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Athénée-Louis Jouvet, 29 novembre 2023 — Frédéric Norac

Ma vie avec Jean-Sébastien : Anna Magdalena Bach vue par Agathe Mélinand

Le petit livre d'Anna Magdalena Bach. Photographie © Polo Garat.

Bien connue pour ses collaborations avec Laurent Pelly, Agathe Mélinand est également écrivaine, traductrice et dramaturge. À travers ce bref spectacle d’une heure, elle a voulu rendre hommage à une femme de l’ombre, la seconde épouse de Bach, Anna Magdalena, à laquelle le compositeur dédia en 1775 le célèbre Petit livre qui porte son nom (Notenbüchlein für Anna Magdalena Bach), sorte d’album de famille musical dans lequel il avait recueilli des pièces variées de lui-même, de ses fils et des ses contemporains.

Le texte, qu’elle a écrit et dont les sources ne sont pas très claires, nous raconte la vie d’un grand génie vu par le petit bout de lorgnette ou plutôt du côté intime. On y entend les joies et les peines : les mariages, les naissances (pas mois de treize accouchements), les deuils (cinq enfants seulement devaient survivre), les ennuis quotidiens. Elle évoque celle qui fut la compagne besogneuse du compositeur (mère, épouse, gouvernante, copiste, à l’occasion interprète) à la première personne, à travers la voix de deux comédiennes qui pourraient être la jeune épouse de vingt ans (Fabienne Rocaboy) et la veuve d’une cinquantaine d’années qui devait finir oubliée et dans la quasi-misère (Christine Brücher).

Si son texte ne manque pas de finesse, le rythme du spectacle paraît un trop uniforme. Certes l’épouse modeste et soumise ne pousse jamais un mot plus haut que l’autre et ses joies et ses peines sont discrètes, mais peut-être la tonalité du spectacle souffrirait-elle de quelques éclats, musicaux ou visuels. Les robes noires à col Claudine, les quelques lampes de chevet au sol qui créent l’ambiance, le jeu un peu trop retenu, tout cela finit par créer un climat légèrement compassé. Du côté de l’illustration musicale, à l’alternance du clavecin délicat de Béatrice Martin auquel s’ajoutent quelques touches de clavicorde, et du piano de Charles Lavaud, il manque quelques trouées plus brillantes et singulièrement, celle de la voix chantée. Après tout, Anna-Magdalena était elle-même musicienne lorsque Bach la connut. Soprano à la cour de Köthen, elle gagnait sa vie presque aussi bien que lui. Alors, même si elle renonça à sa carrière au profit de son génie de mari, peut-être ne se mit-elle pas complètement en sourdine, comme cette évocation le laisserait à penser.

Prochaines représentations les 30 novembre, 1er, 2 (14 h et 20 h) et 3 décembre.

Spectacle créé à la MC2 de Grenoble en janvier 2020.

1. S’agit-il du film de Straub et Huillet, Chronique d’Anna Magdalena Bach, 1968 ou de textes de première main ?

plume_07 Frédéric Norac
29 novembre 2023
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Vendredi 1 Décembre, 2023 1:08