François Buhler, 18, juillet 2025
Cet article, destiné en priorité pour les lecteurs qu’intéresse la vie musicale de Saint-Pétersbourg, est formé de deux parties indépendantes soigneusement séparées l’une de l’autre mais parfaitement complémentaires. La première résulte des recherches personnelles de l’auteur et peut être considérée dans son intégralité comme sa propre contribution. Dans la seconde – mis à part les quelques éclaircissements nécessaires pour un public non russe apportés au texte au moyen de parenthèses carrées à la manière d’une édition critique – il ne fait office que de traducteur des deux tiers environ d’un texte d’Olga Skorbiachtchenskaïa, une musicologue russe faisant état de ses propres recherches dans les archives de la Bibliothèque nationale de Russie et du conservatoire de Saint-Pétersbourg qui a paru au premier digne d’être connu du public francophone ; le dernier tiers, qui n’offre que peu d’intérêt pour le public étranger, a été supprimé, ce qui a entraîné une refonte de la bibliographie. Chaque partie a en effet la sienne, malheureusement uniquement en russe dans les deux cas, la première ne se composant, par choix, que de sites qui permettent néanmoins de suivre quelques-unes au moins des recherches effectuées par le signataire de cet article, la seconde d’ouvrages variés de référence et établie par cette chercheuse à laquelle nous sommes surtout redevables de la découverte d’une description détaillée d’une des œuvres au moins de Gerke, son opus 11, ainsi que des informations sur un troisième membre de la dynastie, Gueorgui Melikentsov. Il est infiniment regrettable que nous ne puissions ni l’un ni l’autre offrir le moindre exemple musical d’Anton Avgustovitch ni d’un autre membre de sa famille mais il est à espérer que ce texte incitera quelques pianistes de concert à s’intéresser à leur musique et à enregistrer quelques-unes de leurs œuvres. C’est en tout cas le vœu que forme l’auteur et sans doute aussi celui qu’avait conçu sa collègue en rédigeant cette contribution si bienvenue.
Anton Avgustovitch Gerke (1812–1870).
Anton Avgustovitch Gerke (Pouliny en Volhynie, 9 / 21 août 1812, domaine Krelje, district de Valdaj, province de Novgorod, 5 / 17 août 1870 ou 1871[?]), célèbre pianiste, compositeur pédagogue russe, est le fils du violoniste et chef d'orchestre germano-polonais Avgust Grigorievitch Gerke, né en Pologne en 1790-1848, et le petit-fils de Grigori Genrikhovitch Gercke, né en 1749 à Lutsk dans l’oblast de Volyn en Ukraine. Il est cependant un musicien non de la troisième mais de la quatrième génération déjà et la dynastie musicale se poursuit après lui jusqu’à nos jours. Les noms qui viennent d’être cités indiquent clairement l’origine allemande de la famille, Avgust correspondant à August et Genri vraisemblablement à Heinrich puisque le père de Grigori Genrikhovitch portait ce prénom ainsi orthographié et qu’à l’époque les prénoms se reprenaient généralement à l’identique en sautant une génération. Quant au nom de famille, parfois écrit Gercke et même, ce qui semble décisif, von Gercke pour les membres de la famille qui font le choix de garder la particule, on peut penser qu’il devait être Herke à l’origine avant d’être russifié puisque la lettre h n’existe pas en cyrillique et est de ce fait systématiquement transcrite par g et ainsi prononcée, ce que le lecteur peut aussi constater dans le patronyme Genrikhovitch ci-dessus. D’autre part, la particule indique clairement que les Gerke étaient une famille noble. On trouve aussi parfois d’autres façons d’écrire ce nom mais qui ne sont pas significatives, l’orthographe étant encore aussi fantaisiste que possible dans la première moitié du xixe siècle. Comme le signale moqueusement Avgust Antonovitch Gerke, le fils d’Anton Avgustovitch, dans une lettre du 10 novembre 1895 adressée de Paris à son ami Platon Lvovitch Vaksel, on veut le persuader dans cette ville qu’il s’appelle « Jerke » bien que « son père et lui aient toujours écrit leur nom Gerke ». Ceci n’étant que le fait de quelques donneurs de leçons parisiens qui prétendaient apprendre aux étrangers à prononcer et à orthographier leur propre nom, il décide d’écrire le sien « Guerke », à la française, pendant tout son séjour dans cette ville pour en faire au moins respecter la prononciation.
Le village de Pouliny dans lequel naît Anton Avgustovitch et dont la population comprend à cette époque des familles allemandes et polonaises, est sous occupation polonaise dans la seconde moitié du xviiie siècle. Il appartient alors à un officier de Kiev du nom de Jan Ganski, est intégré à l’Empire russe ainsi que tout la Volhynie en 1795 à la suite du troisième partage de la Pologne. À cette date il compte 565 âmes. La plupart de ses habitants sont des paysans mais le village compte huit personnes gagnant leur vie en travaillant le bois, sept couturiers ou couturières, cinq forgerons et quatre tisserands. Le village passe en 1811 au fils du précédent, Vazlav Ganski. L’orthographe, passant d’une langue à l’autre, nous jouent ici aussi de vilains tours. Ce Vazlav Ganski reste dans l’histoire dans sa forme polonaise de Wacław (Wanceslas) Hański ; il s’agit du premier mari d’Evelina Rjhyvutska, c’est-à-dire, en transcription polonaise, d’Ewelina Hańska, la maîtresse puis l’épouse d’Honoré de Balzac, née Ewelina Konstancja Wiktoria Rzewuska. Beaucoup plus tard, en octobre 1935, le village lui-même changera de nom et sera renommé Tchervonoarmeïsk (Chervonoarmiis'k en ukrainien, ce qui signifie « Armée rouge ») ; il se trouve aujourd’hui en Ukraine (province de Volyn, région de Jitomir).
Si l’on connaît le nom du père d’Anton, on ignore malheureusement celui de sa mère. Lui-même est le quatrième de leurs cinq enfants : Otto Gerke (13 juillet 1807 - 23 juin 1878) ; Adolf Avgustovitch von Gerke (c. 1810 – Kamysino, 1880) ; Roman Gerke (1811 - Saint-Pétersbourg, 12 août 1870) ; Anton Avgustovitch, dont les dates figurent ci-dessus ; et Teofila Gerke dont on ne connaît que le nom, avec une date de naissance estimée entre 1795 et 1843).
Anton Gerke est un enfant prodige qui étudie d'abord avec son père. À 6 ans, en 1818, il commence à se produire en concert sous sa direction. Bien que ceci paraisse totalement invraisemblable compte tenu de son jeune âge, on affirme qu’il est déjà à cette époque responsable de la chapelle des comtes Hański. À partir de 1820, il devient « l’écolier », comme on appelait alors fréquemment en russe même les étudiants plus âgés, du virtuose John Field à Moscou. Il continue ensuite ses études à l'étranger en suivant successivement les cours de Friedrich Kalkbrenner (1785-1849) à Paris, Ferdinand Ries (1784-1838) à Hambourg et Ignaz Moscheles (1794-1870) à Londres.
À partir de 1832, il vit à Saint-Pétersbourg où il s’établit durablement. Il y donne des concerts de manière indépendante à partir de la même date et en 1833 reçoit le titre de pianiste de la Cour et des théâtres impériaux. Son titre exact est « pianiste de Sa Majesté impériale Nicolas 1er ». À Saint-Pétersbourg, il fait aussi partie d'un cercle d'artistes réunis auprès de l'inspecteur des étudiants de l'université de Saint-Pétersbourg, A. I. Fitztum, (Alexandre Ivanovitch Fitztum dont le nom est vraisemblablement à l’origine von Vitzthum) et participe aux concerts dits « universitaires » sous la direction de Karl Schubert (parfois écrit Schuberth en transcription française sans que cela n’ait de correspondance en cyrillique).
À partir des années 1830, Gerke commence son activité de concertiste indépendant et devient un pédagogue très recherché. En 1840, il compte parmi les fondateurs de la Société musicale symphonique de Saint-Pétersbourg aux côtés du comte Mikhaïl Iourievitch Vielgorski (1788-1856), célèbre mécène et compositeur amateur, qui accueille les concerts dans son palais. Il existe à la même époque la Société des concerts qui organise ses propres événements au palais du prince Lvov. La Société musicale symphonique de Saint-Pétersbourg deviendra en 1868 la Société musicale impériale russe (IRMO en russe) qui essaime dans toute la Russie jusqu’en Sibérie dès la seconde moitié des années 1870, comptant jusqu’à une cinquantaine de filiales au début du xxe siècle ; elle existera jusqu’à la révolution de 1917. Les honneurs pleuvent alors sur la tête de Gerke. Outre sa magnifique triple carrière de pianiste, compositeur et pédagogue il est nommé membre honoraire de la Société philharmonique de Saint-Pétersbourg en 1858 et devient le vice-président de la Société musicale impériale russe et le titulaire de l'Ordre de Sainte-Anne, 3e degré, en 1868.
On ignore à quelle date précise il épouse Emilie Pauline Valerie Sophie Gerke, née Atze (Gouvernement de Volyn, 11 janvier 1823 - Saint-Pétersbourg, 12 mai 1897). On peut cependant la situer vers 1840 par la naissance de ses enfants. Leur couple en a sept : Avgust Ferdinand Martin (Avgust Antonovitch) von Gerke (Saint-Pétersbourg, 11 novembre 1841 - Saint-Pétersbourg, 27 février 1902) ; Andreas Titus Gerke (3 février 1843 - Saint-Pétersbourg, 29 avril 1867) ; Alexandre Constantine Gerke (Saint-Pétersbourg, 14 juillet 1845 - ?) ; Alfred Antonovitch von Gerke (Saint-Pétersbourg, 18 octobre 1850 - ?) ; Anatol Adolf Alexander Gerke (Saint-Pétersbourg, 1er novembre 1854 - Mentone, 10 décembre 1878) ; Alexandrine Franziska Melikencova (Saint-Pétersbourg, février 1857 - ?) ; et un autre, non identifié.
Lorsque le conservatoire de Saint-Pétersbourg est fondé en 1862 (inauguré le 20 septembre), Gerke y est nommé professeur de piano. Il occupe ce poste jusqu’en 1870. Les professeurs adjoints de sa classe sont Franz Frantsevitch Czerny (1830-1900) en 1862 - 1863 ; Olga Stepanova Eremeeva (1836 - pas avant 1866), son élève jusqu’en 1865 avant d’être celle d’Anton Rubinstein, en 1865-1866 ; Gustav Gustavovitch Cross (1831-1885) en 1866-1867 ; et Fri(e)drich Johann Beggrov (1835-1885), un autre élève de Gerke, de 1868 à 1870.
Il donne également des cours particuliers de piano ; qu’ils suivent les cours du conservatoire ou des cours particuliers, ses élèves les mieux connus sont Nikolaï (Nikolaus) Ivanovitch von Zaremba (1821-1879), le futur second directeur du conservatoire entre 1867 et 1871, qui prend la relève d’Anton Rubinstein, lequel le dirige de sa fondation en 1862 à 1867 ; le critique Vladimir Vassilievitch Stassov (1824-1906) ; Modeste Petrovitch Moussorgski (1839-1881) ; Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) en classe spéciale de piano pendant la première moitié de l'année académique 1862-1863 ; German (Herman) Avgustovitch Laroche (1845-1904), on ne sait exactement quand et pendant combien de temps, mais entre 1862 et 1866 ; Piotr Iossifovitch Goloubitski (1845-1915) en 1868 ; Ivan Ossinovitch Roubassov (1846-1877) en 1865 ; Nadejda Nikolaevna Purgold (1848-1919) et d'autres. Au total, affirme le fils de Gerke, Avguste Antonovitch (1841-1902) qui a publié un essai sur son père, Gerke a eu plus de 2 000 élèves.
Après sa mort, une bourse Anton Avgustovitch Gerke est créée au conservatoire de Saint-Pétersbourg.
Comme compositeur, Gerke est surtout l'auteur de concertos et de variations pour piano. Sa production n’ayant pas encore été recensée, il est impossible d’en dire davantage pour le moment.
Comme pianiste, il se produit aux Concerts symphoniques universitaires sous la direction de Karl Bogdanovitch Schuberth (1811-1863). Des tournées à l'étranger, notamment en Pologne, à Paris et à Leipzig en 1837, lui permettent de rencontrer Frédéric Chopin (1810-1849), Franz Liszt (1811-1886), Sigismund Thalberg (1812-1871) et Clara Schumann (1819-1896). Son répertoire est basé sur des œuvres de compositeurs de la période romantique ; il s'intéressait particulièrement à celles de Liszt pour piano. Il est le premier interprète de plusieurs œuvres de ce compositeur en Russie, par exemple de la fameuse « Danse macabre » (i. e. « Totentanz » S. 126 sous-titrée « Paraphrase sur le Dies Iræ ») à Saint-Pétersbourg en 1866.
Les informations que l’on peut réunir sur son compte sont rares et fragmentaires, à part celles qui concernent son enseignement et les honneurs reçus. Malgré leur décevante rareté pour un musicien de sa qualité, elles ne manquent pas d’intérêt. Nous avons pu découvrir qu’à Paris et à Leipzig, comme l’indique le dictionnaire encyclopédique Brockhaus et Efron (i. e. la version russe, publiée de 1890 à 1906, de l'encyclopédie Brockhaus publiée en Allemagne depuis 1808), Robert Schumann décrit l'interprétation de Gerke comme «une combinaison de légèreté, de tendresse et de calme, avec fidélité et clarté, et un art particulier de la maîtrise de l'instrument ». Néanmoins, comme à son habitude, le Dictionnaire biographique général des musiciens de François Joseph Fétis, paru en 1862, l’année de la fondation du conservatoire de Saint-Pétersbourg, crache dans la soupe en affirmant que Gerke fait partie de ces prodiges de la musique qui n'ont pas répondu aux attentes placées en eux.
Des informations ont circulé selon lesquelles Gerke était aussi l’auteur de pièces de théâtre. Il n’a pas été possible de les vérifier ; il est possible qu’on ait quelque peu brodé dans ce cas sur le fait qu’il a travaillé comme musicien pour le théâtre.
Enfin, selon les sources que nous avons pu consulter mais non vérifier, son lieu de sépulture est Edrovo.
Pianiste, compositrice et écrivaine russe (Saint-Pétersbourg, 19 / 31 octobre 1848, Saint-Pétersbourg, 11 / 24 mai 1919), née Nadejda Nikolaevna Purgold, connue après son mariage sous le nom de Nadejda Nikolaevna Rimskaïa-Korsakova, est la cadette de dix enfants et la sœur de la chanteuse et salonnière Alexandra Purgold-Molas qui a participé activement aux activités du Cénacle Balakirev et s’est surtout illustrée dans les œuvres de Dargomyjski, leur professeur à toutes deux, et de Moussorgski qu’elle s’était fixé pour but (sans succès) d’épouser.
Nadejda commence le piano à l'âge de 9 ans et, au milieu des années 1860, étudie au conservatoire de Saint-Pétersbourg auprès d'Anton Gerke pour le piano, de Nikolaï Zaremba pour le solfège, puis Rimski-Korsakov (1844-1908) pour la composition et l'orchestration. Ce dernier devint son mari en juillet 1872, Moussorgski, autre ex-élève de Gerke, servant de témoin. Après son mariage elle se consacre moins à la composition qu'aux arrangements et à la relecture. Les Rimski-Korsakov ont sept enfants, dont le premier fils, Mikhaïl, devient entomologiste, tandis que le second, Andreï, musicologue, épouse la compositrice Ioulia Veïsberg et écrit une étude en plusieurs volumes sur la vie et l'œuvre de son père.
En 1871, sa transcription de l’ouverture-fantaisie Roméo et Juliette de Tchaïkovski (1869, rév. 1870, version finale en août 1880) pour piano à quatre mains est publiée par Bote & Bock à Berlin. Sa mauvaise santé l'empêche de fournir un service similaire pour sa symphonie no 2 au même compositeur, qu'elle aurait supplié, « les larmes aux yeux », de lui permettre d'arranger pour piano à quatre mains en 1872.
(Helsinki, 4 décembre 1834 - 6 juin 1855) est une jeune compositrice et pianiste finlandaise partie étudier à Saint-Pétersbourg, à l'âge de 12 ans, chaperonnée par sa mère Karolina Mannsén, également pianiste : c'est là qu'elle succombe à une épidémie, à seulement 20 ans. Il reste des incertitudes quant à ces données fondamentales qui sont pourtant les seules que l’on possède. Certains prétendent qu’elle est née à Turku et décédée en 1856. Il semble qu’elle n’était pas la première jeune Finlandaise à faire le voyage (la distance entre Saint-Pétersbourg et le point le plus proche de la frontière finlandaise n’est que de 160 km) mais suivait déjà une tradition qui se poursuivra très longuement après elle. Au cours de sa brève carrière, elle donne des récitals, écrit de la musique et se forge une réputation de virtuose, devenant ainsi, bien qu’elle n’ait eu le temps de composer que quelques pièces, une célébrité adolescente de la musique finlandaise et russe du xixe siècle.
À Saint-Pétersbourg, Fanny Mannsén étudie avec les meilleurs maîtres. Son plus ancien professeur est le légendaire pianiste et compositeur Adolf von Henselt (Schwabach en royaume de Bavière, 9 mai 1814 - Warmbrunn, aujourd'hui Cieplice Śląskie-Zdrój en Pologne, 10 octobre 1889). Arrivé à Saint-Pétersbourg en 1838 à l’âge de 24 ans, celui-ci fait toute sa carrière dans la capitale russe comme « pianiste de l'impératrice » et « maître de musique des princes », puis comme inspecteur principal pour la musique des institutions de jeunes filles. Mannsén étudie cependant aussi le piano avec Anton Gerke et probablement la composition avec Henri Vieuxtemps (Verviers, 17 février 1820 - Alger, 6 juin 1881), le violoniste et compositeur belge arrivé en Russie en 1846, soit la même année que Mannsén mais qui quitte le pays pour Paris dès 1851. Au moins deux des pièces pour piano de Mannsén ont été publiées à Saint-Pétersbourg, L'adieu (Souvenir à l'Åbo, fantaisie mélancolique) et Chanson de Berceau (1852), mais il ne reste aucun exemplaire de cette publication. Les recherches dans les archives du conservatoire de Saint-Pétersbourg n’ont donné aucun résultat mais une partition de l’une de ces deux œuvres écrites par cette compositrice en herbe à l'âge de 17 ans a été découverte récemment, en mai 2019, dans les archives du Musée Sibelius : il s’agit de celle de L'adieu.
Avgust Antonovitch Gerke (1841-1902).
(Saint-Pétersbourg, 11 / 23 novembre 1841 - Saint-Pétersbourg, 27 février / 12 mars 1902), fils aîné d’Anton Avgustovitch Gerke, il est un juriste russe parfois cité dans certaines sources sous son nom complet, particule comprise, soit Avgust Ferdinand Martin Antonovitch von Gercke. Contemporain de Tchaïkovski, il fait sa connaissance dans les années 1850 à l’École impériale de jurisprudence de Saint-Pétersbourg dont il sort diplômé en 1861. Il obtient son premier emploi comme fonctionnaire au sein du premier département du Sénat. De 1864 à 1866 il est vice-président de la chambre de Kherson du nouveau tribunal civil. De 1866 à 1868, il est procureur adjoint du tribunal de district de Saint-Pétersbourg. Il entre au barreau en 1868 et devint avocat au tribunal de district de Saint-Pétersbourg. On le trouve ensuite avocat au Tribunal des marchands de Saint-Pétersbourg (à partir de 1869), puis il passe à la fonction publique en 1890 et devient cette même année conseiller du ministre de la Justice, puis chef de la division des recours civils à partir de 1894, sénateur en 1893 à la chambre de cassation civile du Sénat et membre du conseil d’administration de la Société musicale russe. Il est attesté que ses deux frères survivants et sa sœur étaient d’excellents musiciens. Lui-même est pianiste amateur, ami non seulement de Tchaïkovski mais aussi d’Anton Rubinstein et auteur d’un essai sur son père paru en 1880 dans le volume 28 de la revue historique mensuelle Rousskaïa Starina fondée à Saint-Pétersbourg en 1870 par Mikhaïl Ivanovitch Semevski (1837-1892) et fermée en 1918. Il a trois fils de sa femme Sofia Ioulevna Gerke, Anton (1877-1967), Alexandre (1878-1954) et Andreï (1880-1967), qui suivent la voie de leur père et deviennent tous les trois juristes.
L’amitié avec le grand compositeur qu’il a connu à l’École de droit dure pendant tout le reste de sa vie. Avgust Gerke est le dédicataire de la pièce de piano Tendres reproches, no 3 des 18 Pièces opus 72, achevées en avril 1893 à Klin (où le compositeur était revenu s’établir le 1er / 15 février de la même année et venait de terminer les ébauches de sa symphonie no 6), qui sont les dernières œuvres de Tchaïkovski pour piano solo. Il s’agit d’un Allegro non tanto ed agitato en do dièse mineur de 129 mesures achevé le 21 avril / 3 mai 1893 (les pièces n’ont pas été composées dans l’ordre où elles sont classées). Après la mort de Tchaïkovski, Gerke fait partie du comité formé dans le but de créer un monument en l’honneur du compositeur.
Il subsiste trois lettres de Tchaïkovski à Avgust Gerke, qui datent, la première du 8 / 20 septembre 1887, les deux autres de novembre 1889, respectivement les 9 / 21 et 14 / 26 de ce mois. Toutes les trois peuvent être consultées, en russe et en traduction anglaise, sur les sites mentionnés en note.
En revanche 44 lettres de Gerke au compositeur, échelonnées de 1883 à 1893, sont conservées dans la réserve-musée du Mémorial d'État Tchaïkovski à Klin. (a4, nos 550 - 593).
Gueorgui Alexandrovitch Melikentsov, conseiller titulaire né en 1881, est le filleul et neveu d’Avgust Antonovitch Gerke. Nous laissons la musicologue Olga Skorbiachtchenskaïa présenter elle-même ce critique musical et les documents qu’elle a retrouvés à son sujet qui nous paraissent présenter comme unique intérêt pour nous, Occidentaux, que de montrer que la dynastie Gerke apparue au xviiie siècle a encore un représentant au xxe siècle.
ДИНАСТИЯ ГЕРКЕ И ЕЕ РОЛЬ В РУССКОЙ МУЗЫКАЛЬНОЙ КУЛЬТУРЕ, Ольга Адольфовна Скорбященская, Санкт-Петербургская государственная консерватория (La dynastie de Gerke et son rôle dans la culture musicale russe, Olga Adolfovna Skorbiachtchenskaïa, Conservatoire d'État de Saint-Pétersbourg (2023).
ГЕРКЕ, Антон Августович (1812–1870) (Gerke, Anton Augustovich (1812-1870), site du Conservatoire d'État de Saint-Pétersbourg N.A. Rimski-Korsakov.
ЗАРЕМБА фон, Николай Иванович (Nicolaus von Zaremba) (1821–1879), site du Conservatoire d'État de Saint-Pétersbourg N.A. Rimski-Korsakov.
ШУБЕРТ, Карл (Karl Schuberth) (1811–1863), Кафедра виолончели, арфы, контрабаса и квартета Профессор (SCHUBERT [Karl (Karl Schuberth] (1811-1863), professeru de violoncelle, harpe, contrebasse et quatuor, site du Conservatoire d'État de Saint-Pétersbourg N.A. Rimski-Korsakov.
A brief History of Tchervonoarmeysk, Formerly known by the Germans as Pulin Volhynia, Ukraine, by Volodymyr Davyduk, educator and historian (Breve histoire de Tchervonoarmeysk, autrefois connue par les Allemands sous le nom de Pulin Volhynia, Ukraine, par Volodymyr Davyduk, éducateur et historien.
ЧЕРНИ, Франц Францевич (Franz Czerny) (1830–1900), site du Conservatoire d'État de Saint-Pétersbourg N.A. Rimski-Korsakov.
ЕРЕМЕЕВА, Ольга Степановна (1836 – не ранее 1866), Кафедра специального фортепиано, Преподаватель (Yeremeeva, Olga Stepanovna [1836 - pas avant 1866], département spécial de piano, professeure), site du Conservatoire d'État de Saint-Pétersbourg N.A. Rimski-Korsakov.
КРОСС, Густав Густавович (Gustav G. Cross) (1831–1885), site du Conservatoire d'État de Saint-Pétersbourg N.A. Rimski-Korsakov.
РЫБАСОВ, Иван Осипович (1846–1877), Кафедра общего курса и методики преподавания фортепиано, Преподаватель (Rybasov, Ivan Osipovitch [1846-1877] Département des cours généraux et des méthodes d'enseignement du piano, professeur), site du Conservatoire d'État de Saint-Pétersbourg N.A. Rimski-Korsakov.
ГУБИЦКИЙ, Пётр Иосифович (1845–1915), Кафедра общего курса и методики преподавания фортепиано, Профессор (Gubitsky, Pyotr Iosifovich [1845-1915], département cours généraux et méthodes d'enseignement du piano, professeur), site du Conservatoire d'État de Saint-Pétersbourg N.A. Rimski-Korsakov.
ЛАРОШ, Герман Августович (Herman Laroche) (1845–1904), Кафедра теории музыки, Профессор (Laroche, Herman Augustovich [Herman Laroche] [1845-1904], département théorie de la musique, professeru), site du Conservatoire d'État de Saint-Pétersbourg N.A. Rimski-Korsakov.
Lettre (3342) de Tchaïkovski à Avguste Gerke, 8/20 septembre 1887, site Tchaikovsky Research
Lettre (3972) de Tchaïkovski à Avguste Gerke, 9/21 novembre 1889, site Tchaikovsky Research
Lettre (3974) de Tchaïkovski à Avguste Gerke, 14/26 Novembre 1889,site Tchaikovsky Research
François Buhler
18 juillet
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