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Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte —— La musique instrumentale de Beethoven à Schubert.

Les Trois Klavierstücke D 946 de Franz Schubert

L'œuvre instrumentale de Franz Schubert ; la musiqe de piano : les sonates —— les pièces lyriques : Six Moments musicaux, D 780, opus 94, Allegretto en ut mineur, D 915, Quatre Impromptus, D 899, opus 90, Quatre Impromptus, D 935, opus 142, Trois Klavierstücke, D 946.

On désigne parfois, et à juste titre, sous le nom d’« impromptus posthume  » ces trois ultimes pièces lyriques que Schubert laissa en mai 1828 sans leur donner de dénomination et qui, lorsqu’elles furent publiées bien plus tard sous l’égide de Brahms, parurent avec le titre très neutre de « Pièces pour piano ». Il est en effet vraisemblable que le compositeur les destinait à former une troisième série d’impromptus, moyennant l’adjonction d’une quatrième pièce qui n’est jamais venue. Écrites six mois avant sa mort, ces pièces prolongent une tendance déjà observée à la densification et à l’élargissement formel, sans toutefois renouveler tout à fait, malgré d’ineffables beautés, le « miracle » des deux précédents cahiers.

Les deux premières, respectivement allegro assai en mi bémol mineur et allegretto en mi bémol majeur, adoptent un schéma similaire de type rondo à cinq parties, avec deux couplets et trois refrains, et un autre point commun très remarquable : dans l’une comme dans l’autre, chaque couplet est absolument neuf par rapport à l’autre, tant par ses idées thématiques que par sa tonalité. Et c’est bien entendu dans ces longs couplets que s’exprime pleinement l’âme schubertienne, tout particulièrement dans la deuxième pièce dont « les deux couplets apportent des visions fantastiques d’angoisse et même de désespoir, dans la plus sombre teinte du Voyage d’Hiver : le premier en ut mineur, avec ses noirs tremblements de doubles croches répétées modulant par tierces descendantes ; le second en la bémol mineur, froid et blème en son agitation inquiète, aboutissant, au début de la seconde reprise, à un bref éclat de passion en si mineur. »48

Pleine d’élan et de vitalité, la troisième de ces pièces (allegro en ut majeur) revient, elle, à un cadre plus restreint en trois parties complétées par une vigoureuse coda. Remarquable par sa variété rythmique et ses accents syncopés, c'est la plus brillante des trois, et son attrait est rehaussé par la présence en son milieu d’un trio superbe, « une sorte de laendler au ralenti, émouvant dans son instabilité tonale fondamentale […] et les chatoiements successifs de ses couleurs. »49

Franz Schubert, Trois Klavierstücke D 946, 1. Allegro assai, 2. Allegretto, 3. Allegro, par Alfred Brendel.

 

plumeMichel Rusquet
1er avril 2020

© musicologie.org

Notes

48. Harry Halbreich, dans Tranchefort François-René (dir.), « Guide de la musique de piano et de clavecin », Fayard, Paris 1998, p. 680.

49. Massin Brigitte, Franz Schubert, Fayard, Paris 1977, p. 1245.

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bouquetin

Mercredi 1 Avril, 2020 4:24