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31 mars, Paris, Saint-Louis-des-Invalides —— Frédéric Norac.

Un concert de Pâques aux Invalides

Ensemble Pulcinella. Photographie © D. REnsemble Pulcinella. Photographie © D. R.

C’est un véritable « concert spirituel » de Semaine Sainte, rescapé de la saison du Musée de l’Armée, grâce à Radio Classique, que pourront entendre les auditeurs cette chaîne… le 15 mai prochain !  Enregistré aux Invalides le 31 mars, il réunissait l’ensemble Pulcinella sous la direction de la violoncelliste Ophélie Gaillard avec deux jeunes voix « montantes », dans un programme à forte dominante sacrée. Avant de vanter la qualité de l’ensemble et de ses solistes, disons d’abord notre frustration. Les deux chanteuses, pour des raisons liées à la prise de son, tournant le dos à la nef, il nous a semblé tout au long du concert n’entendre que la moitié de leurs voix, l’acoustique de la basilique ne favorisant guère le registre grave et gommant toute forme d’articulation ou presque. Au moins les auditeurs de l’enregistrement échapperont-ils à cet inconvénient et pourront jouir en toute plénitude de la beauté des voix, les instruments quant à eux ne souffrant pas de cette disposition.

À titre d’exemple, de la seule pièce « non-baroque » du programme, un Chant pour la Passion du compositeur belge Pierre Bartholomée, sur un texte de la poétesse Liliane Wouters, donné en création, nous serions bien incapable de restituer le moindre mot. C’est d’autant plus dommage que cette belle cantate au climat sombre et à la tension quasi palpable, dirigée ici par Yoan Hereau, se révèle très évocatrice et réussit la performance de sonner moderne en utilisant un ensemble d’instruments baroques où figurent théorbe et orgue positif.

Le reste du programme, est dominé par les œuvres de Vivaldi parmi lesquelles le concerto pour violoncelle RV 401 où le violoncelle d’Ophélie Gaillard dialogue avec celui de Pascale Clément. Il offrait aussi un petit excursus du côté de Caldara avec un extrait de son oratorio « La Maddalena ai piedi di Cristo », un beau lamento chanté par la soprano franco-portugaise Raquel Camarinha que l’on connaît peu dans ce répertoire. Il lui revenait ensuite d’assumer le très virtuose motet « In furore justissimae irae » RV 626, où son registre aigu brillant et ses variations très personnelles dans la reprise compensent une vocalisation parfois un peu approximative.

La brève Sinfonia sacra al Santo Sepolcro, RV 169 introduisait la dernière pièce, le célèbre « Nisi Dominus », version latine du Psaume 127, où la musicalité et le timbre somptueux de la mezzo Marina Viotti font merveille. Les deux voix se réunissaient enfin pour un bis, le « Quando corpus morietur » du Stabat Mater de Pergolèse (avec l’Amen final pris à un train d’enfer) qui donne envie d’entendre ces deux voix magnifiques et si bien assorties dans l’ensemble du chef-d’œuvre du compositeur napolitain.

Dans toutes ces pièces, les huit instrumentistes déploient une sonorité soyeuse et brillante, une texture tout à la fois profonde et transparente où les cordes baroques rayonnent d’une douceur pénétrante pleine de séduction dans une parfaite unité.

 

Frédéric Norac
10 avril 2021


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