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6 janvier 2019 —— Jean-Luc Vannier.

Elégants madrigaux signés de Rore, Luzzaschi, Gesualdo et Monteverdi par les Profeti della Quinta

Amor, fortuna e morte, Madrigals by de Rore, Luzzaschi, Gesualdo & Monteverdi, Profeti della Quinta : Doron Schleifer, Roman Melish, Lior Leibovici, Dan Dunkelblum, Elam Rotem, Ori Harmelin (lute and archlute). Pan Classics, January 2019 (PC 10396).

Amor, fortuna e morte, Madrigals by de Rore, Luzzaschi, Gesualdo & Monteverdi, Profeti della Quinta : Doron Schleifer, Roman Melish, Lior Leibovici, Dan Dunkelblum, Elam Rotem, Ori Harmelin (lute and archlute). Pan Classics, January 2019 (PC 10396).

Nous les avions rencontrés et entendus dans un registre à la fois proche et différent. En novembre 2014, au Théâtre des Variétés de Monte-Carlo, les cinq Profeti della Quinta interprétaient les Psaumes hébraïques du violoniste et compositeur Salomone Rossi (1570 ?, 1630 ?) exempté par un décret spécial du Duc de Mantoue de l'infamante obligation du porter la distinctive rouelle orangée des Juifs.

Légèrement modifié — le contre-ténor Roman Melish a remplacé David Feldman — l’Ensemble sis à Bâle comprend toujours Doron Schleifer (contre-ténor), Lior Leibovici et Dan Dunkelblum pour les ténors, Elam Rotem pour la basse et la direction musicale ainsi que le spécialiste du luth de la Renaissance Ori Harmelin. Paru chez Panclassics,  leur nouvel album « Amor, Fortuna et Morte » rassemble cette fois-ci une élégante série de madrigaux italiens de la Renaissance et dont l’histoire des compositeurs illustre celle de l’époque elle-même : élève d’Adrien  Willaert (vers 1480-1562) un flamand de naissance mais parisien d’éducation et qui fut perçu comme l’un des doyens des madrigalistes en expérimentant les nouvelles sources du chromatisme, Cipriano de Rore (mort en septembre 1565) nous est ainsi présenté au travers de la superbe mise en musique des textes de Pétrarque (1304-1374) comme en témoigne le « Datemi pace ». Les thèmes, si caractéristiques chez l’auteur des Trionfi, de l’amour, du destin et de la mort, ont ainsi inspiré le titre de cet enregistrement.

I Profeti della Quinta. Photographie © Mel et Lac.I Profeti della Quinta. Photographie © Mel et Lac.

Dans « Tu ribello d’Amor », mais davantage encore dans « Ahi, cruda sorte mia », Luzzasco Luzzaschi (1547-1607), fervent admirateur et élève de de Rore, accentue la charge émotionnelle par l’exploitation des artifices chromatiques tout comme Carlo Gesualdo (1561-1613) va encore plus loin dans le franchissement des frontières de la dissonance — des « extravagances musicales » selon plusieurs théoriciens de l’époque ! — dans son « Occhi, del mio cor vita ». L’album nous fait en outre découvrir de Scipione Lacorcia (1585-1620) un « Ahi, tu piangi mia vita » d’une étonnante — et sans doute déroutante pour le siècle — modernité.

Toutefois, c’est l’admirable interprétation du « Lamento della ninfa » de Claudio Monteverdi qui suscite sans réserve notre enthousiasme : le surgissement du « Amor…dove, dov’è la fé », plaintif et langoureux à souhait, illustre cette capacité des passagi, ces ornements expressifs à même de faire valoir, en toute liberté, la virtuosité et l’émotion du chanteur.

Bienvenus sont par surcroît les quatre intermèdes purement instrumentaux, subtilement arrangés par Ori Harmelin dont une remarquable Toccata sesta de Giovanni Girolamo Kapsberger.

6 janvier 2019
Jean-Luc Vannier


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Mercredi 9 Décembre, 2020

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