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13 avril 2020 —— Jean-Marc Warszawski.

La pianiste Myriam Barbaux-Cohen et la poésie d'Enrique Granados

Enrique Granados, Myriam Barbaux-Cohen (piano), Libro de horas, Cartas de Amor, Escenas poéticas I et II, Valses poéticos, Allegro de concierto, Oriental. Ars Production 2019 (ARS 38 288).Enrique Granados, Myriam Barbaux-Cohen (piano), Libro de horas, Cartas de Amor, Escenas poéticas I et II, Valses poéticos, Allegro de concierto, Oriental. Ars Production 2019 (ARS 38 288).

Enregistré les 27-29 mai 2019, Kulturzentrum Immanuel, Wuppertal.

Myriam Barbaux-Cohen a commencé le piano à La Rochelle, a continué au Conservatoire de Gennevilliers, où elle a obtenu les premiers Prix de piano et de musique de chambre. Elle s’est perfectionnée au Conservatoire Rachmaninov de Paris, sous la direction de Muza Rubackyte. Concertiste et accompagnatrice elle s’est produite sur des scènes françaises et au-delà des frontières, a enseigné au Conservatoire Rachmaninov et a joué durant cinq années dans un quintette de tango nuevo, particulièrement consacré aux œuvres d’Astor Piazzola, avant de se fixer à Frankfurt, en Allemagne.

Pour son premier cédé, sous le mécénat des pianos Bechtein, elle a choisi un programme entièrement consacré à des œuvres d’Enrique Granados. Cinq suites : le Libro de horas (1912-1913),  les Cartas de Amor, quatre valses íntimos (1892), les deux livres des Escenas poéticas (1912), les neuf Valses poéticos (1894-1900), et deux pièces séparée, de belle virtuosité, en fin de programme, L’Allegro de concierto et le no 2 des douze Danzas españolas, Oriental, la suite composée en 1890, qui fit dès sa création la popularité d’Enrique Granados, et obstrua quelque peu le reste de son importante production.

Pau Casals, qui joua souvent avec lui, notamment au sein du quatuor Crickboom, pensait qu’Enrique Granados était le plus génial et le plus espagnol des trois grands compositeurs hispaniques du moment, avec manuel de Falla et Isaac Albéniz.  Comparant le mérite de chacun, pensais que

[…] Albeniz autant que Granados et Falla, dont l’œuvre montre le spectacle infiniment divers de l’âme espagnole, représentent un moment de la musique universelle.

Granados est le plus authentiquement créateur. Granados ne puise jamais dans les sources du folklore ; ses thèmes offrent, il est vrai, une résonance très caractéristique de l’âme populaire, mais ils sont une création directe, personnelle. Albéniz n’est pas non plus un folkloriste ; cependant nombre de ses thèmes sont comme calqués sur des chants populaires, constituent une sorte d’« à la manière de », et ont de ce fait un degré moindre d’originalité. On pourrait en dire autant de Falla, chez qui l’originalité réside surtout dans l’« habillement » et dans la riche variété des ressources harmoniques. Or, des trois compositeurs, Granados est incontestablement le plus génial, le plus original, le plus délicatement poète [...] La gaieté, une gaieté enfantine et séduisante, l’emportait […] sur la mélancolie. Bien entendu, sa musique montre, comme celle de tout vrai artiste, une diversité inépuisable d’états d’âme. Non, c’est à Schubert qu’il faut penser en parlant de l’auteur des Tonadillas, par le jet spontané de son inspiration, Granados est notre Schubert, notre grand poète !

Sans Manuel de Falla, mais avec Rocardo Viñes, Albéniz et Granados formaient un trio de pianistes de très haute virtuosité. Toujours selon Pau Casals :

[Granados] me faisait penser à Chopin, naturellement à Chopin tel que je l’imagine.  Nerveux, frêle, nonchalant, un peu maladif, s’il n’était pas un modèle de travailleur acharné, il était par contre un pianiste né. Il pouvait s’attaquer aux œuvres les plus considérables du piano et, improvisateur délaissant le travail, il « trichait » génialement et sans éprouver de remords...

Dans ce programme qui ne court pas après le plus publiquement connu de Granados que sont les Danzas españoles ou les Goyescas, Myriam Barbaux-Cohen fait honneur au Granados de Pau Casals, pour ce qui est de l’expression poétique et de la diversité des émotions mélodiques et harmoniques d'une imagnation sans fin. Même quand s'est plein pot virtuose la délicatese demeure.

Peut-être retrouve t-elle ici un petit quelque chose du tango nuevo et de Piazzolla, notamment dans le Allegro de concert ou ces valses, qui ne sont pas des pièces à faire toupiller sur le parquet de danse : elles peuvent être des pièces profondément expressives et rubattophiles.

Enrique Graénados, Valses poéticos, 3. « Tempo de vals lento », plage 18.

 

1-3. Libro de horas, 1. En el jardín, 2. En invierno (La muerte del ruiseñor), 3. Al suplicio.

4-7. Cartas de Amor, Valses íntimos, 1. Cadencioso, 2. Suspirante, 3. Doliente, 4. Apassionato.

8-10. Escenas poéticas, 1er livre : Berceuse, 2. Eva y Walter, 3. Danza de la rosa.

11-14 Escenas poéticas, 2e Livre : 1. Recuerdo de países lejanos, 2. El ángel de los claustros, 3. Canción de Margarita, 4. Sueños del poeta.

15-23, Valses poéticos, Introducción, vivace molto, 1. Melodico, 2. Tempo de vals noble, 3. Tempo de vals lento, 4. Allegro humoristico, 5. Allegretto (elegante), 6. Quasi ad libitum (sentimental), 7. Vivo, Coda presto-andante,  tempo dil 1er Vals.

24. Allegro de concierto.

25. Danzas españolas, pour piano, 2. Oriental.

Biographie d'Enrique Granados

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13 avril
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