Jean-Nicolas Diatkine Salle Gaveau, mercredi 25 novembreJean-Nicolas Diatkine. Photographie © D. R. Les miroirs de l'âme Se reconnaître soudain, au détour d'une phrase musicale que l'on a entendu de nombreuses fois, sans même l'écouter volontairement, et en comprendre soudain le sens intime : L'œuvre vous a saisi. Peu importe nos tentatives d'en restituer l'essence objective, elle nous possède en dehors de toute volonté. Ainsi, la Chaconne pour violon de Bach a fusionné avec la personnalité de Busoni, de telle sorte qu'il ne s'agit plus là d'une simple transcription, mais d'une véritable mutation dans laquelle on retrouve pourtant tous les éléments originels qui sont devenus les racines d'un nouvel arbre... Mercredi 25 novembre 20h30 Jean-Nicolas Diatkine Bach (1685 - 1750) Schubert (1797 - 1828) Debussy (1862 - 1918) Chopin (1810 - 1849) Liszt (1811 - 1886) Schumann (1810 – 1856) Le chef d'orchestre Wilhelm Fürtwängler associait volontiers Bach à ce qui "est" et Beethoven à ce qui "devient". Alors on pourrait dire de Schubert qu'il est les deux à la fois : Seule change la vie qui se déroule autour de lui, alors qu'il reste en lui-même inchangé. C'est pour moi le sens symbolique du thème du voyageur (Der Wanderer) que l'on retrouve très souvent dans sa musique. L'impromptu opus posthume en mi bémol majeur (ici dans sa version corrigée et abrégée par Schubert dans le manuscrit original) n'y fait pas exception. Aujourd'hui, dans notre imaginaire, voyager n'est plus descendre le Rhin, ou découvrir l'orient, mais bien visiter une autre planète ! Dans la question de savoir qui seront les compositeurs principaux de ce nouveau monde lointain, il est clair que Debussy a déjà pris par anticipation une place de choix. Ces deux préludes, Voiles et Le Vent dans la Plaine, révèlent comment il nous fait franchir la barrière de la pesanteur tonale sans pour autant perdre sa cohérence poétique et ses racines bien terriennes, alliant une grande sensualité avec un sentiment d'étrangeté qui ne s'affaiblit jamais, bien que les œuvres de ce compositeur fassent maintenant partie de notre patrimoine auditif, après avoir choqué les oreilles de ses contemporains jusqu'au scandale. Jean-Nicolas Diatkine
© musicologie.org 2015 Mardi 3 Novembre, 2015 0:29 |
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