Avouons-le : après Bach, Haendel et Telemann, on a quelque mal à prendre en considération des musiciens qui pourtant, en leur temps, jouirent d'une réputation enviable, et souvent largement justifiée, dans cette Allemagne extrèmement morcelée où chaque cour princière, chaque ville digne de ce nom, entendait s'attacher les services des meilleurs. Outre Fischer et Weiss, nous en citerons six qui, à défaut d'être habités par le génie, brillèrent d'un éclat particulier, le plus souvent dans une mouvance artistique qu'on est tenté de qualifier de « telemannienne ». Ces musiques sont en effet particulièrement riches en couleurs, ce qui fait dire que, décidément, ce baroque allemand fut un vrai paradis pour les souffleurs de tout poil, à la flûte, au hautbois, au chalumeau, au basson comme au cor. Elles se signalent aussi, très largement, par un entrain et une énergie qui en font des œuvres plus pétillantes que profondes, d'un baroquisme étincelant, parfois à la limite de la frénésie instrumentale. Il est vrai qu'une part non négligeable de ce répertoire s'adressait à une formation d'exception, le fameux orchestre de Dresde, qui eut par ailleurs quelques grands « fournisseurs » étrangers comme Vivaldi et Veracini, une formation dont il n'était surtout pas question de sous-estimer les super-solistes.
Johann Georg Pisendel (1687-1755) est violoniste avant d'être compositeur, il doit surtout sa notoriété aux œuvres que Vivaldi — dont il fut l'élève et devint l'ami — lui dédia, et plus accessoirement sans doute, au prestige du poste de Konzertmeister qu'il occupa à partir de 1728 à Dresde, au sein du « plus bel orchestre du monde ». Son catalogue, relativement modeste, compte quelques sonates pour violon et basse continue, une autre pour violon seul, et divers concertos, d'essence très vivaldienne, qui se partagent entre concertos pour violon et concerti con varii strumenti. Des musiques qui ne manquent pas d'originalité mais frappent avant tout par leur exubérance instrumentale : cet émule de Vivaldi, lui-même grand virtuose, n'oubliait pas de se donner des occasions de briller au violon, aussi bien dans ses sonates que dans ses concertos, et faisait preuve de la même générosité lorsqu'il oeuvrait pour ses brillants collègues souffleurs de l'orchestre de Dresde.
Concerto « da Chiesa » en sol mineur, pour violon, 2 hautbois et cordes, II. Allegro, par Rachel Podger & Arte dei Suonatori.À propos - contact | S'abonner au bulletin | Biographies de musiciens | Encyclopédie musicale | Articles et études | La petite bibliothèque | Analyses musicales | Nouveaux livres | Nouveaux disques | Agenda | Petites annonces | Téléchargements | Presse internationale | Colloques & conférences | Collaborations éditoriales | Soutenir musicologie.org.
Musicologie.org, 56 rue de la Fédération, 93100 Montreuil, ☎ 06 06 61 73 41.
ISNN 2269-9910.
Vendredi 5 Avril, 2024