Le temps de Bach — Le temps de Bach en Allemagne
Ne serait-ce qu'en raison de l'influence qu'il eut sur Bach, ce musicien originaire de Bohème, qui passa apparemment le plus clair de son existence au service du margrave Ludwig Georg de Baden, mérite mieux qu'une simple citation. Reconnu comme un des grands maîtres du clavecin entre Froberger et Bach, il fut, après Muffat, un des premiers compositeurs à introduire en Allemagne le style instrumental de la suite de ballet française. Son premier opus, le Journal du printemps, publié en 1696, constitué d'airs et numéros de ballet pour orchestre dans le style de Lully, témoignait déjà d'une belle assimilation du goût versaillais.
D'une production relativement restreinte, on retient essentiellement aujourd'hui les quelques recueils qu'il a dédiés respectivement à l'orgue et au clavecin.
Les deux recueils pour orgue que Fischer a laissés ont en commun la brièveté des pièces qui les constituent, ce qui s'explique peut-être par le fait qu'elles servaient aux offices catholiques de la cour du margrave. Le moins connu des deux, intitulé Blumen-Strauss, se compose de huit suites remarquablement équilibrées, formées chacune de six fugues enserrées entre un prélude et un finale. Quant à l'autre, le fameux Ariadne musica paru en 1715, qui réunit vingt préludes et fugues avec en supplément cinq ricercari, il « est célèbre pour avoir servi de modèle au Clavier bien tempéré ; Fischer y étend à dix-neuf le nombre des tonalités explorées (vingt en comptant le mi modal du sixième prélude) : c'est le labyrinthe dont il se vante de fournir le fil. Dans le cadre exigu auquel il se restreint [….], il témoigne d'une invention inépuisable, renouvelant rythmes, figures et textures ; on perçoit sans cesse, et jusque dans cette variété, des ébauches du grand œuvre de Bach. »1
Ariadne musica, six préludes et fugues,mi majeur, fa mineur, fa majeur, faDeux recueils à nouveau, dans lesquels Fischer cultive le genre de la suite. Ce genre, il le renouvelle « à chacune des siennes ; il n'en est pas deux qui se ressemblent ; truffées, comme dit l'intitulé du premier recueil, de galanteries diverses, dont le nombre est variable et l'ordre fantaisiste, riches de suc mélodique, aussi contrastées qu'équilibrées, elles mènent directement aux suites de Bach. »2
On en trouvera une première illustration dans les huit suites du Musicalisches Blumen-Büschlein, initialement publiées (en 1696) sous le titre français de Pièces de clavecin. Mais on en prendra toute la mesure dans les neuf suites du Musicalischer Parnassuspublié en 1738, un cycle allégorique dans lequel chaque suite se présente sous le patronage d'une des muses du Parnasse. Fischer y dresse un vaste catalogue d'affects et de figures rhétoriques, avec deux moments particulièrement forts : la Chaconne finale de la sixième suite intitulée Euterpe, et plus encore la Passacaille de la toute dernière où, il est vrai, le musicien « se place sous la protection d'Uranie, muse du savoir. »3
Musicalisches Blumen-Büschlein, Suite VIII en sol majeur, par Olga Martynova.1. Guy Sacre, La musique de piano : dictionnaire des compositeurs et des œuvres. « Bouquins », Robert Laffont, Paris 1998, p. 1151.
2. Ibid.
3. Ibid.
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Dimanche 31 Mars, 2024