Opéra de Massy, 9 novembre 2012, par Frédéric Norac
De cette production importée de Toulouse où elle fut créée en 2001, reconnaissons qu'elle décline habilement son concept de base. Un vieil album photo tout en monochrome sépia qui transpose l'opéra de Donizetti dans l'Italie des années 1900.
Le résultat est charmant et pittoresque, mais par définition un peu statique, paradoxalement plus encore dans les scènes d'ensemble du premier acte où l'approche d'Arnaud Bernard reste essentiellement décorative. Il faut attendre les scènes intimes de l'acte II pour que le plateau s'anime et que le metteur en scène nous implique un peu plus dans cette comédie sentimentale et parfois un rien douce-amère.
Cependant, est-ce le fait d'un plateau encore jeune dont le protagoniste le plus âgé ne doit guère avoir dépassé les trente-cinq ans, si l'on sourit volontiers aux péripéties comiques de ce faux élixir d'amour habilement troussées par Scribe, on n'est guère ému par une intrigue qui devrait pourtant nous toucher.
Il est vrai que le couple vedette reste un peu en deçà de ce qu'il faudrait pour nous convaincre tout à fait. Il s'en faut de peu pour qu'en Adina, Clémence Barrabé ne soit tout à fait le personnage, car elle possède une voix de lyrique léger singulièrement brillante et prometteuse. Mais elle paraît souvent en retrait en termes d'engagement scénique. Si le chant est impeccable, l'émotion peine à naître et il faut attendre son ultime duo avec Nemorino pour qu'elle donne enfin toute la mesure de ses potentialités.
Leonardo Cortellazzi possède un agréable naturel de ténor léger, mais ne semble pas au meilleur de sa forme. Il fait valoir un style irréprochable dans le fameux « Una furtiva lagrima » mais dans l'ensemble le médium manque un peu de présence et son Nemorimo de lyrisme.
De fait, la représentation est largement dominée par le Dulcamara de Gezim Myshketa que la mise en scène métamorphose, après son air d'entrée, en clown blanc accompagné de son Auguste. Ce jeune chanteur albanais de tout juste 30 ans, apporte à son personnage les qualités vocales d'un baryton de grande classe, avec un mordant et une maîtrise du chant syllabique exemplaire. Nous sommes loin, avec ce brillant interprète, des basses bouffes sur le retour souvent distribuées dans le rôle. Non seulement le timbre est splendide, l'articulation parfaite, mais l'incarnation et la présence scénique font de lui le personnage central de l'intrigue dont chacune des apparitions relance l'intérêt. Un talent à suivre qui ne tardera pas à faire parler de lui.
Dans le rôle plus épisodique de Belcore, Joan Martin-Royo fait valoir un timbre intéressant et séduit immédiatement dans son air d'entrée, mais il ne peut certes rivaliser avec lui par la suite en termes de présence. Patricia Santos en Giannetta complète agréablement la distribution.
À la tête de l'orchestre national d'Île-de-France et des chœurs de l'Opéra d'Avignon, renforcés par les chœurs supplémentaires de l'Opéra de Massy — ce qui ne s'imposait peut-être pas dans une salle de cette taille — Antonino Fogliani — remplaçant Roberto Brizzi Brignoli —, dirige une version énergique, que l'acoustique un peu sèche de la salle expose singulièrement.
Frédéric Norac
9 novembre 2012
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Lundi 30 Janvier, 2023