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21 juin 2020 —— Alain Lambert.

Rory Gallagher Blues : un album indispensable (Chess 2019)

On roulait dimanche dernier, déconfinés, sur trois cents kilomètres, et une légère poussée sur la tablette tactile du tableau de bord fit revivre une voix éraillée et une somptueuse guitare dans Nothin' but the devil, Leaving Town Blues, Prison Blues, Garbage Blues... En expliquant à ma compagne l'importance de ce musicien irlandais trop tôt disparu dont la légende raconte qu'à un journaliste lui demandant ce que ça faisait d'être le meilleur guitariste du monde, Jimi Hendrix aurait répondu de poser la question à Rory Gallagher, je n'arrivais pas à me souvenir depuis quand il nous manquait. Le hasard objectif veut que ce dimanche 14 juin 2020, cela faisait tout juste 25 ans.

Et le cédé écouté en voiture, Blues sur le label mythique Chess, ne  datant que de l'an passé, il est encore possible de le chroniquer et de le faire découvrir.

La musique du diable donc, dont le premier enregistrement Crazy blues fut réalisé le 10 août 1920, Mamie Smith avec les Jazz Hounds, une fanfare jazz. On imagine bien dans les cabarets de la Nouvelle  Orléans dès le début du siècle, les chanteuses accompagnées de  cuivres - ceux rachetés à bas prix des fanfares de Cuba ayant renouvelé depuis peu leurs instruments - chantant le blues à pleine voix. Pendant la pause, quand elles reprennent souffle, les musiciens improvisent pour l'entracte et donnent naissance au jazz. Blues féminin et jazz masculin à la fois pour ce premier enregistrement de musiciens afro-américains, que les blancs ont su copier dans les cabarets avec un premier disque dès 1917 [voir notre chronique sur l'origine du jazz].

Dans les campagnes, le blues est plus souvent masculin, accompagné surtout à la guitare, mais le premier enregistrement attendra encore cinq ans. Puis les bluesmen quitteront la misère agricole pour gagner les usines de Chicago où le blues deviendra urbain et électrique.

Gallagher en est l'un des plus purs héritiers de l'english blues des années soixante et le restera jusqu'au bout, essayant juste de mêler blues et rock progressif dans son premier groupe Taste (On the boards surtout, album indispensable aussi) mais revenant très vite au blues rock façon Chicago.

Cette compilation de ses meilleurs moments est une belle introduction à un musicien qui ne fut jamais une pop star au sens de l'esbroufe ou de l'âge fatidique et symbolique de 27 ans, comme son ami Jimi. Juste une étoile filante qui chante avec sa guitare ou son dobro sans se préoccuper du reste, et meurt par trop de blues à 47 ans, le 14 juin 1995.

Vous l'entendrez tout électrique ou acoustique, mais aussi sur des pistes rares dont celle avec Muddy Waters (I'm Ready), ou Alberg King (sur le coffret triple cédé), ou encore Jack Bruce (Born Under the Bad Sign).

 

Rory Gallagher, Nothin' But The Devil, concert à l'Apollo de Glasgow, 1982.

 

Alain Lambert
21 juin 2020

© musicologie.org


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bouquetin

Lundi 22 Juin, 2020 0:34