bandesu_texte musicologie_840

Paris, Temple du Foyer de l’Ame, 13 mai 2024 — Frédéric Norac

Pas de fête sans Mouret : un spectacle concertant de l’Ensemble la Française

Pas de fête sans Mouret, l’Ensemble La Française. Photograzphie © D.R.

Aude Lestienne, flûtiste et directrice artistique de L’ensemble La Française a le goût des créations originales. Après Dialogues, spectacle littéraire et musical qui réunissait en 2022 la musique de Bodin de Boismortier aux dialogues philosophiques de ses contemporains, elle a imaginé un spectacle multiple où la danse s’unit à la musique et au chant pour évoquer la personnalité du compositeur Jean-Joseph Mouret, musicien de la Duchesse du Maine, de 1708 à 1715. Pour cela l’ensemble s’est associé à la compagnie Beaux Champs et en a confié la mise en scène à Florence Beillacou.

Dans un dispositif circulaire, entourés par les spectateurs, les huit musiciens de l’ensemble (Aude Lestienne et de Janina Scheuren au traverso, le hautbois d’Hélène Mourot, les violons de Shiho Ono et Rafael Nunez-Velasquez, la viole de gambe de Lukas Schneider, le violoncelle de Jean-Baptiste Valfré et le clavecin de Kazuya Gunji) accompagnent les chorégraphies imaginées par le danseur Bruno Brenne, à mi-chemin entre les codes de la danse baroque et une gestuelle plus moderne et carrément expressive, notamment lorsqu’il évoque la folie dans laquelle sombra le compositeur dans les dernières années de sa vie où l’émergence du grand Rameau vint obscurcir son étoile.

Le programme alterne légèreté (la première Suite des Airs à danser, et le Concert de chambre de 1738), et profondeur avec les quatre motets (Cantate Domino, Laudate Nomen Domini, Usquequo Domino, Venite Exultemus) interprétés par la soprano Marie Remandet dans une approche franchement dramatisée qui leur donne un relief supplémentaire. Dans cet étonnant spectacle « concertant », les musiciens eux-mêmes théâtralisent leurs interventions solistes, rendant la musique plus vivante encore et l’écoute plus attentive. La communication permanente entre les intervenants se concrétise dans des mouvements de scène qui donnent son unité au spectacle. Elle se concentre particulièrement, dans un moment méditatif où ils sont tous réunis autour du clavecin pour écouter quelques pièces du troisième Livre de Rameau, interprétées avec une grande délicatesse par Kazuya Gunji.

Le concert s’achève dans un splendide tutti, celui de la Chaconne finale du Concert de chambre, dont l’ostinato irrésistible et les brillantes variations instrumentales font entendre l’homogénéité d’un ensemble d’excellents solistes.

Ce spectacle parisien servait au lancement du nouveau disque* que l’ensemble vient de consacrer au compositeur et où l’on peut retrouver toutes les pièces de ce concert. Il devrait permettre d’apprécier à sa juste valeur un compositeur dont la brève carrière, terminée à 46 ans, semble avoir porté de nombreux fruits dans des genres très variés et dans une gamme stylistique qui va, du classicisme des dernières années du règne de Louis xiv à un style plus italianisant et plus virtuose dans l’écriture vocale comme dans l’orchestration.

* Jean-Joseph Mouret, Musicien des Grâces, Ensemble La Française CD Musica Ficta 2024 (MF8038).

Jean-Joseph Mouret

plume_07 Frédéric Norac
13 mai 2024
Tous les articles
facebook


rect_biorect_texterect_biorect_encyclo

logo grisÀ propos - contact |  S'abonner au bulletinBiographies de musiciens Encyclopédie musicaleArticles et études | La petite bibliothèque | Analyses musicales | Nouveaux livres | Nouveaux disques | Agenda | Petites annonces | Téléchargements | Presse internationale | Colloques & conférences | Collaborations éditoriales | Soutenir musicologie.org.

Musicologie.org, 56 rue de la Fédération, 93100 Montreuil, ☎ 06 06 61 73 41.

ISNN 2269-9910.

cul_2403

Jeudi 23 Mai, 2024 12:56