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Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte ——

Les œuvres pour piano seul de Franz liszt

Franz Liszt : deux ballades S 170 et 171

Voici deux œuvres qui, bien que nées dans une période (années 1845 à 1853) où le compositeur atteignait des sommets, sont loin de figurer parmi les pages de piano les plus connues de Liszt.

C’est particulièrement le cas de la première, qui « ne prit sa forme définitive qu’en 1849 à Paris,  sous l’appellation Chant du Croisé. Deux thèmes se partagent la primauté, le premier d’une sentimentalité un peu ostentatoire, le second dans un Tempo di Marcia évoquant, évasivement, le temps héroïque des Croisades. »67  La pièce comporte bien des tournures pianistiques séduisantes, et prend même peu à peu un certain éclat, mais n’emporte pas vraiment l’adhésion, surtout chez l’auditeur qui garde en mémoire ce que lui ont fait vivre les Ballades de Chopin.  

Franz Liszt, Ballade no 1, S 170, en dièse majeur, par Béatrice Berrut, 2017.

Beaucoup plus développée, la seconde mériterait, elle, d’être reconnue comme une des pages pianistiques majeures de Liszt. « Elle est exemplaire par ce qu’elle semble illustrer du conflit latent, chez notre compositeur, entre le clair et l’obscur, entre le ciel et la terre, les deux postulations simultanées dont parle Baudelaire, et dont témoigne aussi bien la vie que l’œuvre de Liszt. »68  Datée de 1853, l’année de la Sonate, et écrite également en si mineur, « c’est une forme sonate à six grandes parties et basée sur trois thèmes. Un mouvement chromatique de la main gauche, adjacent au thème principal, confère au début de la pièce un caractère ombreux, presque inquiétant dans son insinuante douceur. Un motif mélodique, très lyrique, apporte l’éclaircissement. Ces deux thèmes se répètent au demi-ton supérieur. Puis un motif rythmique, Allegro deciso, introduit l’épisode animé, presque violent, d’un accroissement de sonorité des deux premiers thèmes, trouvant toute leur ampleur. »69  Dans les développements à suivre, qui ne sont pas sans rappeler la Sonate, y compris dans les transformations thématiques, mais sans en avoir tout à fait la suprême évidence, l’œuvre va conduire à un Grandioso qu’on croirait annonciateur d’une conclusion éclatante, mais c’est la surprise du retour du second thème lyrique qui, comme à la fin de la sonate, laisse s’évanouir le son dans un doux pianissimo.

Franz Liszt, Ballade no 2, S 171, en si bémol mineur.

Par Nelson Goerner.

Par Leif Ove Andsnes.

Notes

67. Tranchefort François-René, Guide de la musique de piano et de clavecin, Fayard, Paris 1998, p. 465.

68. Sacre Guy, La Musique de piano, Robert Laffont, Paris 1998, p. 1713.

69. Tranchefort François-René, op. cit., p. 465.

plume Michel Rusquet
21 février 2021
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bouquetin

Dimanche 21 Février, 2021 2:52