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Athénée-Théâtre Louis Jouvet, 15 octobre 2018 –– FrédéricNorac.

Une pierre miliaire de la musique concrète : L’apocalypse de Jean de Pierre Henry

Hommage à Pierre Henry, Athénée-Théâtre Louis Jouvet, 15 octobre 2018. Photographie © D. R.

Dans toute l’histoire de la musique religieuse et sacrée, nombreux sont les textes bibliques qui ont inspiré les compositeurs, de la Genèse aux Évangiles en passant par les Psaumes de David et le Cantique des cantiques, pour ne citer que ceux-là. Mais quel musicien a-t-il eu l’audace de s’attaquer à ce texte fascinant et mystérieux entre tous, L’apocalypse de Jean ?

Pierre Henry y exalte le mystère prophétique et les images saisissantes du texte par une composition sonore qui mêle bruits naturels et synthétiques, les décuple, les triture, fait d’un simple glissando du saphir sur un vinyle le cri d’une bête infernale. Si l’auditeur se prend d’abord à tenter de reconnaître l’origine du matériau, sons naturels ou sons artificiels, aboiements de chiens à la mort ou sons synthétiques, ululements d’oiseau de nuit ou de matériel électronique, très vite il doit se laisser aller au pouvoir d’évocation de cette série de petites séquences qui se répètent, s’amplifient et disparaissent pour suivre les visions de l’évangéliste.

S’agit-il vraiment de musique ? On a plutôt envie de parler de poème sonore tant ici le texte dit par Jean Negroni joue à parts égales et sous-tend la création sonore qui le commente, l’illustre, le contrepointe et parfois l’englobe diffracté en éclats ou en multipliant la voix du narrateur traitée elle aussi comme un son au-delà du sens des mots.

Le dispositif de la recréation piloté par Nicolas Vérin d’une console au pied de la scène évoque une sorte de chœur d’église où l’orchestre de haut-parleurs éclairé par un ensemble de candélabres et dominé par un grand chandelier à sept branches concentre l’attention de l’auditeur et l’emmène pendant cette longue cérémonie d’une heure et quarante minutes dans une sorte de voyage halluciné au pays de l’inconcevable. Un très bel hommage à l’inventeur de la musique concrète qui montre qu’en cinquante ans l’œuvre de Pierre Henry n’a pas pris une ride, surtout entendue grandeur nature dans un théâtre qui lui permet de prendre toute sa dimension.

 

Frédéric Norac
15 octobre 2018

 

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