Jean-Marc Warszawski, 5 novembre 2025
Le temps arrêté du festival Érard
Takashi Hamano, Marc Desmond, François Salque, Festival Érard, 11 octobre 2025. Photographie © musicologie.org.
Les 10, 11, 12 octobre dernier se tenait Salle Érard de Paris, le 4e festival du même nom que celui de la salle et même de celui des pianos. « Festival » est peut-être quelque peu exagérant pour ces trois jours et cinq concerts dans ce cadre intime, un peu retiré du temps où de nombreuses belles musiques ont été jouées, pour certaines créées. La cour ouvrant sur une rue du Mail vidée depuis quelques années, comme tout le quartier, des classes populaires et de ses activités industrieuses, dont celles du grand immeuble au coin de la rue du Louvre, celui de la Sirlo, qui fabriquait le journal Le Figaro, plus loin rue Réaumur, il y avait France-Soir et Le Parisien, un peu partout on s’affairait dans de nombreuses petites imprimeries, et que dire des patisseries de chez Stohrer, rue Monorgueil... bref, la cour a un effet apaisant, un fuite dans le monde d'avant. C’est un lieu idéal pour la musique de chambre, les stades étant conçus pour d’autres activités.
Ces journées Érard ont été créées en 2022 sur un coup de deux têtes, celles de la violoniste Saskia Lethiec et du pianiste Jérôme Granjon, toujours présentes, entourées d’amis, dans des programmes très dix-neuf-vingt qui conviennent fort bien au lieu, inspirés cette année par le voyage.
Nous avions choisi le concert de fin d’après-midi du samedi 11 octobre, où se sont croisés et assemblés des violons (Saskia Lethiec, Takashi Hamano), l’alto (Marc Desmond), le violoncelle (François Salque), le piano, bien sûr un Érard fin dix-neuvième (Delphine Armand et Jérôme Granjon), le saxophone (Christian Wirth), la harpe (Françoise de Maubus), l’harmonium (Emmanuel Pélaprat), et la soprano Sonia Sempéré, le tout présenté par le comédien Laurent Lévy.
François salque, Festival Érard, 11 octobre 2025. Photographie © musicologie.org.
Sonia Sempéré, Festival Érard, 11 octobre 2025. Photographie © musicologie.org.
Christian Wirth, Festival Érard, 11 octobre 2025. Photographie © musicologie.org.
Le programme était divers et bien équilibré entre les choses qu’on attend, comme le trio à cordes de Jean Cras, créé ici même il y a pratiquement un siècle, ou un brillantissime Tzigane de Maurice Ravel (Saskia Lethiec), ou celles qu’on n’a jamais entendues : les très belles mélodies de Cesare Galeotti, la Rapsodie pour Saxophone et orchestre de Claude Debussy (le piano a fait l’orchestre), et deux élégies de Franz Liszt à l’origine pour piano : Lugubre gondole (arrangée pour piano et violoncelle), et Élégie, S. 196 (arrangée pour piano, harmonium et violoncelle), que François Salque (parmi les choses que nous attentions) a chanté sur son instrument en grandes poésie et émotion.
Un après-midi baigné d’un charme que nous n’avons pas rompu, renvoyant le fiacre, au prix de quelques propos appuyés du cocher, pour regagner tranquillement à pied notre logis, évitant tout de même les ruelles du quartier, dont il faudra bien un jour chasser les brigands qui ne font plus aucun miracle depuis longtemps.
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ISSN 2269-9910

Mardi 4 Novembre, 2025 2:33