Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte.
III. Le temps de Bach : France - Italie - Allemagne - Autres nations
Avouons-le : après Bach, Haendel et Telemann, on a quelque mal à prendre en considération des musiciens qui pourtant, en leur temps, jouirent d'une réputation enviable, et souvent largement justifiée, dans cette Allemagne extrèmement morcelée où chaque cour princière, chaque ville digne de ce nom, entendait s'attacher les services des meilleurs. Outre Fischer et Weiss, nous en citerons six qui, à défaut d'être habités par le génie, brillèrent d'un éclat particulier, le plus souvent dans une mouvance artistique qu'on est tenté de qualifier de « telemannienne ». Ces musiques sont en effet particulièrement riches en couleurs, ce qui fait dire que, décidément, ce baroque allemand fut un vrai paradis pour les souffleurs de tout poil, à la flûte, au hautbois, au chalumeau, au basson comme au cor. Elles se signalent aussi, très largement, par un entrain et une énergie qui en font des œuvres plus pétillantes que profondes, d'un baroquisme étincelant, parfois à la limite de la frénésie instrumentale. Il est vrai qu'une part non négligeable de ce répertoire s'adressait à une formation d'exception, le fameux orchestre de Dresde, qui eut par ailleurs quelques grands « fournisseurs » étrangers comme Vivaldi et Veracini, une formation dont il n'était surtout pas question de sous-estimer les super-solistes.
Johann Friedrich Fasch (1688-1758). Bach montra de l'intérêt pour ses œuvres en recopiant cinq de ses suites pour orchestre. Voilà qui suffit à attiser la curiosité à l'égard de ce musicien qui, lui aussi, passa par l'école Saint-Thomas et l'université de Leipzig, puis voyagea beaucoup avant de se fixer comme Kapellmeister à la cour du prince d'Anhalt-Zerbst où il allait terminer sa longue et brillante carrière. Dans sa très vaste production, qui couvre tous les genres, on compte un grand nombre d'ouvertures (ou suites) et de concertos, ainsi que des symphonies pour cordes et des sonates en trio ou en quatuor. Souvent comparée à celle de son ami Telemann, la musique de Fasch, d'un baroquisme assumé et souvent pétillant, mais parfois sombre, rugueuse et tourmentée, s'élève rarement au niveau du chef-d'œuvre, mais de nombreuses pages enrichissent de façon heureuse notre connaissance de la production qui s'échangeait alors entre diverses cours princières allemandes.
Suite orchestrale en sol mineur K :g2, pour 3 hautbois, basson et cordes, I. Ouverture, II. Aria. Largo, III. Jardiniers, IV. Aria. Largo,
Michel Rusquet
2013
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Mardi 13 Avril, 2021