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musicologie

Saint-Leu-la-Forêt, 14 janvier 2017, par Frédéric Norac ——

Musica femina : Isadora, Wanda, et quelques autres à Saint-Leu

Isadora Duncan au théâtre Dionysos d'Athènes en 1903.Isadora Duncan au théâtre Dionysos d'Athènes en 1903.

En ouverture de sa 14e édition intitulée « Musica femina » et consacrée aux femmes et à la musique, le festival l'Hiver musical de Saint-Leu proposait en création, un concert-spectacle dédié à Isadora Duncan, la grande danseuse américaine aux sources du renouveau de la danse du xxe siècle.

Il s'agit en fait d'une évocation de sa vie et de sa carrière, basée sur un film dans lequel viennent s'intercaler des extraits musicaux « live » — essentiellement de musique de chambre — interprétés par l'ensemble Calliopée en formation de quintette à cordes avec piano. La proposition est certes de bonne tenue mais un peu sage et linéaire. Il n'y a guère d'interactivité entre ce qui se passe sur l'écran et la musique elle-même, sinon un lien purement illustratif. Surtout,  il manque, s'agissant de danse, d'un élément essentiel, le mouvement. Les photos et images d'époque (fixes évidemment), les quelques brèves « rotoscopies » réalisées à partir de dessins d'artistes (Bourdelle, Jules Grandjouan, José Clara) réinterprétées par la chorégraphe Elisabeth Schwartz, auteur du scénario, tout cela est certes bien documenté, sérieux mais un peu sage. Le récit à la première personne, extrait ou adapté de l'autobiographie de la danseuse1 (le programme ne le dit pas) est assumé avec finesse et grâce par la voix de Clotilde Couraud mais finit par ronronner un peu. L'ensemble constitue un documentaire dont le mérite principal est finalement de piquer la curiosité et de donner envie d'en savoir plus.

S'agissant d'une figure passionnée comme Isadora Duncan, au tempérament fougueux, au destin glorieux et tragique, aux engagements inattendus et non conformistes, au caractère bien trempé, l'ensemble parait paradoxalement un peu sage et lisse.

De la partie musicale, on retiendra la belle cohérence de l'ensemble dans un répertoire essentiellement romantique et postromantique  (Chopin, Brahms, Dvorak, Schubert, Schumann, etc.) et la musique française du tournant du siècle (Debussy, Franck, Fauré) — n'était la brève mais très intéressante pièce  de Betsy Jolas « Frauenliebe » pour alto et piano. Quitte à passer pour un peu pédant, on se permettra de signaler au concepteur que si Isadora a jamais dansé sur Wagner, c'était bien sûr la bacchanale de Tannhäuser et à Bayreuth, s'il vous plait. Également qu'il eut été plus conforme à l'esprit de cette grande figure du geste et de l'âme de terminer non sur une citation verbale mais sur un grand élan musical.

Le prochain spectacle du festival, le 28 janvier, sera consacré à Wanda Landowska, ancienne habitante de Saint-Leu où se trouvent encore sa maison et l'auditorium qu'elle y avait fait construire et auquel une association tente depuis plusieurs années de convaincre la municipalité de s'intéresser.

Jusqu'au 19 mars, le festival propose de nombreux concerts, animations, expositions, sur place et dans les villes avoisinantes, Saint-Prix et Bessancourt.

Tous les détails sur le site du festival https://www.hivermusical.org/

Frédéric Norac
17 janvier 2017

1. Ma Vie, Gallimard Folio (première parution en 1928)

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