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23 mai 2020 —— Jean-Marc Warszawski.

Louis Couperin dans les cordes des Coloquintes

Couperin en tête à tête, Duo Coloquintes : Alice Julien-Laferrière (violon), Mathilde Vialle (viole de gambe), œuvres de Louis Couperin, Dubuisson et anonyme, arrangées pour viole de gambe et violon. Seulétoile 2020. (SEC 01).

Issue d’une famille musicienne ancrée à Montreuil, Alice Julien-Laferrière achève ses cursus de piano et de violon au conservatoire de sa ville natale, passe à celui Saint-Maur-des-Fossés, puis entre pour le violon baroque au Conservatoire national supérieur de Lyon.

Mathilde Vialle commence très jeune le piano, puis opte pour la viole de gambe, quelle étudie au Conservatoire de Bordeaux, puis à celui de Poitiers, avant d’intégrer le Conservatoire national supérieur de Lyon, puis le Conservatoire royal de La Haye.

Toutes deux se produisent dans diverses formations baroques et se retrouvent dans le duo Coloquintes, aux programmes originaux, qu’elles forment depuis leurs années lyonnaises, aussi dans l’ensemble Artifices aux programmes encore plus originaux.

Après un cédé consacré aux  œuvres de Johann Froberger, salué et distingué par la presse spécialisée, elles en remettent une couche avec Louis Couperin, l’un des trois frères qui marquèrent l’arrivée de la célèbre dynastie musicienne à Paris. Dynastie de clavecinistes-organistes et compositeurs, dont l’activité fut contemporaine à celle des Bach de Thuringe et Saxe.

Louis Couperin a surtout laissé des œuvres pour clavecin et orgue, collationnées dans quelques manuscrits, dont le « manuscrit de Bauyn », conservé à la bibliothèque de France, édité en fac-similé voici une dizaine d’années sous la direction de Bertrand Porot par les éditions Fuzeau, un manuscrit conservé à la bibliothèque musicale de Berckeley, et le « manuscrit Guy Oldham », conservé à Londres.

Beaucoup d’œuvres de clavecin, un peu moins d’orgue, quatre fantaisies à cinq, pratiquement rien pour la viole, alors que Louis Couperin fut engagé comme violiste  dans l’ordinaire de la chambre du roi.

Pas de quoi constituer un programme. Les deux coloquintes ont donc procédé comme avec leur précédent cédé, elles, elles ont arrangé, pour leurs deux instruments, avec témérité, des pièces composées pour le clavecin.

Nous regrettons que le livret, audacieux d’érudition et de conceptualisation, n'aille aps au-delà de justifications (historiques)  à tout et tout, qu'il ne s’ancre pas sur de vraies problématiques. On nous dit qu'après avoir visité les œuvres de Froberger on ne peut qu'aller voir du côté de Louis Couperin (on se demande tout de même pourquoi), qu’il s’agit d’imaginer ce que rendrait une réunion d’amis genre Froberger, Blancrocher, Dubuisson, Couperin… Or l’histoire ne justifie rien et on ne peut la justifier. De plus elle se construit par des faits avérés, pas avec du probable ou de l’imaginé, surtout, on n epeut la reconstruire. La vraie question est en fait celle des arrangements qui ne nous semblent pas très évidents à réaliser, et dont le livret ne dit mot.

En réalité, les deux musiciennes font ce qu’il faut faire, c’est-à-dire ce qu’elles ont envie d’entendre et d’arranger. L’instrumentiste est aussi un créateur, qui n'est pas soumis au génie des compositeurs, il n'est pas leur exécutant mais leur interprète, il n'est pas chargé de nous raconter l'histoire comme un gardien de musée. La seule justification est le résultat, qui est ici un fort bon et beau récital de musique.

1-5. Louis Couperin, Suite en , Fantaisie pour les violes, Allemande, Courante, Sarabande, Canaries.

6-10, Louis Couperin, Suite en sol, Prélude, Entrée, Sarabande, Fantaisie, Duo.

11-15, Louis Couperin, Suite en la, Simphonie, La Piémontaise, Sarabande, Gavotte, Menuet du Poitou.

16-20, Dubuisson [Jean Laquemant ?], Pièces de viole en , Prélude, Allemande, Courante, Sarabande, Gigue

21-25. Louis couperin, Suite en do, Fantaisie, Le Moutier, allemande, Gavotte, Menuet, Rigaudon

26-28. Anonyme, Suite en sol, La Saint-Aignant, Passepieds, Menuets.

29-36, Louis Couperin, Pièces en , Ad Coenam Agni Providi, Fantaisie pour les violes, Sarabande en Canon, Volte, Pièces de trois sortes de mouvemens, La Pastourelle, Gavotte, Chaconne

37, Fantaisie de Nicolas Métru.

 

 Jean-Marc Warszawski
23 mai
2020

© musicologie.org


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