Château de Versailles, Salon des croisades, 8 novembre 2021 —— Frédéric Norac.
Camille Delaforge (direction musicale et clavecin), Olivier Gourdy (basse), Roxana Rastegar (violon), Céline Steiner (violon), Maximin Catineau (viole de gambe), Léo Brunet (théorbe).
Ce « triple concert » est l’aboutissement d’un projet original du Centre de musique baroque de Versailles qui a eu l’idée de profiter du plan de relance du ministère de la Culture, pour donner un coup de pouce à une quinzaine de jeunes artistes en début de carrière, en les associant à trois personnalités reconnues de la scène baroque dans des programmes destinés à être donnés dans son réseau de partenaires — essentiellement à l’échelle du département des Yvelines, en une sorte de festival itinérant. Le résultat concilie plusieurs missions du centre : découvrir de nouveaux répertoires, favoriser la transmission et aider l’épanouissement de nouveaux talents.
Sous le titre « Ira, temperenza, umiltà », la première partie réunissait deux cantates, la première pour basse de Louis-Antoine Dornel Le tombeau de Clorinde (celle du combat avec Tancrède) qui met en valeur la belle voix naturelle de basse et la parfaite articulation d’Olivier Gourdy ; la seconde de Montéclair, sur un texte italien, La morte di Lucretia, donne l’opportunité à Mathilde Ortscheidt de mettre en évidence une voix large et colorée et un beau tempérament théâtral. Tous deux sont accompagnés par un petit ensemble instrumental (deux violons, viole de gambe et théorbe) sous la direction de Camille Delaforge (de l’ensemble Il Caravaggio) également au clavecin.
Pour les sopranos Élise Guignard et Anara Khassenova, Alexis Kossenko (chef des Ambassadeurs et la Grande écurie et la Chambre du roy, désormais associés) avait imaginé un riche « pot-pourri » d’airs sérieux et légers de Marc-Antoine Charpentier qui alternent avec quelques danses et pièces instrumentales de Marais, Le Roux et Louis Couperin. On retient ici la voix d’une exquise suavité d’Élise Guignard, idéale de timbre et d’expressivité dans « Ah ! laissez-moi rêver » qui donne son titre au programme, et « Triste désert, sombre retraite ». Les deux voix s’unissent avec bonheur dans un anonyme « À l’ombre d’un ormeau » et un joyeux « Profitez du printemps » qui conclut cette partie. L’ensemble réunit, outre celle du chef, une seconde flûte, un clavecin, une viole de gambe et un théorbe.
Magdalena Sypniewsk (violon), Giovanna Thiebaut (violon), Cécile Chartrain (clavecin), Julia Deit-Ferrand.
Il revient à Julia Deit-Ferrand de conclure la soirée avec une interprétation magistrale du Berger fidèle de Rameau où elle joue des registres différenciés des trois entrées avec une pointe d’humour et une voix corsée à l’aigu facile. Le petit ensemble qui l’accompagne est placé sous la direction de Margaux Blanchard (de l’ensemble Les Ombres) à la viole de gambe.
Le résultat de ces « rencontres » entre interprètes reconnus et musiciens en devenir est, dans les trois cas, la preuve que la relève est largement assurée et qu’elle a déjà dépassé le stade de la promesse.
Frédéric Norac
8 novembre 2021
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