donc tort de voir dans cette œuvre, comme c’est trop souvent le cas, un temps de repos entre deux symphonies beaucoup plus ambitieuses. Mêlant vivacité et sensibilité, riche de nombreuses innovations, elle a tout d’une grande. Qu’on écoute par exemple la façon dont est préparée l’explosion de l’allegro vivace initial, avec cette longue introduction lente qui, en estompant les rapports de tonalités, augmente considérablement l’attente de l’auditeur. Qu’on écoute également l’admirable adagio, qui mélange des motifs ostinatos pointés avec des phrases mélodiques merveilleusement fluides, et l’on comprendra l’enthousiasme d’un Berlioz qui déclarait : « Ce mouvement surpasse tout ce que l’imagination la plus brûlante pourra jamais rêver de tendresse et de pure volupté ». Et, avant de laisser place aux tournoiements du finale déjà évoqué, le troisième mouvement allegro vivace (en réalité un double scherzo avec ses deux trios) apporte lui aussi son lot de surprises, notamment par une rythmique jouant sur l’équivoque binaire / ternaire.

Ludwig van Beethoven, Symphonie no 4, en si♭majeur, opus 60, par le New York Philharmonic, sous la direction de Bruno Walter (1952).

 

plumeMichel Rusquet
27 décembre 2019

© musicologie.org

Notes

222. Szersnovicz Patrick, dans « Le Monde de la musique » (270), novembre 2002.

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