Karol Beffa, De l'autre côté du miroir, improvisations au piano. Indésens 2019 (INDE 119).
Enregistré en février 2017, Studio Sequenza, Montreuil.
Après Improvisations (2008) et En blanc et noir (2018), De l'autre côté du miroir est le troisième disque d'improvisation de Karol Beffa.
Ça se laisse écouter, vaguement. C’est mieux que du Richard Clayderman, mais encore quelque effort, ce sera à niveau. Comparé un des improvisateurs moyens, organistes (cela fait partie de leur job), jazzmen, rockers, c’est insignifiant. Que dire comparé à Keith Jarret, Thierry Escaich, voire Michel Legrand, Michel Portal… ou le récent et magnifique enregistrement de l’organiste Jean-Baptiste Dupont… Bref.
Ce sont en fait ici de courts exercices qu’on donne parfois en classe d’écriture, avec une contrainte : un thème, un rythme, « dans le style de » (pastiche). Il est égal qu’on les réalise de tête ou sur le papier. Nous avons eu un professeur qui adorait faire ça.
Dans ces petites pièces qui se veulent de genre, on en retrouve dans le style, plus ou moins proche, la virtuosité en moins, de Bach, Ligeti, Liszt, piano-bar (dilettante tout venant), voire sans style, car il n’y a pas de style Beffa. Pourtant, c’est par l’improvisation que l’interprète affirme sa personnalité, comme dans les cadences des concertos, ou les chorus des guitar-heros.
On semble tirer quelque gloire du fait que ces improvisations soient inspirées par des thèmes à la demande du public, mais elles sont enregistrées en studio (?), dans un des meilleurs de l’hexagone, soit dit en passant, seulement ce sont des thèmes littéraires, pas des thèmes musicaux, la contrainte est quasi inexistante. Un thème musical donné (comme d’ailleurs le pastiche), doit être développé, varié, brodé, discuté, contredit, l’improvisateur doit y apposer sa signature.
Rien de cela ici, sinon du genre variétés (je suppose qu'on vise le dit « grand public »), de jolis petits morceaux lisses, à peine bien ficelés, au mieux de petites inventions, aux saveurs parfois enfantines, qui ne nous emmènent nulle part.
Karol Beffa mérite ses deux victoires de la musique, victoires de l’entre-soi médiatique, il a l’avenir devant lui, l’égocentrisme juvénile intact, nous sommes ravi de constater une fois de plus que les premiers de la classe font rarement les bons artistes.
Karol Beffa, Le somnanbule (plage 1).1. Le Somnanbule, 2. Vestiges d'un clocher, 3. De l'autre côté du miroir, 4. Voyage d'hiver, 5. Une leçon de musique, 6. L'Horizon chimérique, 7. Bohème noble et sentimentale, 8. « Bach romantique », 9. Balafon, 10. Victimae paschali, 11. Villa d'Este, 12. La Malédiction de l'architecte, 13. Cotton Club, ,14. Un dimanche à Combray, 15. Selbstportrat, 16. Tempus fugit..., 17. « Sous de vastes portiques... », 18. Cérémonie de cristal
Jean-Marc Warszawski
8 avril 2020
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