Élisabeth-Claude Jacquet, qui devait par la suite enrichir son nom en épousant l'organiste Marin de La Guerre, « signe la première vraie success story de l'histoire de la création musicale au féminin. Mlle Jacquet est à vrai dire portée par un entourage rêvé : son grand oncle est facteur d'instruments, son père, professeur de clavecin et organiste. Surtout, chose assez rare pour l'époque, les parents Jacquet offrent à leurs deux garçons, mais aussi à leurs deux filles, une formation de musiciens accomplis. En 1673, Claude Jacquet présente à la cour de Louis xiv sa fille prodige Élisabeth. Pendant quarante ans, son talent d'interprète et de compositrice va faire le bonheur de la haute société. En 1691, le jour de la sainte Cécile, Le Mercure Galant signe anonymement une Epistre de Monsieur de Lully à Mademoiselle De La Guerre célébrant la première musicienne du monde. »1
Magnifique claveciniste, brillante improvisatrice, elle s'imposa d'abord à la cour, sous l'ombrelle de Madame de Montespan, en tant que virtuose, puis comme compositrice, cultivant presque tous les genres pratiqués à l'époque, jusqu'à l'opéra et à la cantate. C'est toutefois pour ses pièces de clavecin et pour ses œuvres de chambre qu'on retient plus particulièrement son nom aujourd'hui.
es pièces tiennent en deux Livres : le premier, de 1687, compte trente-quatre morceaux ordonnés en quatre tonalités (ré mineur, sol mineur, la mineur et fa majeur), formant autant de suites sans que le nom soit affiché ; le second, de 1707, intitulé Pièces de clavecin qui peuvent se jouer sur le violon, comporte une quinzaine de pièces seulement, regroupées à nouveau en tonalités (re mineur et sol majeur).
Dans ces suites qui restent très traditionnelles dans l'ordonnancement des mouvements, on trouve une musique « d'une grande finesse, d'un style parfois complexe avivé par la fantaisie, et d'une généreuse qualité d'inspiration. »2 Rien ici n'est à négliger, pas même les pièces de jeunesse qui renferment de vrais petits joyaux comme les trois préludes, la Tocade de la suite en fa majeur ou la très subtile chaconne dite L'Inconstante de la suite en re mineur. c'est cependant dans la suite en re mineur du second livre qu'on trouvera sans doute la musicienne à son meilleur, de l'allemande initiale, intitulée La Flamande, à la Chaconne finale.
Suite n° 1 en re mineur (1er Livre), par Blandine VerletA côté de quelques sonates pour violon et continuo (1707), le fleuron de la production de chambre d'Élisabeth Jacquet de La Guerre est certainement son recueil de six Sonates à un et deux violons avec viole ou violoncelle obligés (1695). En effet, « ces six sonates sont d'une variété d'écriture et d'une sûreté de ton qui ne les font guère pâlir à côté des concerts de Couperin (cousin d'Élisabeth). L'influence corellienne y est évidente dans le morcellement des mouvements, la multiplicité des petites structures qui donnent ses rebonds à la musique mais aussi dans le panache des dialogues instrumentaux. Les affects plus français ne manquent pas non plus, qui constituent de délicieux moments de plénitude expressive (derniers mouvements des Sonates en la mineur et en do mineur). »3
Sonate n° 2 des « Sonates à 2 violons avec viole ou violoncelle obligés », 1695, Bizzarrie Armoniche.1. Benoît Fauchet, dans « Diapason » (491) avril 2002.
2. Adélaïde de Place, dans « Diapason » (459) mai 1999.
3. Jean-Luc. Macia, dans « Diapason ».
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Lundi 1 Avril, 2024