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Paris, Sainte-Chapelle, 27 juin 2019 —— Frédéric Norac.

L’Italie baroque à la Sainte-Chapelle : Allegri, Alessandro et Domenico Scarlatti, Lotti, Storace par l’ensemble Voces Suaves

Voces Suaves. Photographie © D. R.Voces Suaves. Photographie © D. R.

Difficile d’imaginer écrin plus somptueux pour un concert de musique vocale sacrée que la polychromie chatoyante de la Sainte-Chapelle, avec ses magnifiques verrières dans le soleil déclinant et son autel en forme de chasse dorée. Certes, le programme de l’ensemble Voces Suaves nous renvoie plutôt au Baroque italien qu’à l’art gothique, mais la musique d’église étant assez intemporelle et ses canons plutôt stables, il ne se trouve pas foncièrement dépaysé dans cette esthétique du xiiie siècle quelque peu revue par le xixe. Surtout, l’acoustique lui convient parfaitement et lui offre la possibilité de jouer sur une discrète spatialisation qui donne à la polyphonie une absolue clarté.

Précédé d’une improvisation au positif par le chef de l’ensemble, Jörg-Andreas Bötticher, le concert s’ouvre par le mythique Miserere d’Allegri dans une version subtilement ornée et mise en espace, entre le fond de la nef et le chœur, qui donne à la structure en répons son plein sens et permet d’apprécier la précision et la sûreté des voix aiguës aux extrêmes de la tessiture dans un beau contraste avec la solidité des voix centrales. Suit un Salve Regina a 4 voix  d’Alessandro Scarlatti et deux pièces d’Antonio Lotti, Crucifixus et Credo — extraits de la même messe ? — accompagnés au luth et à la basse de viole et donnés de façon enchaînée.

Une très élégante passacaille de Bernardo Storace au positif offre au chœur un moment de respiration avant d’affronter la pièce de résistance du concert, le Stabat Mater de Domenico Scarlatti, une pièce a dix qui voix mobilise tout l’effectif. Datant de la période romaine du compositeur, elle fait un parfait pendant au motet d’Allegri, et le mélange d’archaïsme et d’audaces contrapuntiques y est absolument fascinant. L’ensemble y trouve un juste équilibre entre virtuosité et intériorité, recueillement et exaltation mystique et conclut brillamment ce concert de clôture du Festival de Paris. On aimerait suggérer aux organisateurs un petit effort sur la qualité du programme de salle qui mériterait quand même un peu plus d’informations sur les œuvres, ne serait-ce que leur date de composition et leur effectif. Certes la beauté peut se suffire à elle-même, mais elle peut aussi ouvrir sur un peu de connaissance sans que le plaisir ne soit en rien compromis.

Frédéric Norac
27 juin 2019


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