4 décrmbre 2024 —— Michaël Sebaoun.
Anthony Girard, Sur les chemins oubliés, musique de chambre, Jean-Marc Fessard (clarinette), Geneviève Girard (piano), Patrick Kirchhoff (flûte), Hors du monde, pour piano ; Abîmes, sonate pour clarinette et piano ; Sur des chemins oubliés, pour flûte et piano, Apaisement, pour clarinette et piano, Amaryllis, troisième sonate pour piano. CIAR Classics 2024 (CC 017).
Anthony Girard pourrait-il dire avec Baudelaire : « Anywhere out of the world » ? Quoiqu’il en soit, ce disque du compositeur, intitulé Sur des chemins oubliés, creuse le ciel une nouvelle fois… Il s’ouvre sur, précisément, Hors du monde, pour piano, aux lignes ascendantes et fugaces que ponctuent quelques accords parfaits mineurs en apesanteur. Un flot ininterrompu de triolets rapides soutient ensuite un chant aérien avant un rappel intériorisé et dépouillé de la section initiale.
La Sonate pour clarinette et piano Abîmes touche , par son titre, l’autre pôle de l’infini. Les volutes d’Abîmes répondent d’ailleurs aux arabesques de Hors du monde. Le dialogue entre les instruments évolue en « une lente passacaille » en accords répétés au piano.
Le second mouvement confie au piano une basse descendante sous forme d’« ostinato (…) à caractère léger » coulé dans un langage modal omniprésent. La clarinette se gorge de sons tenus, expulsés en figures mélodiques d’une rare inventivité. On peut entendre une parenté avec la musique répétitive américaine, assimilée d’une manière entièrement personnelle.
Le troisième mouvement est de caractère méditatif sur un rythme de sicilienne, avant un dernier mouvement qui combine texture tournoyante et fuyante et temps suspendu en son centre.
Sur des chemins oubliés, pour flûte et clarinette, aspire à trouver entre les lignes mélodiques et les éléments de la nature des correspondances. Parcourant des chemins de jadis « à présent perdus », l’œuvre explore cette fois l’immensité et les profondeurs du temps.
Dans Apaisement, pour clarinette et piano, un accord parfait lumineux balise un discours aux lignes atemporelles, désormais caractéristiques du langage girardien. Le second mouvement, plus allant, use d’un balancement répétitif et se terminera, explique le compositeur, sur un accord majeur, « situé sur le pôle tonal opposé de celui de la première pièce », diluant ainsi toute velléité de tonalité fonctionnelle, et ouvrant une porte sur l’inconnu.
Enfin, la Troisième Sonate pour piano Amaryllis s’inspire de la fleur du même nom et d’un récit de Virgile, en tissant avec eux de discrets liens symboliques. Elle débute par des élans ascensionnels, comme en écho à la première œuvre, Hors du Monde (y aurait-il une symbolique du cercle ?). Sur le plan de l’écriture, elle semble condenser bon nombre d’éléments entendus au fil de ce disque, rehaussés néanmoins de thèmes ciselés, entre candeur et nostalgie, traités librement.
La pianiste Geneviève Girard, le flûtiste Patrice Kirchhoff et le clarinettiste Jean-Marc Fessard connaissent à fond la musique d’Anthony Girard, constellée de grandes œuvres. Ils effleurent le silence d’une manière pénétrante.
Michaël Sebaoun
4 décembre 2024
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Mardi 3 Décembre, 2024 22:28