I. De la Renaissance au premier xviie siècle : Angleterre
Plus encore que son maître Byrd, Tomkins fut d'une longévité exceptionnelle pour l'époque. Dernier grand de cet âge d'or élisabéthain, il mena une fort longue carrière d'organiste à la cathédrale de Worcester ainsi qu'à la Chapelle royale où il succéda à Gibbons en 1625. Tout cela lui valut, à côté de belles distinctions officielles, de connaître non seulement les grandes heures du règne d'Elisabeth 1ère mais aussi les affres de la révolution cromwellienne qui mit un terme à la musique religieuse, ce qui d'ailleurs le conduisit à se retirer du monde pour les toutes dernières années de sa vie.
Compositeur prolifique, il est reconnu avant tout pour le nombre et la qualité de ses œuvres vocales sacrées, mais son catalogue d'œuvres instrumentales, bien que très inégal, n'est pas à dédaigner.
Que ce soit pour l'orgue ou pour le virginal, Tomkins a exploité tous les genres pratiqués par ses grands contemporains. En cela, comme pour son style d'écriture, il apparaît comme leur digne continuateur, avec parfois une exacerbation du travail contrapuntique et de la complexité rythmique. Parmi ces pièces, l'extravagant Barafostus' Dream est souvent cité comme l'une des plus personnelles mais bien d'autres méritent le détour, à commencer par les très remarquables fancies dont l'une – Fancy for two to play - constitue une vraie curiosité pour l'époque.
De plus, on prètera volontiers l'attention, pour son caractère sombre et crépusculaire, à A Sad Pavan : for these distracted times, œuvre écrite peu après l'exécution de Charles 1er, ainsi qu'aux quelques pièces qui devaient suivre, jusqu'à l'humour dernier du Perpetual Round de 1654.
Thomas Tomkins, A Sad Pavan for these distracted tymes, par Gustav Leonhardt (clavecin).D'une qualité plus constante, les fantaisies, pavanes et gaillardes que Tomkins a écrites pour consort de violes sont d'une belle subtilité. « La somptueuse construction polyphonique des Fantaisies suffit à retenir l'attention. On y retrouve aussi bien les magnifiques abîmes mélancoliques de Dowland que les méditations célestes d'un Gibbons … Sa musique pour ensemble de violes évoque à la fois la maîtrise de Byrd ou Gibbons tout en annonçant l'usage expressif du chromatisme que développera Purcell. »1
Thomas Tomkins, Fantasia a 6 n° 3, par Aldo Bova et Ernst Stolz, Broken Consort.Thomas Tomkins, Pavan & Alman a 4, par le The Spirit of Gambo.
1. Sebbag Éric, Dans « Répertoire » (113), mai 1998.
Michel Rusquet
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2012
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Samedi 6 Avril, 2024