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Jean-Marc Warszawski, 29 avril 2011.

Duo Violon Piano : mémoire et présence d'un genre

Duo Violon Piano. Mémoire et présence d'un genre. Textes recueillis, présentés et publiés par Gérard Streletski. Collection « Études », Créée par Denis Le Touzé et Gérard Streletski. Publication du Département Musique et Musicologie, Université Lumière-Lyon 2. [256 p. ; ISBN : 978-2-9527137-2-6 ; 25 €]

La 7e cession du Concours de musique de chambre de Lyon vient de s'achever. Cette manifestation, dynamisée au cours des ans par ses créateurs, Joël Nicod et David Pastor, campe maintenant, bien installée, dans le paysage musical français et international.

À la demande de ses animateurs musiciens, un colloque de musicologie à été dès le début parallèlement instauré. Gérard Streletski, enseignant-chercheur à l'Université Lumière-Lyon 2 est chargé de son organisation.

Ce livre témoigne du colloque tenu lors du 4e concours de musique de chambre de Lyon de 2007, consacré au duo violon et piano. On note un certain retard calendaire, qui sera peut-être progressivement résorbé, le département de musicologie de l'Université Lumière-Lyon 2 ayant pris lui-même en charge les travaux d'édition.

Six communications composent l'essentiel du contenu de ce livre très attractif par la galerie des compositeurs qui y sont mis à l'honneur : Anton Webern, bien connu comme l'un des trois larrons de la seconde école de Vienne, maître en raffinement de la petite forme ; Georges Enesco, violoniste exceptionnel, mais aussi pianiste, chef d'orchestre, et compositeur ayant des chefs-d'œuvre à son actif, dont l'opéra Œdipe ; Olivier Greif, immense et singulier musicien disparu trop tôt en 2000 ; Lucien Durosoir, plus singulier encore, a enterré sa carrière de violoniste virtuose dans les tranchées de la Grande Guerre, puis s'est exilé au fin fond des Landes, pour y composer et n'être pratiquement jamais joué.

Mais histoire oblige. Frédéric Gonin, une pléiade d'exemples sous le coude, à la recherche des origines et des filiations, veut démontrer que les évidences n'en sont pas, que la sonate pour violon et piano de type classique, celle ou les voix échangent le matériel thématique à égalité, n'a pas ses origines dans ses homologues anciennes, ni dans tout ce qui peut ressembler aux amours du violon et du clavier, mais plutôt dans la sonate pour piano seul qui prend ses quartiers dans les années 1720.

Denis Le Touzé montre comment Anton Webern, à partir de ses Vier Stücke, opus 7, pour violon et piano, particulièrement les nº i et iii, deux pièces lentes (opposées aux ii et iv exubérantes),  organise dans ses petites formes épurées des années 1909-1914, le passage très structuré de la tonalité vers un autre monde d'organisation des hauteurs. Pour l'auteur, il s'agit, dans les deux pièces étudiées, d'un dernier regard — sans nostalgie — à l'héritage tonal.

Anne Penesco s'attache aux œuvres pour violon et piano de Georges Enesco, étonnement peu nombreuses pour ce maître de l'instrument. Toutefois, la Troisième sonate et Impressions d'enfances sont des chefs-d'œuvre du genre, unanimement reconnus. L'auteur caractérise les œuvres, les inscrit dans les épisodes biographiques du compositeur, les témoignages des contemporains et le mouvement du temps.

Deux articles sont consacrés à Lucien Durosoir. Après la publication de plusieurs cd et l'apparition de ce compositeur encore assez énigmatique au concert, voilà qui ouvre d'autres voies complémentaires de connaissance. Gérard Streletski livre une biographie des plus documentées qui soit pour le moment. Le chercheur sait combien il est difficile d'accéder aux archives familiales, et quand il y accède, il sait qu'il n'y trouvera pas ce qu'on en a retiré à la curiosité extérieure.

Isabelle Bretaudeau, de son côté, ouvre la partition de Le Lis, sonate pour violon et piano de Lucien Durosoir, et nous propose d'aller à la recherche des principes ou des gestes qui ont conduit la composition de cette œuvre. La somptueuse, délicate, parfois terrible musique de Lucien Durosoir est encore énigmatique. Musique contrapuntique complexe, elle est à la fois « familière et déroutante ». On est ici dans quelque chose d'inaugural pour ce qui concerne la connaissance de l'œuvre de ce compositeur.

Enfin, Brigitte François-Sappey nous raconte les œuvres pour violon et piano mêlées à la vie d'Olivier Greif, musicien surdoué, à la musique singulièrement expressive et dramatique, personnage attachant. Particulièrement méticuleux (comme l'est aussi Lucien Durosoir), il tient un journal, y retranscrit les lettres qu'il envoie. Cela constitue une source rare pour suivre son travail musical.

Jean-Marc Warszawski
29 avril 2011

Au sommaire de ce livre

David Pastor, Préface.

Jury du concours de musique de chambre de lyon 2007.

Palmarès du Concours.

Gérard Streletski, Avant-propos.

Frédéric Gonin, La sonate pour violon et piano : la question des origines.

Denis Le Touzé, L'Opus 7, n° I et II pour violon et piano de Webern : l'adieu au pays tonal.

Gérard Streletski, Lucien Durosoir : l'histoire au présent.

Isabelle Bretaudeau, Sonate pour violon et piano  « Le Lis »  de Lucien Durosoir : les fondements pluriels d'un langage singulier.

Anne Penesco, L'œuvre pour violon et piano de Georges Enesco.

Brigitte François-Sappey, Olivier Grief (1950-2000) - Les œuvres pour violon et piano : « Le rencontre des eaux ».

Source, bibliographie et alii.

Index.


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