Mondeville, 9 décembre 2022 —— Alain Lambert
Orchestre régional de Normandie. Photographie © Jérôme Prébois.
Les Proms, série de concerts promenades estivaux de musique classique sont une ancienne tradition anglaise, dont le dernier joué en septembre est toujours un événement populaire, avec les morceaux les plus connus, les tubes de la musique savante, que tout le monde connait et reconnaît, et chantonne à l’occasion.
Le concert de ce soir à la Renaissance, avec l’orchestre régional de Normandie et Dylan Corlay, à la direction musicale et aux arrangements, relève de cette tradition à la fois humoristique et très respectueuse de la musique jouée. Le public de Mondeville, même les non-mélomanes, complètement pris par l’ambiance, chante en chœur avec le chef, ou chantonne aussi sur les airs connus. Sans parler de l’ovation finale aux musiciens.
Un vrai concert de musique savante et populaire, avec tous les tubes connus, joués en forme courte comme l’Hymne à la joie, d’abord chanté par l’orchestre puis repris par les instruments avec une superbe diversité de couleurs instrumentales. Ou une Cucaracha qui devient quelques instants batucada. D’autres en pots-pourris, enchainés les uns aux autres en jouant sur les tonalités, en mélangeant les genres Vivaldi, Bach, Mozart, Beethoven, Verdi…, en y mêlant du jazz, du Queen, de l’afro-cubain ou du Cab Calloway, le chef devenant chanteur et harmoniciste.
Dylan Corlay. Photographgie D. R.
Car ce long monsieur à plus d’une corde à son piano, il est poly-instrumentiste, y compris de trompes multicolores, mini cycliste, danseur de claquettes, magicien, jongleur, mini pianiste. Et transformiste pendant le potpourri des musiques nationales, clin d’œil encore aux Proms, clos par deux airs de Bizet…
Il s’amuse avec son orchestre, avec le public, même dans ce moment étrange où les musiciens, chacun à leur tour, après une révérence et avoir éteint son pupitre, quittent l’orchestre, comme une prémonition de ce qui attend l’Orchestre régional de Normandie dans un an, quand il aura disparu dans la fusion absorption avec l’orchestre de Rouen, avalé par la mégalomanie des élus de l’ex Haute-Normandie [voir notre chronique]. Une légende raconte que les seigneurs vikings s’y installèrent jadis tandis que les rameurs restaient en Basse-Normandie. Visiblement, la sociologie n’a pas beaucoup changé, même après la réunification. Avec une drôle de façon de souffler les 40 bougies de l’ORN. D’où aussi la reprise de Bella Ciao toujours émouvante en grand chœur. Un autre gag, la télécommande à musiciens, pourrait intéresser ces élus de la haute qui n’aiment la musique que pour le prestige qu’elle leur apporte, et non pour le plaisir des musiciens et de leur public.
Un chouette concert comme on aimerait en voir et en entendre plus souvent, loin des cadres un peu compassés et surannés, et comme l’ORN et la Renaissance où ils sont résidents, savent nous en proposer.
L’ORN revient à la Renaissance le 12 mars pour Un carnaval des animaux entre Camille Saint-Saëns et Régis Huby.
Alain Lambert
9 décembre 2022
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Huit cédés jazzy pour affronter la fin décembre, dans tous les styles — Jean Christophe Hembert : un Fracasse heavy metal et théâtral — Un samedi suédois jazz et funky, Orins et Landgren aux Boréales.
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