Franz Liszt : Apparitions

Liszt chez Wagner.

Composé en 1834, ce petit recueil de trois pièces compte étrangement parmi les œuvres les plus méconnues du compositeur, alors que ces pages de jeunesse, au fort parfum d’improvisation, nous font entendre un Liszt très inspiré et singulièrement séduisant.

Écrite en fa dièse majeur et notée Senza lentezza quasi allegretto, la première adopte un souple rythme de barcarolle et son chant se déploie sur des harmonies si belles et si neuves qu’on y entend déjà quelques-unes des innovations marquantes des Années de pèlerinage ; « ces pages, dans leur brume harmonique, leurs contours fuyants, ne se rattachent qu’à une seule esthétique, encore à naître, celle qu’on dira impressionniste ; ce sont les premières du genre dans l’histoire de la musique… »³⁸

Franz Liszt, Apparitions, n^o 1, par Lev Vlassenko.

Indiquée vivamente, la deuxième pièce (en la mineur) n’est qu’un caprice, mais, avec sa rythmique hésitante et joueuse, elle dégage un charme étrange et irrésistible.

Franz Liszt, Apparitions, n^o 2, par Jeffrey Swan.

Et, plus surprenante encore peut-être, plus ouvertement « improvisée » en tout cas, la troisième n’est rien d’autre qu’une fantaisie sur une valse de Schubert, « huit pages pleines d’imprévu, d’humeur bigarrée, de poésie fantasque »³⁹, assorties d’indications d’expression très diverses (precipitato, vibrante delirando, improvisato, avec coquetterie, religiosamente…),

Franz Liszt, Apparitions, n^o 3, par Jean-Baptiste Fonlupt.

où l’on reste pourtant captivé par « le délicieux discontinu de l’improvisateur, sa marche à tâtons, ses essais successifs de rythmes, de figures ».⁴⁰

Franz Liszt, Apparitions, par Ashley Wass.

Notes

38. Sacre Guy, La Musique de piano, Robert Laffont, Paris 1998, p. 1698.

39. Ibid., p. 1698.

40. Ibid., p. 1699.

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bouquetin

Dimanche 5 Février, 2023 23:13