Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte —— La musique instrumentale de Beethoven à Schubert.
L'œuvre instrumentale de Franz Schubert ; la musiqe de piano, les sonates ; D 157 ; D 279 ; D 459 ; D 537 ; D 557 ; D 566 ; D 567 ; D 568 ; D 571 ; D 575 ; D 613 ; D 625 ; D 664 ; D 784 ; D 840 ; D 845 ; D 850 ; D 894 ; D 958 ; D 959 ; D 960.
Œuvre introspective, douloureuse entre toutes, cette sonate, la deuxième des trois écrites en la mineur, opère une césure définitive entre les sonates de jeunesse et celles des années 1825-1828.
Composée en 1823, et marquée par l’angoisse de la maladie, elle traduit en effet une nette évolution tant sur le plan de l’écriture que du contenu, et ouvre « une voie nouvelle : la puissance y devient un élément du langage et se joint désormais au rêve paradisiaque du bonheur, ou s’y oppose avec des accents dramatiques et violents auxquels Schubert ne nous avait pas encore habitués. »20
Quoique de dimensions modestes avec ses trois mouvements, elle a tout d’une grande par la charge émotionnelle qui s’en dégage. Comme le Lied, « Der Zwerg » (Le Nain), avec lequel on l’a parfois rapprochée, c’est une œuvre de crise, d’un dramatisme intense jusque dans son écriture parfois carrément agressive. Ainsi, on ne parvient à aucun moment à échapper à l’atmosphère oppressante du vaste allegro giusto initial : tout semble désespéré dans ce soliloque où la résignation s’accompagne de violents sursauts de révolte, et où le chant même, quand il tente un moment de se faire une place, ne parvient à exprimer qu’une douloureuse mélancolie.
Pareillement, dans le bref et très nostalgique andante, persiste une sourde inquiétude qui empêche le chant de se déployer vraiment. Et si, par instants, avec ses trois thèmes fortement contrastés, le final semble vouloir donner le change, on est constamment ramené à un climat d’agitation passionnée, et sa conclusion orageuse et farouche semble fermer la porte à toute expression du bonheur de vivre.
Franz Schubert, Sonate en la mineur, D 784, opus 143, I. Allegro giusto, II. Andante, III. Allegro vivace, composée en 1823, éditée en 1839 par Diabelli, par Paul Lewis.
Michel Rusquet
29 février 2020
Massin Brigitte, Franz Schubert, Fayard, Paris 1977, p. 1000.
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Mardi 16 Juin, 2020 2:56