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21 août 2020 —— Jean-Marc Warszawski.

Le pianiste Didier Castel-Jacomin et les autres

Triptiek rondom de Piano, Museum Ursulinenconvent, Eijsden, 14-15 août 2020.

Eijsden, 14-15 août 2020, Didier Castell-Jacomin. Photographie © Raoul Limpens

Le pianiste Didier Castel-Jacomin, Niçois des Pays-Bas, passé par le Conservatoire de Nice, la Bretagne, la faculté de droit de l’Université d’Aix-Marseille tout en restant musicien et peu avocat, ce qui plaide en sa faveur, l’Académie du mozartien Fausto Zadra (le Centre international d'études musicales de Pully en Suisse), passé également par quelques belles salles du Carnegie Hall de New York au Concertbouw d’Amsterdam, par une petite dizaine d’enregistrements discographiques Mozart au centre, aime réunir, de loin en loin,  quelques amis autour d’un piano pour une série de quelques concerts.

Après avoir squatté le Grand Théâtre de Maastricht, il a jeté son dévolu sur l’ancien couvent des Ursulines de Eijsden, une commune du Limburg de 4 500 habitants, sur les bords de la Meuse, à la Frontière belge.  La vaste chapelle, de cet ancien couvent et ancienne école, transformé en musée, est un lieu idéal pour la musique de chambre.

Trois concerts y ont été donnés, samedi 14 et dimanche 15 août,  dans un répertoire varié et plutôt dynamique, mêlant des pièces demandant une certaine attention à d’autres, plus divertissantes, plutôt xixe siècle, peu avant, peu après, qui ont mis à contribution, outre le maître des cérémonies, le jeune pianiste Tobias Borsboom et le moins jeune Ashot Khachatourian, la violoniste Elena Lavrenova, le violoncelliste Dimitri Maslennikov, et le quatuor Eurasia, très apprécié dans le Limburg (Maastricht, Kerkraden, Heerlen…), avec d’aigu à grave, Asia Csaj, Egle Kaunietyte, Ekaterina Degtiareva, Stanislav Degtyarev.

Eijsden, 14-15 août 2020, Tobias Borsboom. Photographie © Raoul Limpens

Nous retenons de ces deux journées une impression à la fois de très haute tenue musicale et bon enfant, le beau son clair et précis de Tobias Borsboom, notamment dans des pièces de Claude Debussy (Clair de Lune, Feux d’artifice), le son méticuleux, les pianissimos parfaits du quatuor Eurasia, dans les magnifiques et tristes Crisentemi (Les chrysanthèmes), de Giacomo Puccini, composées à la mémoire du duc Amadéo de Savoie, avant d’intégrer l’opéra pour accompagner la mort de Manon Lescaut, et une version d’une pureté de cristal, très élégiaque, d’Oblivion d’Astor Piazzolla, la brillante interprétation d’Ashot Khachatourian de la fantaisie impromptue opus 66 de Frédéric Chopin, celle tout aussi brillante et engagée du Prélude et allegro de Fritz Kressler sur un thème de Pugnani par Elena Lavrenova, le beau son et l'expressivité de Dimitri Maslennikov, notamment dans le 3e mouvement de la sonate opus 19 de Sergueï Rachmaninov.

Eijsden, 14-15 août 2020, Elena Lavrenova et Ashot Khachatourian. Photographie © Raoul Limpens

Nous avons souris à L’apprenti sorcier de Paul Dukas (Tobias Borsboom), encore plus souris à la cinquième Danse hongroise de Johannes Brahms à quatre mains (Ashot Khachatourian et Didier Castell-Jacomin), nous avons frappé des mains sur la Czardas de Vittorio Monti (Elena Lavrenova et Ashot Khachatourian), et nous nous sommes retenu de pouffer à l’extraordinaire interprétation des variations de Paganini sur un thème de l’opéra Moïse de Rossini (Mosè-fantasia) par Dimitri Maslennikov (Ashot Khachatourian au piano), qui fait de cette œuvre, à la virtuosité débridée, une bouffonnerie hilarante, en poussant en fait la virtuosité à des limites qui en dévoilent la gratuité et l’épate. Il est difficile après de ne pas sourire aux interprétations sérieuses et amidonnées des plus grands comme André Navara ou Paul Tortelier (voir YouTube)… Mais ne dérangeons pas les Dieux.

Eijsden, 14-15 août 2020, Dimitri Maslennikov. Photographie © Raoul Limpens

Le moment privilégié a été pour nous le concerto pour piano K 488 (no 23) de Mozart, dans une réduction de l’orchestre pour quintette à cordes (ça marche très bien avec quatuor, sans la contrebasse) réalisée par Ignaz Lachner dans les années 1880, interprété par Didier Castell-Jacomin et le quatuor Eurasia. Une merveille, et dans cette merveille, l’adagio central.

Une œuvre qui plaît particulièrament à Didier Castell-Jacomin. Il l'a enregistrée, ainsi que le concerto no 8 (même arrangement) et des extraits de la Flûte enhantée (arrangement anonyme), avec le Vienna Chamber Symphonie Quintet (Naxos 2019).

Nous espérons avoir un souvenir sonore et visuel de ses deux journées, l’ingéson Antoine Masson étant venu spécialement de Normandie avec du matériel lourd pour en dérober sons et images.

Eijsden, 14-15 août 2020, le quatuor Eurasia et Didier Castell-Jacomin. Photographie © musicologie.og.

 Jean-Marc Warszawski
21 août 2020
© musicologie.org


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Vendredi 21 Août, 2020 17:28