Né à Paris dans une famille d'organistes et de clavecinistes, il s'imposa lui-même comme organiste, notamment à Saint-Merry et à la Chapelle royale, et au moins autant comme claveciniste. C'est d'ailleurs au clavecin qu'il a dédié une large part de ses compositions, à travers six recueils, dont trois livres de jeunesse, composés entre 1704 et 1720, qu'il allait visiblement renier par la suite puisqu'il choisit de publier les trois suivants (1724, 1728 et 1734) sous les titres de Premier, Second et Troisième Livres de pièces de clavecin
Ces trois livres comptent dix-neuf suites pour un total d'environ cent cinquante pièces : l'abondance même de cette production pour clavecin suggère déjà que Dandrieu entendait marcher dans les traces de Couperin, ce que semble confirmer une forme de mimétisme dans le choix des titres de ses pièces. Cependant « les deux univers sont foncièrement différents. Peu de pièces luthées chez Dandrieu, qui a le contrepoint plus ferme, le trait plus continu et les plans plus tranchés; son style, celui d'un maître artisan qui pourrait en remontrer aux autres, y gagne une netteté particulière (on l'a comparé tantôt à celui des Allemands, tantôt à celui des Italiens), mais le sacrifice du flou et de l'approximatif lui ôte une bonne part de poésie. »1 Et de fait, malgré les qualités nombreuses de ces pages (surtout dans les deux premiers livres), malgré la présence de véritables perles comme La Plaintive, L'Harmonieuse, L'Agitée, La Lyre d'Orphée ou Les Tendres Reproches, le musicien ne saurait prétendre nous emporter sur les mêmes cimes que le grand Couperin.
Jean-François Dandrieu, La Lyre d'Orphée, (1re Suite du 2e Livre de clavecin), Betty Bruylants.On doit également à Dandrieu deux recueils de sonates pour violon ainsi qu'un divertissement orchestral intitulé Les Caractères de la Guerre, et surtout une œuvre d'orgue qui, bien qu'inégale comme ses pièces pour clavecin, compte quelques-unes des plus belles pages d'orgue françaises du XVIIIe siècle. On pense ici en premier à son unique Livre d'orgue, marqué par un bel équilibre entre science de l'écriture et séduction, où l'on retient en particulier certains Offertoires et plus encore un merveilleux Récit de trompette séparée ou de cromorne en la mineur. En outre, ne serait-ce que pour l'attrait haut en couleurs de ce genre si populaire à l'époque, on ne dédaignera pas de faire un détour par son Livre de Noëls, un opus largement posthume dont une partie est faite de pièces écrites par l'oncle de la famille, l'abbé Pierre Dandrieu, et remaniées par notre musicien.
Jean-François Dandrieu, Extraits du Livre d'orgue. Plein jeu du 1er ton, Duo en cor de chasse, Basse et dessus de trompette, Offertoire, André Isoir, orgue de Saint-Séverin de Paris.Notice biographique de Jean-François Dandrieu dans musicologie.org.
Note
1. Guy Sacre, La musique de piano, Robert Laffont, 1998, p. 889.
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Samedi 30 Mars, 2024