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Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte.

I. De la Renaissance au premier xviie siècle : Italie

Quelques compositeurs italiens du xviie siècle

Vincenzo Capirola (1474-1548) ; Francesco Canova Da Milano (1497-1543) ; Albert de Rippe, ou da Ripa (v.1500-1551) ; Alessandro Piccini (1566-v.1638) ; Vincenzo Ruffo (v.1508-1587) ; Ercole Pasquini (v.1550-v.1610) ; Girolamo Cavazzoni (v.1520-v.1577) ; Giovanni Paolo Cima (v.1570-v.1622)

Francesco Canova da Milano (1497-1543).

On se doit de citer quelques autres compositeurs transalpins qui ont eux aussi contribué à l'essor du répertoire instrumental pendant cette longue période allant jusqu'au premier tiers du xviie siècle.

Mentionnons en premier deux musiciens qui inaugurent la grande génération des luthistes de la Renaissance : Vincenzo Capirola (1474-1548), qui fut un précurseur avec son Livre de luth, et Francesco Canova da Milano, dit « Il divino » (1497-1543), dont les ricercari et fantasie sont reconnus comme des joyaux de ce répertoire.

Vincenzo Capirola, Padoana descorda, par Trond Bengtson (luth).
Francesco Canova da Milano, Ricercar 51, par Trond Bengtson (luth)
Francesco Canova da Milano, Fantasia 30, Paul O'Dette (luth).

Et à ces deux pionniers (car dans cette spécialité les Italiens furent réellement en pointe), on se doit d'ajouter deux noms : celui d'Albert de Rippe (v.1500-1551), ce grand luthiste de Mantoue qui devait s'illustrer plus tard à la cour de François 1er et dont les 26 fantaisies sont, dit-on, d'un intérêt majeur, et celui d'Alessandro Piccini (1566-vers 1638), un Bolognais qui « fut l'un des principaux acteurs de l'école italienne de luth, au début du xviie siècle, à travers une triple démarche de compositeur, de virtuose et de luthier passionné par les possibilités expressives de son instrument, le chitarrone, ou théorbe à quatorze chœurs. Des préoccupations que l'on retrouve au cœur de son Intavolatura di liuto e di chitarrone, libro primo (1623).»1 Albert de Rippe,Fantasia xvi, parHopkinson Smith (luth)


Alessandro Piccini, Toccata, par Jakob Lindberg (théorbe).
Alessandro Piccini, Ciaccona & Romanesca, par Rafael Bonavita (théorbe)

Citons également le Véronais Vincenzo Ruffo (v.1508-1587) qui, avant de se consacrer entièrement à la musique religieuse, publia en 1564 un recueil de Capricci in musica a tre voci fort intéressant, posant « l'un des premiers (et importants) jalons dans la destinée d'un genre qui, plus de trois siècles durant, va désigner une composition libre, fruit de la seule imagination de l'auteur, qu'il s'appelle Frescobaldi ou Paganini.»2

Vincenzo Ruffo, La Gamba in Basso e Soprano, Hespérion xxi, sous la direction de Jordi Savall.

Autre méconnu : Ercole Pasquini (v.1550-v.1610, à ne pas confondre avec son homonyme Bernardo). Il fut le prédécesseur de Frescobaldi en tant qu'organiste à Saint Pierre de Rome et, dans ses œuvres pour clavier, il évoque fortement celui-ci mais en allant peut-être plus loin encore dans la liberté et la fantaisie. On pense qu'il a fréquenté Gesualdo, ce qui pourrait expliquer certaines facettes de son art.

Ercole Pasquini, Toccata, Durezze, Toccata, par Rinaldo Alessandrini (orgue).

En outre, on s'en voudrait de ne pas citer cet autre organiste, Girolamo Cavazzoni (v.1520-v.1577), dont le nom est parfois évoqué au titre de son recueil de 1542 contenant, à côté de diverses transcriptions, des canzoni, toccate et messes pour orgue.

Girolamo Cavazzoni, Ricercar II, Simone Stella (orgue).
Girolamo Cavazzoni, Canzon sopra « Falt d'argens », Simone Stella (orgue).

Enfin, connaissant l'essor que devait connaître le violon en Italie, comment ne pas citer le grand précurseur que fut Giovanni Paolo Cima (v.1570-v.1622) avec ses Sonate per violino e violone publiées en 1610. Il aurait écrit la toute première sonate pour violon seul de l'histoire, et il passe pour être le premier à avoir conféré à l'instrument un langage propre qui lui faisait encore défaut en ces temps où, dans une majorité de compositions, le violon restait interchangeable avec d'autres dessus comme le cornet. Il est vrai qu'à la fin du xvie siècle était apparue à Brescia – en attendant Crémone - une première génération de brillants luthiers, ce qui ne pouvait qu'exciter l'imagination des compositeurs.

Giovanni Paolo Cima, Sonata, par l'Ensemble Romanesca.
Giovanni Paolo Cima, Sonata, par Giovanni Antonini et Il Giardino Armonico.

Notes

1. Tellart Roger, dans « Diapason » (512), mars 2004.

2.  Ibid., (430), octobre 1996.

Michel Rusquet
2012
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