Théâtre des Champs-Élysées, 16 octobre 2024 — Frédéric Norac
Jakob Lehmann. Photographie © Sercan Sevindik.
Dans Schubert on est immédiatement séduit par la souplesse de la main du chef et son sens des contrastes qui fait alternativement chanter l’orchestre et gronder la tragédie sans sensation de discontinuité. Le second mouvement paraît moins lisible et immédiat, mais il est vrai qu’il est aussi tout à la fois plus complexe et moins structuré. L’orchestre répond sans faillir à sa direction précise aux gestes expressifs, mais toujours mesurés. Son Beethoven est uniformément tendu, rapide, musclé, parfois aux limites de la sécheresse, basé sur une agogique quasi « Toscaninienne ». Il met en valeur la richesse des timbres des bois et des cuivres qui trouent de leurs remarques quelquefois un peu ironiques un ensemble de cordes parfaitement homogènes. Le moment le plus fascinant de cette interprétation est sûrement le troisième mouvement où le chef fait subtilement murmurer les instruments avant de se lancer dans l’allegro final avec une fureur maîtrisée, achevant le concert sur une note enthousiaste qui lui vaut un beau succès ainsi qu’à l’orchestre visiblement ravi.
Entre les deux pièces de répertoire, la création contemporaine paraît comme une sorte de suspension temporelle. Commençant et s’achevant sur le même pianissimo, elle se construit comme un espace temps quasi cosmique et sans mouvement, sinon celui de l’enrichissement progressif de la texture instrumentale. L’orchestration raffinée avec ses deux ensembles de percussions nous renvoie à un certain classicisme du xxe siècle, et rend la pièce immédiatement familière et confortable pour l’auditeur. Elle laisse aussi une bizarre sensation de « déjà entendu » sur laquelle, il reste toutefois impossible de poser un nom. La direction de Jakob Lehmann et l’exécution instrumentale s’y révèlent d’une remarquable précision et d’une totale subtilité.
À cette occasion le théâtre inaugurait un nouveau dispositif acoustique en fond de scène, plutôt inesthétique, et dont, du parterre, il est bien difficile de juger l’efficacité.
Frédéric Norac
16 octobre 2024
À propos - contact |
S'abonner au bulletin
| Biographies de musiciens | Encyclopédie musicale | Articles et études | La petite bibliothèque | Analyses musicales | Nouveaux livres | Nouveaux disques | Agenda | Petites annonces | Téléchargements | Presse internationale | Colloques & conférences | Collaborations éditoriales | Soutenir musicologie.org.
ISNN 2269-9910.
Vendredi 18 Octobre, 2024 15:12