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Carl Czerny : Nocturnes

Carl Czerny, Nocturnes, par Isabelle OehmichenCarl Czerny, Nocturnes, Isabelle Oehmichen, Piano. Éditions Hortus 2010 (HORT 074).

Sur ce cédé figure l'intégrale des nocturnes composés par Carl Czerny, les 8 de l'opus 368, les 8 de l'opus 604, et le nocturne intitulé La Reine, l'opus 647.

Le Nocturne op. 647 était déjà relativement connu, ou n'était pas tout à fait inconnu. Isabelle Oehmichen a eu l'idée d'y aller voir de plus près : n'y en aurait-il pas d'autres, de ces Nocturnes de Czerny ?

Chez les pianistes, on entend dire parfois qu'on a joué l'intégrale des œuvres de Czerny. C'est une boutade, mais une boutade ambigüe, qui dit qu'on a abondamment joué ses incontournables avalanches d'exercices, qu'on a été un bon élève appliqué, et qui tend aussi à cantonner Carl Czerny au seul rôle de maître d'école, aussi génial que peut être le maître. D'un autre côté, cela peut faire sourire, parce que son œuvre est un océan de plus de 1000 compositions, du premier « do ré mi fa sol fa mi ré do » des cinq doigts enfantins, à la grande œuvre brillante de concert, de tous les doigts, surtout de ceux, qui semblent alors manquer.

Or, Czerny, enfant prodige, virtuose, élève privilégié de, et admiré par Beethoven, est un très grand compositeur du classicisme romantique. Professeur de Franz Liszt, l'exploration virtuose du piano ne le mène pas, comme elle mènera son élève, vers des contrées musicales nouvelles, mais il longe toutefois des frontières.

Ce à quoi on ne s'attend pas — la même chose pour Alkan, est que la virtuosité, le brillant recherché, pour quoi Czerny développe une énergie pédagogique hors les normes, va de pair avec une belle musicalité.

Pas dégoûtée par les milliers d'heures d'exercices à la Czerny, qui l'ont accompagnée jusqu'à ses diplômes et salles de concert, Isabelle Oehmichen à donc eu la bonne idée d'y aller voir.

Sa fouille dans la poussière des bibliothèques et le labyrinthe des catalogues, ont ramené un opus 368 de 8 Nocturnes, et un opus 604 de 8 autres Nocturnes, beaucoup plus virtuoses.

Il y a intérêt musical particulier. On pense à des Valses, des Fantaisies, des Variation, ou autres pièces  « brillantes » — Czerny en a abondamment composées, mais certainement pas à des Nocturnes brillants, imaginez une « Grande berceuse de concert » (cela arrive parfois sans prévenir).

Il y a donc un conflit entre le sentiment musical du genre, et ce que le pianiste veut montrer du piano. Il y a des passages qui ne laissent pas le choix, surtout dans les Nocturnes de l'opus 604, qui sonnent parfois comme des mouvements de sonate, ainsi le nº 13, « L'Excuse ».

Isabelle Oehmichen cultive une belle sonorité ronde, somme toute assez veloutée, peut-être aidée par l'ingénieur du son. Si elle sait cogner les touches — « il le faut parfois », dit la partition, et pas qu'un peu et vite, elle n'emporte pas le trait : la fureur sportive du matin, quand elle s'anime, reste empreinte d'une espèce de distance tranquille comme on imagine le nocturne, qui ferme la porte, mais pas tout à fait, à l'agitation du monde.

À l'âge de dix-sept ans, après une fracture à la cheville qui met fin a ses espoirs de danseuse, Isabelle Oehmichen décide de se casser les poignets au piano, notamment avec les exercices de Carl Czerny. Elle est Premier Grand Prix 1989 du Concours de Piano Milosz Magin et Lauréate 1993 de la Fondation Georges Cziffra.

Elle débute comme pianiste à l'Opéra de Paris. Elle donne de nombreux récitals, des concerts en musique de chambre ou avec orchestre. Elle participe à des émissions de radio et de télévision, en Pologne et en Hongrie. Elle a enregistré des œuvres de Chopin, Magin, Sauguet, Collet, Liszt, des concertos avec orchestre de Weiner, Wissmer, Mozart, Dohnanyi. Elle est aussi directrice artistique d'une association musicale franco-hongroise à Paris. Elle a créé avec le chef d'orchestre Richard Weninger, une Académie internationale d'été de musique de chambre à Budapest. Elle est à l'origine du Trio Primavera (piano, violon et violoncelle) qui se produit en France et en Hongrie.

Biographie de Carl Czerny

1-8, Huit Nocturnes opus 368 (premier enregistrement mondial), n° 1, en mi majeur, n° 2, en mi bémol majeur, n° 3, en la bémol majeur, n° 4, en ré bémol majeur, n° 5, en mi majeur, n° 6, en la mineur, n° 7, en si mineur (en forme de rondeau), n° 8, en si bémol majeur.

9-16, Huit Nocturnes opus 604 (premier enregistrement mondial), n° 1, L'Hommage, n° 2, Le Désir, n° 3, Le Persuasion, n° 4, La Colère, n° 5, L'Excuse, n° 6, La Consolation, n° 7, La Méditation, n° 8, La joie.

17, nocturne  La Reine , opus 647, en mi bémol majeur.


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Lundi 5 Février, 2024