Cette « esquisse » autobiographique de Sigismund Neukomm a été communiquée par son frère Antoine, organiste à Rouen, à la rédaction de « La Maîtrise », journal de musique religieuse dirigé par J. d'Ortigue. Elle a été publiée en 3 livraisons dans les numéros datés du 5 novembre 1858 ; 15 décembre 1858, et 5 mars 1859, que nous reproduisons ici. Un tiré-à-part, conservé à la BnF site Tolbiac sous la cote MP 3523 semble être un document unique. Assez abîmé, quelques lignes sont illisibles en haut de certaines pages en raison d'une mauvaise impression.
Nous devons la communication de cette autobiographie du célèbre M. S. Neukomm, à l'obligeance de d'Antoine Neukomm, son frère, qui est lui-même un connaisseur et un artiste des plus distingués. Nos lecteurs liront certainement avec intérêt les détails d'une vie que la pratique de la musique religieuse a presque entièrement remplie. Nous donnons cette biographie telle qu'elle nous a été donnée à nous-mêmes, religieusement transcrite de la main de Mme A. Neukomm. Nous y laissons subsister d'assez nombreux germanismes qu'il ne faudra pas s'étonner de rencontrer sous la plume d'un homme plus familiarisé avec la langue de conversation et de salon qu'avec la langue écrite. Nous respectons également des «admirations» que le vénérable patriarche de l'art, aux mœurs si simples et si douces, professait pour certaines notabilités qui sont tout à fait en dehors du domaine musical, et dont l'expression lui était dictée par un noble sentiment de reconnaissance. Du reste, le Catalogue dont il va être question dès la seconde colonne, nous fournira quelques notes intéressantes relatives à certains détails sur lesquels l'écrivain passe peut-étre un peu trop rapidement
J. n O...
Je suis né à Salzbourg (Autriche), le 10 juillet 1778, et je fus baptisé sous le nom de Sigismond. Je fus l'aîné d'une nombreuse famille.
Sans être un prodige, comme l'immortel Mozart, qui , comme moi, était né à Salzbourg, et dans une maison visà-vis de la nôtre, mes dispositions étaient précoces ; elles se développèrent rapidement, grâce aux soins de mon père qui était professeur à l'école normale, et qui possédait des connaissances très-étendues. Il était surtout helléniste distingué. Je savais lire couramment avant quatre ans ; à cinq, mon écriture était assez correcte, et avant sept, je commençais la musique sous la direction de Weissaner, organiste de la cathédrale, homme d'un grand savoir. Il me trouva bientôt capable de le remplacer dans quelques-unes des fonctions dont il était chargé. Plus tard, Michel Haydn, organiste de la cathédrale et maître de chapelle, qui m'eneignait l'harmonie, me confia également une partie de ses fonctions à la cathédrale et dans quelques églises dont il était également organiste.
Je commençai mes études à l'université de Salzbourg, à l'âge de huit ans, et je terminai à dix-huit ma philosophie et les mathématiques. J'avais à peine seize ans que je fus nommé organiste titulaire de l'église de l'université, aux appointements de 52 florins par an. Peu de temps après, je fus attaché au théâtre de la cour comme répétiteur des chœurs, place que je quittai au bout d'une année, pour me rendre à Vienne, où j'allai continuer mes études musicales sous la direction de Joseph Haydn.
J'arrivai à Vienne à la fin de mars 1797. Joseph Haydn, sur la recommandation expresse de son frère Michel, me reçut avec la plus grande bonté, et consentit à m'admettre au nombre de ses élèves ; c'est-à-dire pour la partie esthétique de l'art; car j'avais terminé mes études théoriques, pour tout ce qui pouvait être enseigné par un maître. J'eus le bonheur de gagner bientôt l'affection de mon maître qui m'aima d'un amour paternel; et le souvenir de sa bonté pour moi ne me quittera jamais.
Mon père m'ayant habitué à ne jamais perdre une minute, je trouvai, par ce moyen, des heures pour d'autres études qui me devinrent fort utiles par la suite, et sans lesquelles le musicien ne saurait jamais atteindre le sommet de son art. Je joignis à ces études, pour mon agrément, mais avec toute mon énergie cependant, celles de l'histoire naturelle et de la médecine, sans négliger en rien mon art principal.
Ainsi je passai sept années, fertiles en connaissances, donnant durant le jour des leçons (propter panera lucrandum) de piano et de chant.
A dater du mois de janvier 1804, commença le catalogue de mes ouvrages, dans l'ordre chronologique, que j'ai continué assez régulièrement jusqu'à ce jour (10 novembre 1853) [note de bas de page : A la date du 3 avril 1858, jour du dècès de S. Neukomm, son catalogue compte plue de 2,000 numéros.], et qui contient 1,780 numéros de mes ouvrages plus ou moins importants. Ce catalogue contient, outre les premières mesures de chacune de mes compositions, le lieu où l'œuvre a été terminée, ainsi que la date de l'année.
Le 5 mai 1801, je quittai Vienne pour me rendre à Saint-Pétersbourg, et je dus à un concours de circonstances favorables, d'être attaché au théâtre allemand en qualité de maître de chapelle. Je composai à cette époque un opéra, Alexander am Indus, qui fut exécuté le 15 septembre, jour du couronnement de l'Empereur. Le compositeur fut rappelé, comme d'usage. Dans la suite j'ai composé différents ouvrages, soit pour la scène, soit pour les instruments.
A mon départ du Vienne, J. Haydn m'avait remis une lettre de recommandation pour S. M. l'Impératrice mère (Marie Fœdorowa), qui avait pris des leçons de ce grand maître, lorsqu'elle n'était que Grande-Duchesse.
L'Impératrice m'accueillit très-gracieusement, et je me fis entendre à la cour impériale, dont je reçus un superbe cadeau ; mais je ne compris pas l'importance de cet heureux début qui pouvait être favorable à mon avenir.
Mon enthousiasme pour la Fiancée de Messine, de Schiller, me fit composer un accompagnement mélodramatique, pour instruments, pour tout le poème (terminé à Saint-Pétersbourg le 21 avril (3 mai) 1805. Mon but en écrivant cet accompagnement, était de le lier intimement avec les paroles, et d'en faire ressortir toutes les beautés. La musique de cet ouvrage doit préparer certaines situations, s'identifier avec le sens des paroles, et doit être instrumentée avec tant de ménagement, que tout ce qui est récité, méme d'une voix faible, doit prédominer sur l'orchestre. Mais l'ouverture, les marches caractérisées des deux frères , et quelques autres passages préparatoires, sont, selon leurs effets, instrumentés plus fortement. J'ai eu souvent l'occasion de remarquer que lorsque deux ou plusieurs personnes prononcent les mêmes mots en même temps, on n'entend, au lieu des paroles, qu'un murmure confus. La raison est quo les paroles ne sont pas prononcées parfaitement dans le même moment. Le compositeur peut seul obvier à cet inconvénient, en liant la déclamation à une mesure rigoureuse, ce qui devient facile avec un accompagnement rhythmique et syllabique. C'est ainsi que j'ai accompagné les passages récités par tout le chœur. Mon désir, en entreprenant ce travail, était de connaître l'opinion de Schiller sur ma manière de traiter cet ouvrage ; mais avant que la copie de ma partition, qui lui était destinée, ne fût terminée, Schiller était mort.
J'envoyai par la suite cet ouvrage à Son A. I. la GrandeDuchesse, et je reçus en échange une lettre de remerciements ; mais les absents ont toujours tort. Ne m'étant plus trouvé dès lors en relation avec aucun théâtre, je n'ai pu faire représenter cet ouvrage qui est maintenant enseveli comme tant d'autres de mes enfants.
Une fièvre nerveuse causée par la nouvelle de la mort de mon père, et par suite d'un travail trop assidu, me mit à deux doigts de la mort, et m'obligea a résigner mon emploi. J'allai me rétablir dans le climat plus doux de Moscou, où j'arrivai le 5 (17) décembre 1805. Je me trouvai, peu de temps après, dans une position aussi agréable que lucrative, et qui me permettait de vivre indépendant.
À dater de cette époque, j'ai composé principalement, et dans la suite exclusivement, des ouvrages religieux en langue allemande, latine, italienne et russe. Dans le nombre de mes compositions figurent plusieurs psaumes qui ont été composés expressément pour moi par le poète Dershawin.
C'est à cette époque que m'a été accordée la première distinction, celle d'être nommé membre de la Société royale de musique de Stockholm. Peu de temps après, je reçus ma nomination de membre de la Société philharmonique de Saint-Pétersbourg.
Mon goût pour les voyages me faisait faire souvent le trajet de Saint-Pétersbourg à Moscou, qui jadis, et surtout en hiver, n'était pas d'un parcours agréable. Je visitai également d'autres villes remarquables, telles que Toula, Orel, Kiew, etc.
Enfin je quittai la Russie le 9 (21) juin 1808, et je me rendis à Berlin en passant par Riga, Memel et Kœnigsberg. Berlin était alors occupé par les Français. Mon ami Zelter vint au-devant de moi, et les liens de notre amitié se resserreront davantage pendant les trois mois que je restai dans cette ville. Il me fit connaître les chefs-d'oeuvre de Fasch, et les fit exécuter par l'Académie de chant qui florissait alors sous sa direction savante.
Je continuai ensuite ma route, et je me rendis à Vienne en traversant Dresde, Leipsig, Nuremberg, Munich et Salzbourg. J'allai chaque jour visiter mon vénéré père Haydn. Bien qu'il n'eût pas encore soixante-dix-sept ans, il était cependant très-affaibli ; et quoique cet affaiblissement durât déjà depuis quelque temps, il avait conservé toute sa mémoire et toute son amabilité ; mais le feu anacréontique, qui avait animé tous ses ouvrages, surtout ses dernières productions instrumentales, images vivifiantes de leur créateur, ce feu était éteint, et s'était transformé en une sensibilité telle, que la moindre émotion le faisait fondre en larmes ; et trois mois après, lorsque j'avais déjà quitté Vienne, il succomba sous le poids du chagrin que lui causa le malheur qui venait de frapper son pays et d'atteindre son souverain.
Ayant quitté Vienne au mois de février, je me rendis à Salzbourg où, pour la dernière fois, j'embrassai ma mère devenue aveugle depuis plusieurs années. Je vins ensuite à Montbeillard, en passant par Munich, Augsbourg et Bâle.
Montbeillard était autrefois un domaine du roi de Wurtemberg. Je vécus là chez un ami avec lequel je m'étais intimement lié en Russie ; et je nie trouvai bientôt en relation avec des hommes remarquables par leurs connaissances. Je profitai de cette bonne occasion pour me fortifier dans la langue française, et composai beaucoup dans cette langue. J'écrivis alors ma première grand'messe, sous le titre de S. Floriani, dédiée au grand et riche abbé bénédictin Saint-Florian, dans la haute Autriche.
Le 7 novembre 1809, je vins à Paris; mais le 19 décembre suivant, je retournai à Montbeillard, et ne revins à Paris que le 13 mai 1810, où, à l'exception de quelques excursions en province, je restai quatre ans. J'y menai une vie fort agréable, sans néanmoins négliger mon travail. J'eus le bonheur d'être présenté par la princesse de Vaudemont au prince de Talleyrand, qui devint pour moi, par la suite, un ami dévoué, et chez lequel j'eus pendant plus de vingt ans mon couvert et mon logement, ce qui ne m'empêchâ pas, pendant ce temps, de faire différents voyages. Son palais était le point de réunion de toutes les sommités.
Pendant les quatre années de mon séjour à Paris, je me suis occupé d'études diverses autres que celles de musique ; j'ai cependant composé plus de soixante morceaux, dont quelques-uns plus considérables, pour l'église, ont été exécutés dans la suite. Dans ce nombre se trouve un grand Te Deum qui a été exécuté à l'église de Notre-Dame, devant toute la famille royale, à l'occasion de l'entrée solennelle de Louis XVIII à Paris.
En 1814, j'accompagnai le prince de Talleyrand au congrès de Vienne.
Ce n'est pas le lieu ici de mentionner les événements antérieurs à cette époque. Je dirai seulement que le 21 janvier 1815, mon grand Requiem en ut mineur fut exécuté par plus de trois cents chanteurs, divisés en deux choeurs. Cette exécution eut lieu devant les Empereurs, les Rois, les Princes et les grands de toutes les nations présents au congrès. Le motif de cette solennité était l'anniversaire de la mort du roi Louis XVI. Ce service fut organisé sur la demande du prince de Talleyrand.
Tous les souverains présents au congrès y assisterent en grand deuil. S. M. Louis XVIII me fit la grâce de me nommer chevalier de la Légion d'Honneur.
Après le congrès et après les Cent-Jours, au mois de septembre 1815, je revins à Paris avec le prince de Talleyrand.
En 1816, je profitai de l'offre avantageuse que me fit le duc de Luxembourg, de l'accompagner à Rio-Janeiro, où il se rendait en qualité d'ambassadeur extraordinaire, chargé de féliciter Jean VI sur son avènement au trône, devenu vacant par la mort de sa mère.
Nous nous embarquâmes à Brest, le 2 avril 1816, sur la frégate I' Hermione ; nous touchâmes, le 7, à Lisbonne, et après quelques jours de repos, nous reprîmes notre route par Madère et Ténériffe. Nous nous arrêtâmes quelques jours à Funchol et à Sainte-Croix. Pendant la traversée, j'ai composé plusieurs motets et autres morceaux pour l'Église, ainsi que plusieurs marches et morceaux pour la musique militaire de la frégate.
Le prince de Talleyrand m'avait remis une lettre de recommandation pour le comte de Barca, qui, précédemment ambassadeur portugais à Paris, avait été en relation intime avec le prince. Cette recommandation me fut, dans la suite, d'une grande utilité. M. le comte de Barca était un homme d'un esprit éclairé et avait de grandes connaissances. Il me reçut avec une remarquable bienveillance, et lorsque, quelques semaines après notre arrivée, le duc de Luxembourg repartit pour la France, le comte me proposa de rester à Rio-Janeiro, et m'offrit la table et le logement chez lui. «Nous avons l'espoir, me dit-il, de fonder un nouvel empire dans ce Nouveau-Monde, et ce sera pour vous d'un grand intérêt d'être témoin de cette période de développement. J'acceptai avec empressement son offre bienveillante. Il était comme moi, non marié, et n'avait pour toute compagnie, auprès de lui, qu'un ami âgé, le docteur Carvalho, homme très-distingué, médecin de l'infante Dona Isabella, future régente du Portugal.
Le Roi m'accorda, sur la demande du comte de Barca, un traitement plus que suffisant pour mes dépenses, et sans me charger d'aucune fonction. Mais je fus heureux d'offrir de donner des leçons de musique à l'infante Dona Maria, ainsi qu'au prince héréditaire, S. A. R. Dom Pedro, et à sa future épouse Léopoldine, archiduchesse d'Autriche ; j'offris, de plus, de faire de la musique avec eux, et de leur procurer en mémo temps l'occasion de s'exercer dans la langue française.
Ainsi je vécus pendant tout le temps de mon séjour à Rio-Jalioiro, de 1816 à 1821, au milieu de la famille royale, qui me combla de bontés; mais sans dépendre personnellement ni de la Cour, ni de l'État.
Il y avait à peine deux ans que j'étais à Rio-Janeiro, lorsque j'eus lu malheur de perdre mon protecteur, le comte de Barca. Le chagrin causé par la prévision des événements politiques qui obligèrent le Roi, plus lard, de quitter le Brésil pour toujours, ainsi que les efforts qu'il fit pour conjurer la révolution, détruisit sa santé déjà si affaiblie.
Après sa mort, j'acceptai l'offre hospitalière d'une famille qui m'était devenue bien chère, celle du baron de Saint-Aniaro, que je revis par la suite à Paris où il vint en qualité d'ambassadeur du Brésil.
Une attaque de phthisie pulmonaire m'ayant fait craindre des suites dangereuses pour ma santé, je résolus, d'après l'avis des médecins, de revenir eu Europe.
Je m'étais occupé beaucoup dans ce pays féerique, où tout est merveilleusement beau et grandiose, d'entomologie et d'horticulture, et cependant mon catalogue s'était augmenté de quarante-cinq morceaux de musique composés à Rio-Janeiro. J'ai composé un de ces morceaux, la grand'messe ( Sancli Francisci), à la demande expresse de la femme de Dom Pedro, pour son père, François I er, empereur d'autriche. J'ai entendu dans la suite, en 1842, dans la chapelle particulière de l'Empereur à Vienne, exécuter cette messe, avec la plus grande perfection.
Je quittai donc Rio-Janeiro, le 15 avril 1821. Les vents contraires nous retinrent pendant plus de huit jours en vue des côtes ; et au bout de vingt-deux jours, nous fûmes obligés de relâcher à Fernambouc pour prendre des vivres. Notre navire était en si mauvais état, que sur la demande réitérée des matelots, le commissaire de la marine déclara qu'il était incapable de tenir la mer. Le capitaine soutint que le navire pouvait encore terminer le présent voyage, et il partit. Mon ami Meroni et moi, confiants dans la Providence, nous continuâmes notre route pour Lisbonne, où se rendait notre capitaine. Nous y arrivâmes au bout de quatre-vingt-douze jours, après une traversée non interrompue et ennuyeuse. Je souffris pendant tout ce temps de la fièvre, suite d'un coup de soleil que j'avais gagné il Fernambouc dans une promenade à cheval que j'avais faite avec le général-gouverneur de ce pays. Un repos de quelques semaines, à Lisbonne; me mit en état de continuer ma route, et je m'embarquai le 6 septembre pour le Havre, où je n'arrivai que le 22, les tempêtes de l'équinoxe ayant poussé notre frêle embarcation jusqu'aux Açores. Nous n'étions que cinq personnes à bord : le capitaine, les mousses et moi qui étais le seul voyageur.
Le roi du Brésil, que j'avais revu à Lisbonne où il était déjà arrivé avec sa famille, me fit la grâce de m'accorder l'ordre Portugais du Christ, lors de ma visite d'adieu ; et il m'envoya plus tard à Paris l'ordre de la Conception ( o Ordem da Concriçao) qu'il avait institué.
J'arrivai le 23 octobre à Paris. Le 27 mai 1823, je terminai mon Ostermorgen (matinée de Pâques).
Du 27 mai 1824 au 20 janvier 1825, j'ai écrit 8 grands recueils de psaumes sans accompagnement, à 4 et à 8 voix, et diverses compositions pour l'église ou autres.
En 1825, je rassemblai des poèmes de Klopstock et composai sur ce canevas 3 oratorios qui forment une unité 1° la descente du Christ au tombeau ; 2° la résurrection du Christ ; 30 l'ascension.
J'arrivai le 19 mars 1826 à Rome, où je retrouvai d'anciens amis au milieu desquels je fis de nouvelles connaissances. Je placerai à leur tête Bunsen, avec lequel j'ai eu le bonheur de vivre depuis ce temps dans une grande intimité qui continue encore aujourd'hui. C'est à Rome que je composai mon premier psaume, en langue anglaise, à une voix avec accompagnement de piano. J'allai à Naples au commencement du mois de mai, avec mon ami de Flemming, ancien ambassadeur de Prusse. Pendant mon séjour à Rome et à Naples, j'ai composé plusieurs psaumes allemands, à une voix, et différents morceaux de peu d'importance.
Je partis de Naples à la fin de juin pour revenir à Rome, que je quittai le 12 août 1826, et je retournai à Valençay, où j'arrivai le 16 septembre. C'est à Valençay, le 24 octobre 1826, que j'ai terminé l'hymne à la Nuit, dont le poème fut composé expressément pour moi par M. de Lamartine que j'avais trouvé à Naples.
A Valençay, et à mon retour à Paris (25 novembre), je composai 15 psaumes pour une voix, en langues allemande et italienne.
Du mois de juillet au mois de septembre 1827, je fis un voyage en Belgique et en Hollande.
Je terminai à Paris, le 23 mars 1828, mon oratorio «les dix Commandements.» J'en avais coordonné les paroles avec mon ami Bunsen à Rome, et les avais traduites en anglais. Cet ouvrage a paru en Angleterre sous le titre de : «Mount Sinaï,» avec accompagnement de piano, et il est en Angleterre, ainsi que dans l'Amérique du Nord, très-connu.
Le 29 décembre 1828, je terminai à Paris mon oratorio «la Résurrection,» et je composai en outre quelques psaumes en langue allemande et italienne, et «la Revue de Napoléon,» à grand orchestre. Je mentionne cette composition parce qu'elle a été très-goûtée en Angleterre.
Je fis mon premier voyage en Angleterre le 7 avril 1829, et je revins à paris le 20 octobre suivant. Je terminai mon oratorio «l'Ascension,» à Valençay, au mois de mai 1830. Cet ouvrage a été composé en trois mois.
Mes oratorios, ainsi que d'autres de mes compositions principales, furent exécutés à toutes les grandes fêtes musicales en Angleterre, en Irlande et en Écosse, et comme je dirigeais toujours moi-méme, j'ai eu l'occasion de traverser bien souvent ces trois royaumes dans toutes leurs directions. Dans ces voyages, on me pria souvent de donner des concerts d'orgue au bénéfice des hôpitaux ou d'autres établissements de bienfaisance. Ces concerts, dont le montant s'élevait quelquefois à un chiffre assez haut, reposaient uniquement sur mes improvisations, n'ayant jamais voulu jouer ni de mes compositions, ni de celles des autres compositeurs [note de bas de page : D'après fin relevé, sur le catalogue de l'auteur, le produit de ses improvisations sur l'orgue (au proilt des pauvres), s'est élevé il plus de 40,000 fr.]
Le 3 février 1833, je terminai à Bridgehill, près Belper, mon oratorio «David, » composé pour le festival de Birmingham, donné à l'occasion de l'ouverture de la salle des concerts Townhall, qui contient sept mille personnes, et dans laquelle se trouve un orgue immense construit par Hill. Cet instrument contient proportionnellement trois jeux de trente-deux pieds, dont un en métal. Ce festival a été donné au, bénéfice du grand hôpital de Birmingham. Ces solennités, dans toutes les provinces d'Angleterre, sont toujours au profit de quelque œuvre de charité, et elles durent trois ou quatre jours. Celui de Birmingham fut ouvert dans la matinée du 7 octobre 1833, par mon oratorio «Mount Sinaï,» et d'autres morceaux de ma composition. Au concert du soir, j'inaugurai l'orgue, et on exécuta plusieurs de mes compositions, dont un septetto pour instruments à vent. Le 8 octobre, dans la séance du matin, on exécuta mon dernier oratorio « David, » et le soir, ainsi que dans les concerts des deux jours suivants, on fit entendre plusieurs de mes compositions nouvelles.
La recette des sept concerts s'est élevée à 14,000 liv. st. (350,000 fr.). Les frais absorbèrent environ 7,000 liv. st.
Ainsi que je l'ai déjà dit, je fis plusieurs voyages en France, et le 23 octobre 1833, je me rendis à Hyères, où je travaillai à mes grandes études d'orgue, qui ont été publiées plus tard à Londres. Le 31 décembre, je m'embarquai pour Civita-Vecchia, et j'arrivai à Rome le 6 janvier 1831. Le 12 avril j'étais de retour à Hyères.
Le 2 juin je me rendis à Paris et de là à Londres, que je quittai le 20 juillet pour faire quelques excursions en Angleterre. Je m'embarquai le 12 août pour Cherbourg, où je restai chez des amis jusqu au 24, et de là je retournai à Londres par le Havre, où j'arrivai le 31 du même mois, Le 2 novembre, je quittai de nouveau Londres et me rendis à Hyères en traversant Paris.
Je m'embarquai le 21 décembre à Toulon pour Alger, où je débarquai le 23 au soir. Je fis plusieurs excursions sur la côte d'Afrique ; Je visitai la ville et les environs de Bougie et de Bonn , jadis Hipona, siége de l'ancien évêque saint Augustin.
Demeurant chez mon ami, le général du Verger, et m'étant muni de lettres de recommandation pour le gouverneur général, mon séjour à Alger me devint aussi instructif qu'agréable, et je composai pendant ce temps plusieurs psaumes anglais à quatre et cinq voix, avec accompagnement d'orgue.
Le 28 janvier 1835, je retournai à Londres en passant par Toulon, Hyères, la Provence, Bordeaux et Paris. J'avais quitté Hyères, le 3 avril, et le 12 juin j'arrivais à Londres. Je composai là une quantité d'ouvrages religieux avec une grande persévérance, malgré mes excursions répétées, du 10 juillet 1835 au 15 septembre 1830, dans toutes les directions de l'Angleterre, même jusqu'à l'extrémité S. 0., Lezard Point (Cornwal).
Le 15 septembre 1836, nouveau voyage sur le continent par Anvers, Bruxelles, le département du Bas-Rhin, Strasbourg, Paris et Hyères ; d'où je retournai le 8 juin 1837 à Londres, pour m'embarquer de nouveau le 22 juillet pour Rotterdam et Mayence, où je dirigeai mon grand Te Deum militaire à l'occasion de l'inauguration du monument de Guttemberg. J'avais douze à treize cents voix , toutes à l'unisson et à l'octave, dont six cent trente garçons et leurs maîtres, pris dans toutes les écoles de la ville. L'orchestre était composé de la musique de trois régiments prussiens avec leurs chefs en tête, et de tous les instruments à vent de la ville et des villes environnantes. Le programme de la fète ayant annoncé que plusieurs salves d'artilleries seraient tirées, j'ai arrangé mon Te Deum de manière à ce que chaque salve se trouvât immédiatement après les paroles «Sanctus» qui se trouvent répétées trois fois dans le cours du Te Deum.
Pendant les années de 1835 à 1838, j'ai écrit plusieurs messes, plusieurs ouvrages assez remarquables et quinze anthems (chœurs) anglais, à quatre et à huit voix, avec accompagnement d'orgue. Plusieurs sont renforcés par l'orchestre, et composés pour les sociétés philarmoniques (choral sociétés).
Le 12 septembre 1837, je dirigeai mon oratorio «l'Ascension,» au festival de Birmingham ; et le 27 décembre j'étais de retour à Paris. De là je me rendis en Suisse par Salzbourg et le Tyrol, et après avoir parcouru la Suisse en touriste, j'allai par Lausanne à Guebwiller (Haut-Rhin), où j'arrivai le 9 novembre 1838 et y passai l'hiver chez des amis. Je travaillai assidûment pendant mon séjour à Guebwiller et mon catalogue s'augmenta de quarante-trois numéros. Je quittai mes amis le 19 mai 1839 , et j'arrivai à Paris le 27. J'y demeurai ainsi qu'à Auteuil (excepté quelques excursions), jusqu'au 14 août. Je partis alors pour l'Angleterre, m'arrétant deux jours à Rouen, et passai la plus grande partie du temps à Manchester. Je revins en France le 20 octobre; je passai quelques jours à Cherbourg chez des amis ; je vins ensuite par le Havre à Roueu, et me rendis à Paris où je menai une vie active et toute musicale jusqu'au 16 juin 1840. Le 24 de ce même mois était de nouveau un jour de grande solennité pour la ville de Mayence. C'était la fêle séculaire de l'invention de l'imprimerie par J. Guttemberg. On avait adapté un texte allemand (approprié à la circonstance) à ma messe Santi-Philippi , et j'avais moi-même pris toutes les mesures pour donner à cette exécution colossale tout l'éclat possible. J'avais réuni au-delà de 2,000 voix, parmi lesquelles il y avait celte fois des voix de femmes. Mayence peut avec raison réclamer la priorité de belles voix sur les autres villes. Mon orchestre militaire était en rapport avec le chant en force et en qualité.
Ou voulut entendre de nouveau cette composition qui fut exécutée au bénéfice des pauvres, dans l'immense salle des greniers à fruits, qui coutient près de 7,000 personnes. J'avais pour cette nouvelle exécution 1,500 voix, dont 1,100 enfants des écoles. Une instruction musicale bien appréciée, est établie depuis de longues années dans toutes les écoles de cette ville. Je me permettrai de dire quelques mots sur ce que cette fête a eu de flatteur pour moi.
La société de chant des Dames avait organisé un concert où l'on devait exécuter un de mes ouvrages ( la Matinée de Pâques) au piano. A la fin du concert on récita une pièce de vers composée à cette occasion, et la couronne de lauriers obligatoire ne fut pas oubliée. Dans la soirée on fit une promenade aux flambeaux sur la place où je demeurais, et une sérénade me fût donnée sous mes fenêtres par les chœurs des chanteurs et par l'orchestre de la musique d'un régiment en garnison à Mayence. Le bourgmestre de la ville, à la tête d'une députation, me remit une lettre de remerciement, et la grande médaille en or que la ville de Mayence avait fait frapper en mémoire de l'importante invention de l'imprimerie.
Je me rendis le 10 juillet à Rotternbourg (Wurtemberg), pour faire une visite à mon ancien ami et condisciple l'évêque Keller, et je trouvai la musique de sa cathédrale digne de lui et de son temple. Pendant mon séjour de quelques semaines chez lui, je l'accompagnai dans une de ses tournées épiscopales, et je vis avec peine la destruction des anciens couvents et des anciennes abbayes, qui étaient autrefois autant de pépinières pour la musique d'église, et qui n'ont été, sous ce rapport, nullement remplacés par nos conservatoires modernes si vantés. Au couvent de Weingarten, je jouai l'orgue, qui avait jadis une réputation immense. Il a 74 jeux, dont un de 32 pieds, en beau métal. Parmi les 6,666. tuyaux qui existaient, il n'y en a plus que quelques-uns qui puissent servir ; et ce chef-d'oeuvre ainsi que l'église et le magnifique bâtiment, qui était un couvent, marchent à grands pas vers leur destruction.
De retour à Mayence, je partis le 30 août pour Bâle, en passant par Fribourg. Je visitai la fameuse abbaye de Marie Einsiedeln, près Bâle, et j'assistai à la fête qui a lieu tous les ans, sous la dénomination de la fête des Anges.
De Marie Einsiedeln, je me rendis à Milan par le mont Saint-Gothard, Bellinzona, les îles Borromée et le lac de Como, et je revins à Berne par le Sirnplon, Chamonix et Lausanne. J'y arrivai le 3 novembre 1840, et demeurai chez mon ami Bunfran, alors ambassadeur de Prusse et résidant dans cette ville. Mon séjour en Suisse se prolongea plus longtemps cette fois que les autres, et je n'en partis que le 7 janvier 1842
Malgré mes nombreuses excursions qui duraient quelquefois plusieurs semaines , j'ai cependant beaucoup traveillé, et j'ai augmenté mon catalogue de soixante-quatre numéros, ne comptant qu'un numéro pour plusieurs collections de motets à quatre voix, etc. A cette série de numéros appartiennent aussi dix psaumes allemands à une voix et 23 psaumes anglais pour deux voix.
Le 14 juillet 1841, la société philharmonique helvétique, qui s'était réunie cette année-là à Lucerne, exécuta sous ma direction mon oratorio « l'Ascension.» Cette société musicale , admirablement organisée, et pour l'art très-importante, s'assemble tous les ans pour exécuter de grands oratorios, pendant trois jours consécutifs, Les membres viennent de tous les cantons, et se réunissent dans une des villes des grands cantons, que l'on a toujours soin d'indiquer d'avance. Ces exécutions ont de bons éléments et sont très-satisfaisantes.
On m'a fait l'honneur, dans une de ces séances, après avoir exécuté mon oratorio «l'Ascension,» de me remettre mon diplôme comme membre honoraire de la Société philharmonique helvétique.
Le 16 janvier 1842, je retournai à Londres en passant par Paris ; mais le 25 mai je quittai de nouveau cette capitale pour me rendre à Beauvais (Oise), où l'on exécutait le 3 juillet une de mes messes à deux cheeurs sans accompagnement, chantée par 400 voix, à l'occasion de l'intronisation du nouvel évêque de Beauvais.
De là je me rendis à Salzbourg par Carlsruhe et Rottembourg, pour assister à l'inauguration du monument de l'immortel Mozart, dans sa ville natale, qui est aussi la mienne.
Comme membre du comité, on me fit aussi l'honneur de me charger de prononcer le discours au moment où l'on découvrait la statue. Je me chargeai, de plus, moi-même, de faire le plan de l'estrade pour l'orchestre, pour les quatre grands concerts. J'en surveillai la construction, car il n'y avait que de simples ouvriers sans expérience.
Je ne dois pas ici donner la description de cette fête imposante, si grandiose sous tous les rapports. Les journaux en ont fourni des narrations détaillées et véridiques.
Le 28 septembre, j'arrivai à Vienne , et pendant mon séjour j'y composai dix-neuf ouvrages, dont la plupart ont quelque importance.
Du 15 juin au 10 août 1843, je séjournai à Paris, et le 7 septembre je revins à Londres. Je parcourus de nouveau l'Angleterre dans toutes ses directions, jusqu'au 24 avril 1844. Je me rendis alors par Brighton, Dieppe et Rouen à Paris, où j'arrivai le 3 mai, pour retourner en Angleterre le 16 août. Malgré mes courses continuelles en Angleterre, j'ai été à même d'inscrire vingt-trois numéros dans mon catalogue, au nombre desquels se trouve un Requiem à quatre voix d'hommes, en choeur, sans accompagnement, composé pour la chapelle royale de Dreux, à l'occasion de l'anniversaire de la mort du duc d'Orléans, et une cantate, la Fête de la Pentecôte, à grand orchestre; plus, six morceaux d'orgue pour le Kyrie, le Gloria, le Credo, l' Offertorium, le Sanctus, le Benedictus, l' Aguus Dei et le Domine salvum fac Regem, pour une basse messe, le tout sans paroles et d'une forme nouvelle.
Je parlerai ici d'un travail qui m'a donné beaucoup de peine, mais qui m'a procuré en même temps beaucoup de jouissances : ce sont les arrangements des chefs-d'oeuvre de nos plus grands maîtres, pouvant être rarement exécutés à cause de leur instrumentation.
J'avais depuis plusieurs années composé une collection de morceaux d'orgue pour l'orgue expressif, qui, comme presque toutes mes compositions en France, ont été gravés chez Canaux, à Paris, et ont paru en recueil de vingt à trente morceaux. C'est aussi pour l'orgue expressif que j'ai réuni toutes les parties d'accompagnement de nos trésors classiques ; et l'orgue et le piano réunis, en donnent une idée très-satisfaisante [note de bas de page : Chez Richault, éditeur, Paris]. Mes amis me savent gré de leur avoir procuré, de cette manière, le moyen de connaître les œuvres de nos meilleurs auteurs. A cette collection appartiennent plusieurs symphonies de Haydn et de Mozart, qui, de nos jours, sont rarement exécutées ; les Sept paroles de Jésus-Christ, la Création, ainsi que les Saisons de l'immortel Haydn ; le Requiem de Mozart; ses cinq quintetti, son quintette en mi bémol, pour piano et instruments à vent ; son quintette délicieux en la, deux de ses quatuors pour piano en sol mineur et en mi bémol, ainsi que ses trois trios, parmi lesquels se trouve celui avec accompagnement de clarinette et alto.
J'ai arrangé de même plusieurs œuvres de Beethoven son quintette pour piano à instruments à vent ; son septuor et quelques-uns de ses trios pour le P. F.; et sa magnifique marche de la symphonie héroïque.
Le 9 juin 184 5, je revins à Paris, et je repartis le 23 août pour l'Angleterre. Je fis à cette époque un arrangement de 128 cantiques à 4 voix, sans accompagnement, pour les dimanches et pour tous les jours de fête de l'année ecclésiastique, pour le livre de cantiques de Bunsen.
Mais vers cette époque, un commencement de cataracte se manifesta sur mes deux yeux ; et me força, malgré ses progrès lents, de mettre un frein à ma vie laborieuse. Ainsi, depuis la fin d'avril 1845, jusqu'après l'heureuse opération de ma cataracte ; c'est-à-dire vers la fin de décembre 1848, je n'ai inscrit que 89 numéros sur mon catalogue parmi lesquels se trouvent : deux messes, plusieurs psaumes et différentes coniptisitions pour l'église. J'assistai le 5 juillet 1846 à Beauvais à l'exécution d'une de mes messes (sancta Cecilia), chantée par 400 voix.
Le 22 juillet 1847, j'arrivai à Salzbourg ; le 7 novembre 1847 je revins à Paris et de là à Rouen, où je composai quelques morceaux ; entre autres ma Missa pro fessionis, et le 22 février 1848, un ouvrage pour trois voix d'hommes, choeurs et soli avec accompagnement de deux violoncelles et contre-basse, intitulé : « Passio D. N. Jcsus-Chrisii, secundum Malheum», alternativement plain-chant et chant figuré.
Je m'embarquai au Havre le 26 février 1848 pour ]'Angleterre; le 6 octobre suivant le docteur Wilson, entreprit avec succès, à Manchester, l'opération de ma cataracte sur l'œil droit ; mais la saison défavorable a retardé mon rétablissement jusqu'à la fin de décembre. Mon premier ouvrage après cette opération, fut un canon allemand à 4 voix : «Danket dom Hernr» (Rendez grâce au Seigneur).
Le 27 avril 1849 je retournai en France ; et le 27 août, je partis pour Salzbourg, où, surpris par un hiver aussi rigoureux que long, je fus obligé de séjourner jusqu'au 18 avril 1850. De là j'allai par Vienne à Gratz, en Styrie, où je restai jusqu'au 2 septembre. Pendant mon séjour dans cette ville, j'ai écrit : une messe à 4 voix sans accompagnement, une autre pour chœur et deux voix de femmes, et une partie de soprano solo avec accompagnement d'orgue, plus une messe pour le dimanche des Rameaux (a capella), les Nocturnes, les Rosponsorium, les Neuf Lamentations, et en général tous les morceaux qui appartiennent à la musique de la Semaine sainte ; le tout pour 4 voix d'hommes, soli et chœurs, sans accompagnement, à l'exception des lamentations qui doivent être accompagnées par l'orgue, jeu faible : « harmonica.» Cet ouvrage est exécuté à la cathédrale de Gratz pondant la Semaine sainte, par un personnel nombreux, et avec beaucoup de soin.
J'ai quitté Gratz le 22 septembre 1850 et après avoir traversé Vienne, Prague, Dresde, Leipzig, Cologne et Paris, j'arrivai à Rouen le 24 novembre. J'en repartis le 10 avril 1851 pour Londres. Au nombre de mes ouvrages les plus importants se trouve une collection de 50 motets, pour 2 voix de soprano, solos et chœurs, avec accompagnement d'orgue, pour toutes les fêtes de l'année ecclésiastique.
Je parcourus l'Angleterre encore une fois dans tous les sens, et je passai l'été au pays de Galles, l'automne en Irlande et l'hiver à Edimbourg, où je restai depuis le 12 novembre 1851 jusqu'au 20 mai 1852. Pendant mon séjour dans cette ville, je composai pourla Société musicale et dans le but de faire revivre et de répandre la musique religieuse en Écosse, 50 psaumes à 4 voix et à 2 chœurs sans accompagnement.
Les ducs de Southerland et d'Argyle sont à la tète de cette société, et lord Murray en est devenu un des principaux protecteurs.
Je revins le 15 juillet 1852 à Glyn-Garth (pays de Galles), et de là je me rendis en Irlande où j'assistai au commencement de septembre à la réunion des savants qui eut lieu à Belfast. Le 15 décembre, je revins en Angleterre ; et je séjournai presque tout le temps à Londres. Je partis pour Paris le 21 juin 1853, et le quittai le 16 août pour aller à Berlin, où je viens d'arriver, le 24 août 1853 ; et d'où mon esprit changeant m'éloignera encore avant peu.
Berlin, 24 novembre 1853.
Je quittai Berlin le 29 novembre, j'arrivai le 22 décembre à Paris, et le 31 à Rouen où je passai l'hiver. Je travaillai à la Passion de N.-S. J.-C. ; je composai plusieurs psaumes; je fis les acconnpagnements d'orgue expressif pour l'oratorio des Quatre Saisons d'Haydn, et pour mon oratorio de David ; et j'ai refait la musique de la Fiancée de messine, que j'avais composée à Saint-Pétersbourg en 1805. J'achevai le 23 juin la messe solennelle de saint Michel, en commémoration de mon premier maître Michel Haydn. Je repartis le 1 er juillet pour Paris ; j'arrivai le 9 à Heidelberg, et le 17 au château de Monrepos, près de Neuwied, chez le prince de Wied. Je quittai Monrepos le 18 août, et j'arrivai à Cologne le 19. La Société philharmonigne exécuta ce même jour ma fantaisie à grand orchestre, en ut mineur; et le lendemain 20, on chanta ma messe sancti Francisci, à la cathédrale.
J'arrivai à Lille le 22, à Londres le 25 et à Glyn-y-Garth (North Wales) le 26 août 1854. J'y composai l'accompagnement d'orgue expressif pour tout l'oratorio de «Samson,» (de Haendel ; des psaumes, et la messe solennelle sous le titre distinctif de «Charitas,» à 8 parties, en 2 cheeurs concertants, avec accompagnement non obligé. d'orgue, de violoncelle et de contrebasse.
J'arrivai il Manchester le 5 janvier 1855. Je fis l'accompagnement d'orgue expressif de l'oratorio de Haendel, «Israël en Égypte, » et de Judas Maccabeus du même auteur; je composai un Stabat Mater à 4 parties pour voix d'hommes. Je vins à Rochampton . (Surey), near London, le 28 mai 1855, et j'arrivai à Rouen, par Dieppe, le 20 juillet. Je composai à cette époque ma messe, de l' Immaculée Conception, les litanies de la Sainte-Vierge, et je fis l'arrangement pour l'orgue expressif de l'accompagnement d'orchestre du concerto pour le clavecin de J.-S. Bach. Je repartis le 20 pour Paris, où je composai ma messe solennelle en plain-chant mesuré, avec accompagnement d'orgue, sous le titre distinctif de Saint-Vincent de Paul, premier essai d'un genre nouveau. Je revins le 18 à Rouen, où je passai l'hiver. J'y composai ma 48° messe, en plain-chant mesuré avec accompagnement d'orgue. Elle a pour titre : « Office complet pour les morts,» ou « Missa Charitas.» Je fis pour cette messe une introduction ou préface. — J'ai fait un arrangement des instruments, pour orgue, d'une symphonie de Mozart pour piano. Je retournai à Paris au mois de mai 1856, et le quittai le 24 pour me rendre à Heidelberg ; le 28 juin je me rendis à Vienne ; le 7 juillet je partis pour Gratz. C'est là que j'ai composé ma 49° messe pour soprano, contralto, ténor et basse, soli et choeur, avec accompagnement d'orgue obligé, et de violoncelle et basse non obligés, sous le titre distinctif: «Sancta Cordula.» J'ai de plus écrit des chants sacrés, un Te Deum, des Offertoires, un motet pour la Nativité de la Vierge, à 4 voix d'hommes. Je quittai Gratz le 16 septembre, et, passant par Vienne, Prague et Dresde, j'arrivai à Leipzig le 1 er octobre. J'y composai un Stabat Mater pour soprano et alto (soli), et 2 dessus en chœur avec accompagnement d'orgue. Je partis le 23 octobre, et, passant par Eisenach, j'arrivai à Bonn le 31 octobre 1856. J'assistai, le 1 er novembre, à ma messe Sancti Francisci, qui fut exécutée dans la cathédrale de Cologne. Je composai à Bonn 12 Tantum ergo.
Je partis de Bonn le 31 mars, et j'arrivai le 1 er avril 1857 à Paris. Je repartis le 7 pour Beauvais, où j'assistai à l'exécution parfaite de mon office complet de la Semaine sainte, à la cathédrale, et à tous les offices de la semaine, chantés par le grand et le petit séminaire (200 voix). De plus, au couvent de Saint-Joseph de Cluny, quarante jeunes filles exécutèrent mon dernier Stabat, composé on 1856 pour soprano et alto, soli, et 2 soprani en chœur, avec accompagnement d'orgue. Le dimanche de Pâques, les mêmes voix, du grand et du petit séminaire réunis, exécutèrent ma messe Charitas Pax, à 8 parties réelles en deux chœurs concertants, et le lundi ma messe Das Chagas, à la chapelle de l'hospice des pauvres.
Je revins à Paris le 15 avril ; je refis le psaume 97, composé en 1826; je composai un salutaris pour soprano et alto soli, avec accompagnement d'orgue ; quatre morceaux : introït, graduel, offertoire et communion à 4 voix d'hommes, en choeur, avec accompagnement d'orgue, pour une grande messe épiscopale. J'ai composé 31 psaumes pour l'Église évangélique, et que j'ai adressés (le 8 novembre) à S. A. R. la grande-duchesse de Bade.
J'allai le 18 juillet à Senlis, pour assister à la fête de saint Vincent de Paul. On y exécuta ma messe de Sancti Petri, et plusieurs ouvrages de ma composition le soir au salut. Je revins à Paris -où je terminai, le 5 août, ma méthode d'orgue. Je partis pour Beauvais le 19 août ; j'y écrivis un Salve Regina pour une voix de soprano. J'étais de retour à Paris le 7 septembre. Je composai ma 50° et dernière messe, sous le titre de Messe impériale, à grand orchestre, pour voix mixtes, avec accompagnement d'orgue, de violoncelle et de contrebasse. Ce même ouvrage peut être exécuté en y joignant les instruments à cordes, et dans un grand vaisseau les instruments à vent et en cuivre. Un Te Deum court et brillant est annexé à cet ouvrage. J'allai à Beauvais le 19 novembre, où on exécuta ma messe de saint Jean Népomucène à l'occasion de la fête patronale. Je revins à Paris le 23 : je composai 16 cantiques pour le mois de Marie. 2 Tantum ergo, 1 Ave verum. J'arrangeai pour orgue et piano le choeur d'Idoménée de Mozart (acte 3) et le terzetto «Cosi fan lutte,» du même auteur. Je composai «la Tempète» (allégorie) pour basse-taille, avec accompagnement d'orgue et piano. Je fis de plus 50 cantiques et chants sacrés pour le mois de Marie, à 4 voix d'hommes ; les litanies du saint nom de Jésus pour voix d'hommes, avec accompagnement d'orgue.
Je terminai le 10 mars 1858, l'Angelus, pour soprano et alto, soli et chœur, pour la maison d'éducation religieuse de Saint-Joseph de Cluny, à Beauvais. L'accompagnement d'orgue est obligé.
SIGISMOND NEUKOMM.
NOTA. Cette œuvre est la dernière composition du chevalier Neukomm, qui est décédé à Paris, le 3 avril 1858, dans sa 80e année.
Biographie de Sigismund Neukomm
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