23 avril 2023 — Jean-Marc Warszawski

Quatuor Ellipsos et Thierry Escaich : Fusion

Quatuor Ellipsos et Thierry Escaich, Fusion, Concert à la Philharmonie de Dresdenn œuvres (et improvisaions) de Bach, Schumann, Vivaldi, Piazzolla, Escaich. Nomad Music, 2023 (NMM 110)

Enregistré à la Philharmonie de Dresden, 19 novembre 2021.

Voici un cédé, enregistré lors d’un concert à la Philharmonie de Dresden le 19 novembre 2021. Thierry Escaich y était pour la saison 2021-2022, « Palastorganist », « Organiste du palais », c’est-à-dire organiste en résidence (et compositeur), invitation renouvelée la saison suivante.

Il avait invité le quatuor de saxophones Ellipsos pour un concert aux sonorités somptueuses, une fusion d’une grande densité sensuelle et musicale entre les quatre vents et l’orgue… également à vent et à anches. Une fusion chaleureuse que Thierry Escaich réussit tout aussi parfaitement avec le quatuor à cordes ou l’orchestre.

C’est avant tout dans ces magnifiques sonorités que le programme fusionne. Il est organisé autour de trois pôles : 1. baroque, avec Johann Sebastian Bach avec en écho une des six fugues sur le nom de B-A-C-H de Robert Schumann (notation anglo-saxonne : si bémol, la, do, si) et Vivaldi. 2. Compositions, transcriptions et improvisations de Thierry Escaich et 3. Astor Piazzola.

Ce programme assez éclectique et dans le fond assez explorateur n’est pas en soi fusionnel, même si les improvisations peuvent s’emparer du B-A-C-H (aussi de Borodine !) ou très brièvement de tournures baroques. Ce sont la plutôt des liens et enchaînements malins assez rhétoriques, comme Johann Sebastian Bach, fugue B-A-C-H de Schumann, Fugeta de Piazzolla.

Les transcriptions-arrangements, de Nicolas Herrouët et de Thierry Escaich, sont tournés en beauté. Les Compositions de ce dernier (qui semblent spontanées) et improvisations (qui semblent écrites) sonnent évidemment escaichiens, les contrastes tranchés de registrations, les pulsions rythmiques entre jazz et Stravinski 1913, de la sauvagerie et de grandes vagues de mystère un peu angoissant. Enfin, pour répondre à la Fuga y mysterio et à la Fugata de Piazzolla, un Tango virtuoso, un savoureux pastiche de 1991, plus vrai que nature, du Palastorgnist.