Avouons-le : après Bach, Händel et Telemann, on a quelque mal à prendre en considération des musiciens qui pourtant, en leur temps, jouirent d'une réputation enviable, et souvent largement justifiée, dans cette Allemagne extrèmement morcelée où chaque cour princière, chaque ville digne de ce nom, entendait s'attacher les services des meilleurs. Outre Fischer et Weiss, nous en citerons six qui, à défaut d'être habités par le génie, brillèrent d'un éclat particulier, le plus souvent dans une mouvance artistique qu'on est tenté de qualifier de « telemannienne ». Ces musiques sont en effet particulièrement riches en couleurs, ce qui fait dire que, décidément, ce baroque allemand fut un vrai paradis pour les souffleurs de tout poil, à la flûte, au hautbois, au chalumeau, au basson comme au cor. Elles se signalent aussi, très largement, par un entrain et une énergie qui en font des œuvres plus pétillantes que profondes, d'un baroquisme étincelant, parfois à la limite de la frénésie instrumentale. Il est vrai qu'une part non négligeable de ce répertoire s'adressait à une formation d'exception, le fameux orchestre de Dresde, qui eut par ailleurs quelques grands « fournisseurs » étrangers comme Vivaldi et Veracini, une formation dont il n'était surtout pas question de sous-estimer les super-solistes.
Johann David Heinichen est reconnu aussi bien comme théoricien que comme compositeur, il fut incontestablement un grand maître des combinaisons sonores, au point d'établir le « concerto pour l'orchestre de Dresde » au rang de genre à part entière. Formé à Leipzig (école Saint-Thomas et université), il séjourna plusieurs années à Venise et à Rome avant d'être engagé en 1717 comme Kapellmeister à la cour de Dresde. Il y écrivit de nombreuses œuvres instrumentales et sacrées, parmi lesquelles on retient particulièrement divers concertos et quelques ouvertures. Des partitions qui, au-delà des prouesses d'invention sonore, marient admirablement les différents « goûts » (l'italien, le français, l'allemand) et ce, avec une aisance, un naturel qui donnent l'impression de musiques écrites au fil de l'inspiration, riches en surprises et – parfois - non dénuées de poésie. Mieux que tout autre peut-être, Heinichen nous rappelle quelle fête devait être à l'époque la musique pratiquée à Dresde.
Concerto en ut mineur S. 240, I. Vivace, Musica Antiqua Köln, sous la direction de Reinhard Goebel.À propos - contact | S'abonner au bulletin | Biographies de musiciens | Encyclopédie musicale | Articles et études | La petite bibliothèque | Analyses musicales | Nouveaux livres | Nouveaux disques | Agenda | Petites annonces | Téléchargements | Presse internationale | Colloques & conférences | Collaborations éditoriales | Soutenir musicologie.org.
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Dimanche 31 Mars, 2024