Don Juan ou le débauché puni
Maquette de décor pour Don Giovanni, par Anton Brioschi et Alfred Roller, 1905, Theatermuseum Wien.
Musique de Wolfgang Amadeus Mozart, sur un de Lorenzo Da Ponte d’après l’opéra Don Giovanni Tenorio de Giuseppe Gazzaniga et Giovani Bertali, lui-même d’après la pièce El burlador de Sévilla de Tirso de Molina, créé en 1787, Prague, Théâtre des États.
Don Giovanni, aristocrate débauché secondé par son valet Leporello, tente de coucher avec toutes les femmes par tous les moyens, et en particulier avec l’aristocrate donna Anna et avec la paysanne Zerlina. Il ira même jusqu’à la tentative de viol. Ce qui génère tôt ou tard la soif de vengeance de celles-ci et de leurs prétendants, don Ottavio et Masetto, ainsi que de donna Elvira — avec qui don Giovanni a déjà couché et dont il voudrait être débarrassé… Finalement ce sera la statue du père de donna Anna, le commandateur, assassiné par le propre don Giovanni, qui viendra chercher le débauché pour l’emmener en enfer.
C’est curieux, j’ai souvent entendu le mot « nymphomanie » par rapport à tel ou tel personnage historique (Catherine II de Russie, ou la reine Margot, par exemple), mais j’ai rarement entendu le mot « priapisme » quand il s’agissait de leurs pendants masculins (Henri IV de France et de Navarre, par exemple). De fait, dans ces derniers cas la tendance est plutôt à utiliser le mot « grand séducteur »…
C’est le cas donc du « grand séducteur » par excellence : don Giovanni. Aujourd’hui les médecins diraient simplement qu’il a une addiction au sexe. De toute évidence. Le fameux air du catalogue est là pour le montrer. Un air qui devait paraître hyperbolique dans son temps, mais que les performances des stars du porno semblent avoir réduit à du « pur amateurisme » (John C. Holmes affirmait avoir couché avec 14.000 femmes !).
Maquette de costume pour Don giovanni, par Alfred Roller, 1905, Theatermuseum Wien.
Quoiqu’il en soit, ses efforts pour conquérir encore une autre et une autre et une autre, sont un des moteurs de l’action. L’autre c’est la vengeance, bien entendu, mais ce sont les efforts renouvelés de drague de don Giovanni qui relancent à leur tour les volontés de vengeance, autant de donna Elvira que de donna Anna et de don Ottavio et même de Masetto.
Ces efforts de drague donnent lieu à cette petite merveille, toute en délicatesse qu’est la sérénade Deh vieni alla finestra, en honneur d’ailleurs d’un personnage qui ne chante pas — et que le public n’a même pas besoin de voir. Ils donnent lieu à la superbe confusion de la fin du premier acte, au charmant et célébrissime duo Là ci darem la mano, à l’excitation nerveuse devant les énormes perspectives avec Fin ch’an dal vino, ou au superbe quatuor de l’acte I… Sans compter le dramatisme de la toute première scène, évoquée dans le chapitre « viol ».
Wolfgang Amadeus Mozart, Don Giovanni, « Deh! Vieni alla Finestra », par Dmitri Hvorostovsky.Dans Don Giovanni, ce n’est pas une histoire d’amour qui est racontée, mais bel et bien une histoire de sexe. Avec un maximum de filles.
Ce qui peut bien faire rêver encore pas mal de garçons. Et même certaines filles…
Voir : chapitre viol »
Frédéric Léolla
15 juin 2025
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Samedi 14 Juin, 2025 22:54