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7 mai 2019 —— Alain Lambert.

Cinq cédés jazzés pour bien aller en mai

Encore un choix éclectique pour ce joli mois de mai avec la chanteuse Naïma Girou « Sea of Red », l'ornithosextet de « Et d'autres chants d'oiseaux », le trio du pianiste Tristan Mélia « No Problem » le quartet du vibraphoniste, flûtiste, hautboïste Christian Paboeuf « Les chemins aléatoires » et le jazz progressif du flûtiste Michel Edelin « Echos of Henry », de quoi vous étourdir un moment.

Naïma

Naïma Quartet « Sea of Red » (NQ 2017) est à la fois le disque d'une chanteuse de jazz en français ou en anglais, et celui d'un groupe dont Naïma Girou est la contrebassiste, venue de Béziers, et dont on apprécie la double intro, contrebassée et chantée, de Frim Fram Sauce. Jules Le Risbé, venu de Montpellier, est au piano et aux arrangements, John Owens, venu de Dublin, à la guitare électrique et Thomas Doméné à la batterie. Sea of Red, Les étangs, Your Lines (composé avec le pianiste) et One or Two sont de la chanteuse dont la voix ample et profonde swingue sur Irving Berlin, Isn't This a Lovely Day ou Mingus, Duke Elington's Sound of Love. Tout comme la section rythmique, très classique, et c'est très bien ainsi. La guitare ajoute la bonne touche de modernité un brin atmosphérique à ce bel album.

À écouter en live au Sunside à Paris le 15 mai.

 

François Raulin

« … Et autres chants d'oiseaux » (Label Forge 2019) est une création oiseleuse du trio François Raulin, piano, François Berne, contrebasse, Michel Mandel, clarinette, augmenté de Bernard Fort, électroacousticien et ornithologue, Guillaume Roy, alto, et Jean Marc Quillet, percussions et accordéon. Tout commence avec une chouette relecture bruitée des Oiseaux de Rameau, improvisée à l'accordéon. Puis vibraphone et clarinette troglodytes introduisent à Conference of the Birds de Dave Holland. On l'a compris, la thématique est volatile et jasante tout au long de ce cédé explorant l'inspiration musicale de la gent ailée : Angry Bird, Bluebird oh Dehli (Duke Ellington) Conversation Grivoise, Migrations, ArchéoptérixArpège Forestières, Pinsons... où chacun apporte sa plume entre écriture et improvisation. Avec en prime quelques sons naturels importés dans ce disque ébouriffé qui après un Requiem de Lennie Tristano, se clôt par  une création électroacoustique, Dawn Chorus.

 

no problem

Avec « No Problem » (Jazz Family 2019) du pianiste Tristan Mélia, accompagné de Thomas Bramerie à la contrebasse et de Cédric Bec à la batterie, on retrouve le jazz intemporel bien balancé d'un Bill Evans relu par Michel Petrucciani, se jouant des standards (Duke Jordan, Percy Faith, Burt Baccarach...) comme des compositions du jeune pianiste, dont certaines déjà anciennes comme La Valse du Clown Triste et d'autres improvisées sur le moment, en arrivant au studio comme Why Not Blues... Les ambiances se suivent sans se ressembler, et les styles inspirés fusionnent dans le plaisir de jouer et d'en faire profiter l'auditeur. La contrebasse et la batterie sont impeccables dans  ce dialogue permanent  à trois. No Problem de Duke Jordan ouvre l'album et donne le ton tout le long de ce cédé généreux.

À écouter en live le 15 mai au Deli Express TSF Jazz à Paris.

 

Christian Paboeuf

« Les chemins aléatoires » (Il Monstro 2019) du Christian Paboeuf Quartet sont une vraie découverte. Le leader et compositeur multi-instrumentiste virtuose, au vibraphone, au hautbois ou à la flûte baroque basse, travaille souvent pour des ciné-concerts (Harold Loyd, Hitchcock, Dreyer) et pour pour le théâtre. On retrouve ici quelques-unes de ses musiques, et trois morceaux composés pour le quartet, D'une humeur quelque peu changeante, Fébrilité excessive, À grand fracas, qui ne sont pas sans rappeler un certain pianiste... Le groupe, très inventif, avec Régis Lahontaa à la trompette ou au bugle, Xavier Duprat au piano, et Pierre Thibaud, batterie et percussions, aussi au  sax soprano sur un titre. Et sur quatre, Daniel Paboeuf au sax soprano itou. Les ambiances plutôt contemporaines mêlées de jazz et d'improvisation font de ces chemins aléatoires un album indispensable.

 

Henry Cow

Enfin, avec « Echoes of Henry » (Rogueart 2019), on retrouve cette tendance du jazz français à s'inspirer du rock progressif, souvent anglais, des années soixante-dix, un jazz progressif  bien suivi sur Musicologie.org [voir notre chronique, prochainement actualisée]. Le flûtiste Michel Edelin nous propose donc ce titre jeu de mots en souvenir et en écho du groupe Henry Cow, qu'il a croisé jadis sur scène et fortement apprécié. Il est accompagné à la perfection de Sophia Domancich au piano, Sylvain Kassap aux clarinettes, Stéphane Kerecki à la contrebasse, Simon Goubert à la batterie, et sur certains titres de John Greaves en narrateur à la voix rauque et murmurée, qui fut bassiste et chanteur du groupe mythique. De cette rencontre dans le temps et l'espace musical naît un jazz d'aujourd'hui à la fois très écrit et capable de s'en évader au moindre détour. Un album important de ce courant du jazz progressif.

En live le 18 mai 2019 au Festival international « Like a Jazz Machine » à Dudelange (Luxembourg) et le 15 juin 2019 au festival « Jazz à cours et jardins » à Lyon.

plume 14 Alain Lambert
7 mai 2019


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