Michaël Sebaoun, 10 mai 2025 –—
Chevalier de Saint-Georges, Sonates pour piano, par Mylène Alexis-Garel, sonates en mi b majeur, sol mineur, ré majeur, ré majeur, fa mineur, do majeur, fa majeur, do majeur, Passavant musique 2024.
Née à Point-à-Pitre en Guadeloupe dans une famille de musiciens, la pianiste Mylène Alexis-Garel a étudié à l’École normale de musique de Paris, en menant parallèlement une réflexion sur l’esthétique musicale créole dans le cadre d’une thèse de doctorat à l’Université de Paris IV Sorbonne. Elle enseigne dans les conservatoires de la Ville de Paris.
Tout en côtoyant le répertoire classique, elle s’engage dans la réhabilitation des œuvres du Chevalier de Saint-Georges, dont témoigne cet enregistrement de sonates pour clavier du compositeur.
Joseph Bologne, connu sous le nom de Chevalier de Saint-Georges, est né en Guadeloupe en 1745 d’une esclave d’ascendance africaine et d’un riche colon propriétaire de plantations. Après un voyage inopiné en France en 1748, il retrouve sa terre natale, s’imprègne de l’âme créole, montre des dispositions pour les exercices du corps et devient un épéiste hors pair. Il suit l’enseignement de Jean-Marie Leclair en violon et celui de François-Joseph Gossec en composition et en direction. Ses compositions sont éditées et connaissent le succès.
Il est l’auteur d’opéras, de symphonies, de concertos, et dirige formations et sociétés de concert. En 1776, il est pressenti pour diriger l’Académie royale de musique. Sa nomination sera empêchée par la contestation de quelques artistes en place, refusant d’être sous les ordres d’un « mûlatre », écrit Mylène Alexis-Garrel dans la notice.
En 1791, il est capitaine de la Garde nationale de Lille, avant d’être en 1792 premier colonel noir de l’armée française. Il participe à la Société des amis des Noirs pour l’abolition de l’esclavage. Il meurt en 1799. Son œuvre incarnera, selon la pianiste, ce « droit au bonheur » dans la France des Lumières.
Mylène Alexis-Garrel propose donc un florilège de sonates conçues, note-t-elle, dans le style galant, « ce style qui caractérise la deuxième moitié du XVIIIe siècle, qui se veut avant tout direct et facile à appréhender », comme le dit Jean-François Zygel.
Une esthétique toute mozartienne imprègne la Sonate en mi bémol majeur, limpide même dans ses parties sombres, tandis que la brève Sonate en fa mineur, l’Adagio, penche du côté du romantisme musical et de l’épanchement du cœur, selon la pianiste.
La Sonate en do majeur et la Sonate en fa majeur, allegro rivalisent de joie et d’espièglerie, sans se départir d’une sobriété remarquable, tandis que la Sonate en sol mineur est marquée au sceau de la tendresse.
Toutes ces sonates, à l’exception de l’Adagio en fa mineur, constituent « un enregistrement inédit sur un instrument moderne », précise la pianiste Mylène Alexis Garrel. Elle nous en livre une interprétation empreinte d’élégance et de luminosité.
Michaël Sebaoun
2025
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Vendredi 9 Mai, 2025 17:16