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Sophie Koch et Michel Plasson magnifient un Esprit français à l'Orchestre philharmonique de Monte-Carlo

Sophie Koch Sophie Koch. Photographie © Patrick Nin.

Après le concert intitulé Féérie, la thématique choisie vendredi 16 décembre par le Directeur artistique et musical de l'orchestre philharmonique de Monte-Carlo Kazuki Yamada, mettait en exergue un Esprit français avec un programme d'une exceptionnelle richesse. Dédiée exclusivement aux compositeurs de l'Hexagone, cette ambitieuse soirée dont la première partie confiait l'interprétation vocale à la mezzo-soprano Sophie Koch, fut conduite par le chef Michel Plasson : le prélude du 3e acte de Werther de Jules Massenet avec les deux airs, « des Lettres » et « des Larmes » — presque comme Du Bellay — de Charlotte, puis, de La damnation de Faust d'Hector Berlioz, la romance de Marguerite « D'amour l'ardente flamme », le « Menuet des Follets » sur lequel la phalange monégasque enchaînait avec le monologue et l'air de Didon « Ah ! Je vais mourir…Adieu fière cité » extrait de Les Troyens à Carthage dont c'était la première exécution à Monaco. Et, enfin, tiré de Le Roi d'Ys d'Édouard Lalo, l'air de Margared « Lorsque je t'ai vu soudain… », également une première sur le Rocher. L'entracte permettait à peine de souffler que s'élançait le rythme effréné des Suites 1 et 2 de L'Arlésienne de Georges Bizet pour in fine s'extasier avec la — plus méditative  — suite Ma mère l'Oye de Maurice Ravel.

La performance vocale de Sophie Koch fut techniquement irréprochable : aigus, médiums, graves, la mezzo-soprano développe ces trois registres avec assurance, stabilité et un certain éclat. Mais, étrangement, il lui aura manqué cette expressivité, cette dimension affective dont nous la savons néanmoins des plus capables. Que s'est-il passé ? Alors qu'elle s'aidait des partitions à la répétition générale, Sophie Koch a souhaité chanter par cœur. Etait-ce par ailleurs la déception de trouver, hélas, un auditorium Rainier III à moitié vide ? Lui était-il malaisé de passer de Massenet à Berlioz et Lalo en quelques secondes et ce, sans interlude musical conséquent ? Toujours est-il que sa ligne de chant fut, selon nous, trop monolithe, trop rare en couleurs et ce, malgré d'indéniables prouesses techniques. Beau mais d'une beauté un peu froide. Comme un refuge, une protection. Grand moment orchestral en revanche, le « Menuet des Follets » — l'invocation de Méphistophélès — dû à la nouvelle disposition des pupitres des bois souhaitée — et obtenue — par Michel Plasson : rehaussement visible de l'estrade où les flûtes côtoient désormais les hautbois et les clarinettes les bassons. 

Michel PlassonPhotographie © D. R.

Cette forme de tension qui n'épargna d'ailleurs pas complètement la phalange monégasque en première partie, disparut, tout aussi énigmatiquement, dans la seconde. L'exécution de L'Arlésienne souleva une véritable ovation au point que le maestro se déplaça au sein des pupitres pour saluer plusieurs des instrumentistes. Sans doute eût-il été, là aussi, plus judicieux de débuter la deuxième partie par la « Suite » de Ravel avec ses accents empreints de sérénité contemplative et ses tonalités plus lumineuses, notamment celles du « Jardin féérique » en comparaison de la célébrissime tonitruance de la « Marche des Rois » et de la « Danse du cheval fou ».

À l'issue et sous les ovations, Michel Plasson prît la parole pour saluer le départ à la retraite de deux musiciens de l'orchestre : l'altiste Pierrette Guimas (depuis 1981 à Monaco) et le clarinettiste Jean-Louis Dedieu. « Ce sont toujours des moments importants de rupture dans un orchestre » a souligné l'ancien Directeur de l'Orchestre du Capitole de Toulouse. Avant d'ajouter : « La musique, c'est essentiel à la vie ». « Quand on a, comme à Monaco, un bel orchestre philharmonique, il faut le soutenir ». Un appel indirect à mieux coordonner les nombreux événements culturels en Principauté afin d'éviter, chose incompréhensible pour une telle affiche, une salle à moitié remplie. Et le maestro de lancer en l'honneur des deux instrumentistes une version orchestrée du Piccadilly d'Erik Satie sur laquelle ces derniers exécutèrent quelques pas de danse devant une foule conquise.

Monaco, le 17 décembre 2016
Jean-Luc Vannier
© musicologie.org


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Jeudi 4 Juillet, 2024 14:15