L'ensemble le Surprises. Photographie © D R.
Essentiellement constitué d’airs et de pièces instrumentales dérivées d’opéras de Rameau et de ses contemporains et adaptés au cadre « domestique », ce programme, donné dans le cadre des « Inédits de la BnF», réunissait en petite formation, clavecin, viole de gambe, basson, hautbois (tous deux alternant avec flûte et piccolo) et violon, cinq musiciens de l’ensemble Les Surprises, accompagnant la soprano Eugénie Lefèvre et le baryton Étienne Bazola dans un panorama original construit autour d’une cantate inédite d’André Campra issue des collections de la bibliothèque de l’Arsenal, Énée et Didon.
« Mise en concert », c’est-à-dire enrichie d’une ouverture (empruntée à son opéra Aréthuse) et d’une suite de danses, elle met en scène la séduction de Didon par Énée pendant la chasse et l’orage, leur offre un duo amoureux et se conclut sur l’annonce du mariage de la Reine et un chœur de réjouissance. Une vision évidemment tronquée de l’histoire qui n’en est que l’amorce mais où les scrupules de la Reine et la duplicité du séducteur, bien captés par les solistes, font pressentir la tragédie à venir.
Deux beaux airs de cour de Lully « Rochers, vous êtes sourds » et de son maître Michel Lambert, suivis d’une chaconne de Montéclair semblent offrir la suite pathétique à la tragédie bien connue de la Reine abandonnée par le héros troyen.
Une seconde partie consacrée à Bodin de Boismortier avec un air tendre et deux chansons à boire, que concluent un « menuets et tambourin», offre un échantillon de la production mal connue de ce musicien et donne l'occasion à Étienne Bazola de se faire entendre dans un registre plus joyeux.
Mais c’est avec Rameau et des extraits d’Anacréon, troisième entrée des Surprises de l’Amour, que l’ensemble qui lui a emprunté son nom, nous comble tout à fait, tant il est vrai que si les contemporains de Rameau ne manquaient pas de talent, rien ne peut soutenir la comparaison avec son génie. Ici les chanteurs peuvent donner la pleine mesure de leur talent et l’on apprécie au plus haut point le baryton bien timbré et expressif à l’aigu facile d’Etienne Bazola et la voix charpentée et virtuose d’Eugénie Lefebvre dans l’air de style italien qui conclut sur une note brillante un concert varié et riche en découvertes. Deux bis, un inévitable « Forêts tranquilles » des Indes galantes — devenu désormais un véritable tube — et deux joyeux tambourins de Rebel et Francoeur terminent une soirée sinon de pure découverte en tout cas de grand plaisir.
Frédéric Norac
19 novembre 2019
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