Mamadou Koïta.
Comme l'explique en ouverture Jean Claude Lemenuel, l'instigateur depuis une douzaine d'années de ce rendez-vous annuel du Théâtre de Caen, cette 19e nuit est spéciale dans la mesure où un concours de circonstances a fait que quatre concerts sur cinq nous emmènent. en Afrique, dont trois au Congo. Alors que d'habitude, les musiciens régionaux, ou invités, qui viennent nous présenter leur culture natale sont plus divers.
Mamadou Koïta, du Burkina Faso, né dans une famille de griots venus du Mali, y a appris tout jeune à chanter, conter et fabriquer. Seul sur scène, avec une présence de chanteur et de musicien très forte, il s'accompagne avec brio en se coulant derrière chacun des instruments qu'il a fabriqué lui même, et nous les présente : le ngoni, luth à six cordes traditionnellement, mais le sien en a dix, le balafon du Burkina, pentatonique, et celui de Guinée Conakry, diatonique.
Viennent ensuite deux congolais qui se sont rencontrés en Normandie, le danseur, chorégraphe, chanteur et tambourineur Aimé Kifoula et le musicologue Ne Nkamu Luyindula, chanteur, et jouant du xylophone ntenda ou de la lyre ngoma. Entre chants, contes et histoires, c'est toute une autre facette de l'Afrique musicale qui nous est dévoilée avec humour.
Aimé Kifoula.
Ne Nkamu Luyindula.
Puis la « Grâce » de Kinshasa débarque en cortège ululant, dix choristes dont le chef de choeur et musicologue Ambroise Kua Nzamby Toko, deux guitaristes, un maître tambour et le xylophoniste du duo précédent qui les a rejoint pour l'occasion. Une belle énergie chantante et percutante dans une mise en scène colorée, des arrangements vivants et une grande complicité avec le public. La chorale, après plusieurs concerts en Normandie jusqu'au 15 juin, continue sa tournée en France.
Après l'entracte, un grand moment d'émotion avec le beau duo Shak Shakembo-Elodie Saint (chant, danse et petites percussions). Guitariste et chanteur entre tradition, jazz et folk, le musicien congolais, après un début de carrière très prometteur, est venu s'installer dans notre région pour se remettre d'un accident, 0ù, aidé par le FAR, l'agence musicale régionale, il revient à la scène pour perpétuer la tradition de la rumba congolaise, devenue universelle après son adoption à Cuba. C'est de cette manière très douce et intimiste qu'il nous a aussi chanté Le Métèque, en hommage au grand Moustaki.
Shak Shakembo. Photographie © Virginie Meigné.
Enfin, retour en Europe et en Roumanie avec le Taraf Doïna Botoca, un quartet régional mené par Marius Andreï au violon pour faire connaître la doïna, cette musique de Roumanie qui hésite entre la mélancolie et la vivacité tsigane. Deux violons, une contrebasse et un vibraphone, instrument un peu imprévu mais fort bien venu dans ce contexte, avec des accords amples, ou des envolées lyriques virtuoses, qui, pour ceux qui voyaient Ronan Quellen de profil, se traduisaient par un étrange mouvement cinétique continu des boules colorées des mailloches du vibraphoniste.
Merci encore au FAR pour ce beau voyage immobile. La 20e nuit n'aura pas lieu la saison prochaine, pour cause de travaux dans le Théâtre. Mais cinq concerts de musique du Monde seront donnés « hors les murs », en attendant leur retour dans les foyers la saison suivante.
Alain Lambert
31 mai 2013
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