Considéré comme le fondateur de l'école d'orgue française, Jehan (ou Jean) Titelouze exerça ses activités à Rouen où il fut tout à la fois chanoine et organiste de la cathédrale. Il développa en parallèle une réelle expertise en facture d'orgue, et trouva même le temps de se consacrer, activement et non sans succès, à la poésie.
On sait peu de choses sur sa formation musicale mais à l'évidence il eut la possibilité d'assimiler la discipline des polyphonistes franco-flamands. De plus il semblerait qu'il ait été en contact avec des musiciens anglais, ce qui lui aurait permis de connaître l'art de quelques grands virginalistes et organistes d'outre-Manche.
Ce qui est sûr, c'est qu'il exercera à travers ses œuvres une influence majeure sur plusieurs générations d'organistes compositeurs, à commencer par les Nivers, Lebègue et d'Anglebert.
De destination exclusivement liturgique, les œuvres de Titelouze tiennent en deux grands recueils :
Hymnes de l'Eglise pour toucher sur l'orgue, avec les fugues et les recherches sur le plain-chant (1623)
Le Magnificat ou Cantique de la Vierge pour toucher sur l'orgue suivant les huit tons de l'Eglise (1626).
Pour le premier recueil, le musicien retient douze hymnes qui seront développées chaque fois en trois ou quatre versets. Les plus remarquables sont sans doute le Veni Creator et le Pange lingua, mais toutes méritent une vraie considération. On notera la précision apportée par le compositeur dans son avertissement au lecteur : « Comme le peintre use d'ombrage en son tableau pour mieux faire paraître les rayons du jour et de la clarté, aussi nous mêlons des dissonances parmi les consonances. »
Quant au second recueil, celui des Magnificat (huit versions du même texte), Titelouze y développe chaque fois sept versets différents, en s'obligeant pour chacun d'entre eux à faire plus court que dans les hymnes, et surtout en « s'abaissant dans la facilité » autant qu'il le peut, tout simplement parce qu'il lui est revenu que ses hymnes se sont révélées hors de portée des exécutants ordinaires. Cela dit, si la facilité demeure relative, on relève que « le langage se veut un peu plus flatteur, à la fois plus limpide et plus coloré. »1
Quoi qu'il en soit, la musique de Titelouze se situe à un très haut niveau d'accomplissement technique et artistique, et, malgré sa sévérité bien en phase avec son époque (celle du jeune Louis XIII), elle supporte la comparaison avec la production des grands maîtres étrangers contemporains.
Jean Titelouze, Urbs Jerusalem.1. Brigitte François-Sappey, dans Gilles Cantagrel (dir.), Le guide de la musique d'orgue , Fayard, Paris 2003, p. 747
Michel Rusquet
28 décembre 2012
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