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2025 — Frédéric Léolla

Hors Mariage

Sexe et opéra (X.14) : La Dolorosa

La Vierge des douleurs

Virgen Dolorosa, anonyme, Museo de Bellas Artes de Córdoba.Virgen Dolorosa, anonyme, Museo de Bellas Artes de Córdoba.

Musique de José Serrano, sur un livret de Juan José Lorente, créée en 1930, Valencia, Teatro Apolo.

Le moine Rafael, chargé de peindre le visage de la Vierge des Douleurs, rencontre par hasard Dolores, la femme dont il était amoureux avant d’entrer au couvent. Maintenant elle a un enfant, un nourrisson dont le père a refusé de se marier. Pour éviter la honte de Dolores, pour éviter l’injustice qui serait commise sur l’enfant né hors du mariage, Rafael, réclamé par la vie et par l’amour, décide de quitter le couvent avec le consentement du prieur, et de partir avec Dolores.

Encore un exemple de fille-mère. Et en plus un moine en tombe amoureux. C’est vraiment osé pour l’Espagne de 1930. Pourtant cette zarzuela a été un franc succès, et sa romance pour ténor (« La roca fría del calvario ») continue d’être une des plus populaires parmi les ténors espagnols.

Scénographie de La Dolorosa par Roberto Carpio, Teatro Lara, Madrid, 1975.

La Dolorosa, « La Roca Fría del Calvario », Alfredo Kraus, Orquesta Sinfónica de Tenerife, sous la dirfection de Víctor Pablo Pérez.

Le sens mélodique du maestro Serrano en effet était plus que remarquable. Pas toujours très fin, mais toujours très efficace. On ne peut que saluer donc une œuvre qui, grâce à ses mélodies, a réussi à faire avaler à la très catholique et passablement conservatrice société espagnole de l’époque que les protagonistes soient complètement hors norme. Une œuvre où l’on peut même sous-entendre un vague parallélisme entre la fille-mère protagoniste et la propre Vierge Marie. Il fallait oser ! Et cela sans provocation. D’autant plus qu’il s’agit d’une œuvre bel et bien destinée aux plus larges publics, et non à une poignée d’intellectuels en révolte. Un pas donc en avant pour la tolérance et la libéralisation de mœurs soutenue par des mélodies redoutablement efficaces.

L’œuvre a donné lieu à une version cinématographique d’une grande beauté réalisée en 1934 par Jean Grémillon.

 

plume_04 Frédéric Léolla
17 février 2025

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