Sollazzo Ensemble, En seumeillant : Dreams and visions in the Moddle Ages. Chansons et danses des xive et xve siècles. Ambronay Editions 2018 (AMY 309).
Trois vocalistes : Yukie Sato, Perrine Devillers, également clarinettiste dans le civil, Vivien Simon, un harpiste, Vincent Kibildis, deux viélistes à archet : les sœurs Sofia et Anna Danilevskaia. Ils ont étudié au Japon, à l’Escola Superior de Música de Catalunya de Barcelona, à la Maîtrise de Notre-Dame de Paris, au Conservatoire national supérieur de Lyon, à la Schola Cantorum Basiliensis où ils se sont croisés, ils y ont formé en 2014 l’ensemble Solazzo. Un ensemble privilégiant les répertoires du xiiie au xvie siècles.
Ils ont été de suite remarqués et primés en plusieurs concours internationaux, leur premier cédé, Parle qui veult (Linn Records 2017) a été louangé, tout comme celui-ci.
Le titre du cédé, En seumeillant, évoque une chanson de Johan Robert Trebor, figurant dans le manuscrit dit de Chantilly, contenant la copie de 112 chansons composées entre 1350 et 1400.
La directrice de l’ensemble, Anna Danilevskaia, a choisi les chansons de ce cédé afin d’agencer un programme capable d’évoquer « les rêves et les visions au Moyen-Âge », un projet historien de taille, mais qui se prête bien à la fantaisie poétique.
C’est justement avec beaucoup de poésie et d’inventions que l’ensemble aborde ce répertoire dont l’interprétation des partitions manuscrites est immensément incertaine. On peut s’étonner, à les entendre, du fait qu’on chantait bien bizarrement au Moyen-Âge, avec une technique fleurant parfois le belcantisme. Mais en fait, ce sont eux qui nous donnent leurs rêves et visions du Moyen-Âge, amour, fin du monde, ivrognerie... Une vision contemporaine inspirée par le passé, où se mêlent les traditions paléographiques du plain-chant du xixe siècle, de la restitution des traditions populaires, voire du mouvement folk revival, et on y apprécie les dépressions chromatiques dans le modal, les bourdons, les évocations tonales, peut-être pas si anachroniques que cela, on ne sait pas, les maniérismes appuyés, les mélismes orientalisant, les trouvailles et fantaisies, la liberté.
Une musique tout à fait contemporaine, inspirée d’une fantasmagorie initiée au xixe siècle, qui serait parfaite pour les gargouilles de Notre-Dame, lesquelles pour le moment ne gargouillent plus, ou le château de Pierrefonds. Mais c'est à Ambronay Sollazzo est en résidence.
Anonyme, El Cant de la Sibil.la, plage 1 (extrait)1. El Cant de la Sibil.la, anonyme, 2. Litanie mortorum discordans, Franchinius Gaffurius (145-1522), 3. Morte m'a sciolt' amor, Andrea Stefani (fin xive siècle), 4. Estampie, codex Robertsbridge, 5. Magdalena degna da Laudare, anonyme, Laudario di Cortona, 6. La bella stella, Giovanni da Firenze (milieu xive siècle), 7. Fumeux fume, Solage (fin xive siècle), 8. Estampie, anonyme, codex Robertsbridge, 9. Puisque je sui fumeux, Johannes Symonis Hasprois (-1428), manuscrit de Chantilly, 10. En seumeillant, Johann Robert Trebor, manuscrit de Chantilly, 11. En ce gracieux tamps joly, Jacob de Senlèche (fin xive siècle), manuscrit α.M.5.24, Modena, Biblioteca Estense universitaria, 12. Or sus vous dormez trop, aninyme, Codex Ivrea.
Jean-Marc Warszawski
22 mai 2019
ISNN 2269-9910.
Dimanche 29 Septembre, 2024