Photographie © D.R.
Fantasia de Walt Disney, demeure une référence culturelle solidement ancrée dans l'imaginaire. Des tout-petits comme des plus grands. Preuve en est : dimanche 8 janvier, le Grimaldi Forum avait exceptionnellement dû ouvrir à la location ses deux balcons supérieurs afin de répondre à la demande du public : l'orchestre philharmonique de Monte-Carlo dirigé par Kazuki Yamada, lui proposait dans le cadre du « ciné-concert », des extraits des films 1940 et 2000 de la plus célèbre animation des studios Disney. Un mariage resté à jamais inégalé des images et de la couleur avec les plus grandes œuvres orchestrales : Ludwig van Beethoven (extrait du 1er mouvement de la symphonie no 5 et extraits des mouvements 3, 4 et 5 de la symphonie no 6 dite « Pastorale »), la suite Casse-Noisette de Piotr Ilitch Tchaïkovski que nous venions d'entendre dans une double version classique et jazz au Staatsoper de Berlin, la désopilante — et critique acerbe de la société consumériste américaine — Rhapsody in Blue de George Gershwin magnifiquement accompagnée au piano par Maki Miura-Belkin et, pour clore cette première partie, le Bumble Boogie de Rimsky-Korsakov / Jack Fina. Comment ne pas retrouver ensuite le bonheur de La Danse des Heures d'Amilcare Ponchielli (1834-1886) avec les évolutions chorégraphiques des plus délicieuses obésités, le Pomp and Circumstance no 1 de Sir Edward Elgar qui reprend l'épisode de l'Arche de Noé et du Déluge de la Genèse sur fond — audacieux — de romance entre Donald et Daisy, l'inévitable L'Apprenti sorcier sur l'ensorcelante mélodie de Paul Dukas, Les Pins de Rome d'Ottorino Respighi (avec une relation aux images arctiques certes plus énigmatiques) que l'orchestre philharmonique de Monte-Carlo nous avait déjà permis d'entendre en septembre 2015 ? Et, dans un « bis annoncé » sur le programme, le Finale du Le Carnaval des Animaux de Camille Saint-Saëns.
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Saluons cette performance comme il se doit : Kazuki Yamada n'a pas démérité pour diriger une phalange monégasque grand format (95 musiciens) et réussir une synchronisation des images avec la musique. Défi sans doute plus redoutable que celui de diriger un plateau d'opéra où il reste toujours loisible de ralentir ou d'accélérer le tempo. Ajustement impossible une fois la projection cinématographique lancée. Le directeur artistique et musical disposait pour ce faire d'un prompteur où défilaient les images mais aussi le marquage des tempi ainsi que, selon un technicien, d'une oreillette diffusant un battement métronomique. Tout cet attirail technologique aurait pu, par surcroît, peser et avoir une incidence néfaste sur la qualité de l'interprétation. Bien au contraire, la panoplie gestuelle étendue de Kazuki Yamada — attaques incisives, impulsions énergiques, swing du déhanchement — aura accompli des merveilles sur les musiciens de l'orchestre philharmonique de Monte-Carlo visiblement en osmose avec leur chef et qui ont « accouché » de sonorités lumineuses, éclatantes, enrichies de mille nuances. De ces morceaux si souvent auditionnés, Kazuki Yamada et l'orchestre philharmonique de Monte-Carlo n'ont pas seulement procédé à un heureux dépoussiérage. Cette collaboration, marquée d'ailleurs par un hommage des instrumentistes à leur maestro lors des salutations, aura permis de réinsuffler de la vivacité, de la brillance mais aussi de rehausser la substance et le message symboliques de toutes ces partitions.
Monaco, le 9 janvier 2017
Jean-Luc Vannier
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