7 mars 2025 — Frédéric Léolla
Crépuscule des dieux
Musique de Richard Wagner, sur son propre livret, d’après les sagas germaniques et scandinaves, créés en 1876, Palais des Festivals, Bayreuth.
Hans Rüdiger dans le rôle de Mime de Siegfried, Théâtre de la cour de Dresde, 1910. Photographie d'Ernst Müller, 1910. (carte postale). Deutsche Fotothek.
Dans l’opéra précédent, La Walkyrie, Brunhilde a été punie par son père le dieu Wotan et condamnée à devenir une simple mortelle et à épouser le premier homme qui la rencontrera. Mais, pour éviter que cet homme soit un monsieur Tout-le-Monde, Wotan a entouré sa fille endormie d’un mur de flammes. Or, dans Siegfried, le héros qui dépasse ce mur de flammes et qui tombe sur Brunhilde endormie, celui qui va en faire sa femme, au grand contentement de la dite femme, n’est autre que Siegfried, fils de Sieglinde et Sigmund, sœur et frère tous les deux issus de Wotan et donc respectivement demi-sœur et demi-frère de Brunhilde de par leur père (voir Die Walküre).
Illustration d'une scène de l'opéra Götterdämmerung de Richard Wagner : les jeunes mariés Gunther et Brünnhilde et Siegfried et Gutrune traversent une foule en tenue de fête, par Heinrich Hoffman, après 1905.
Eh oui, techniquement, de par son père, Brunhilde est la tante de Siegfried. Pour moins de ça, Garcia Marquez colle une queue de cochon au dernier né de la saga de Cent ans de solitude !
Wagner, lui, va au-delà de ces broutilles. Il édifie au contraire une superbe histoire d’amour pour ses deux héros. Et nous spectateurs sommes émus et heureux le long du dernier tableau de Siegfried, celui de la rencontre entre tante et neveu, où ils expriment leur amour de la vie et leur amour l’un pour l’autre, dans un duo splendide. Et cette belle relation d’amour sera le moteur de l’action tout le long du Crépuscule des dieux, sans donner la moindre importance au caractère incestueux de la relation.
Avant le sexe « Sei meine » / « sois mienne », dans Siegfried, puis après le sexe « Er zwang mir Lust und Liebe ab » / « il m’a donné plaisir et amour » dans Gotterdämmerung, sont des phrases qui ne prêtent pas à équivoque.
Siegfried, la forge, Orchestre du festival de Bayreuth, Manfred Jung (Siegfried), Heinz Zednik (Mime), sous la direction de Pierre Boulez. Frédéric Léolla
7 mars 2025
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Vendredi 7 Mars, 2025 2:39